Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)
1868-1910: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE LAURE VERBAERE
P. O. , {Stimmen aus Maria-Laach}, in La Réforme sociale, n°1, 1894, p. 818-819.
Compte-rendu de Nostitx-Rieneck, "Nietzsche et la future science". Rappelle que L. Stein avait déjà souligné les dangers de la philosophie de Nietzsche (p. 819)
Anonyme, "Une préface inédite de Nietzsche", {Le Mois}, in Société nouvelle, 10ème année, CIX, janvier 1894, p. 144.
D'après la publication dans une revue berlinoise.
Anonyme, {Bibliographie}, in Revue Blanche, tome 6, n˚27, janvier 1894, p. 86.
Compte-rendu de Dr. Max Zerbst, Nein und Ja! : "Réponse aux attaques violentes et naïves du Docteur Türck contre le philosophe Frédéric Nietzsche, autour de qui l'on se bat. Cette brochure fort adroitement faite est composée de fragments empruntés à Nietzsche lui-même et triés en manière d'apologie". [1]
Anonyme, "F. Nietzsches Weltanschauung und ihre Gefahren, par Ludwig Stein", in Revue de métaphysique et de morale, tome 2, n˚1, janvier 1894, supplément de janvier, p. 2. [3]
ALBERT Henri, "Nietzsche et Georg Brandes", in Mercure de France, tome 10, n˚49, janvier 1894, p. 70-76. [4][5]
Note : "Cette correspondance d'un homme génial, alors méconnu, avec le premier critique qui reconnut sa haute valeur, nous montre un Nietzsche plus intime, peut-être plus près de nous, et jette une lumière intéressante sur la vie psychique du philosophe. Je voudrais en donner ici quelques extraits. Peut-être serviront-ils à mieux faire comprendre Nietzsche (...)" (p. 71).
Lettre après lettre, insiste sur la parfaite lucidité dont Nietzsche fait preuve jusqu'à la catastrophe finale : "A mesure que nous approchons du moment fatal, la lecture de ces pages devient plus poignante. L'avant-dernière lettre encore, datée de Turin (20 novembre 1888), est écrite avec un esprit critique et une parfaite justesse de vue" (p. 75). Et : "Ce furent peut-être les dernières lignes de sa main. L'inévitable destinée l'avait frappé. La flamme du génie allait s'éteindre à jamais...
Mais cela avait été jusqu'au bout une entière clarté d'esprit. A peine si, dans les dernières lettres, nous trouvons quelques traces d'exaltation maladive. Des tentatives d'une rare grossièreté ont été faites pour stigmatiser toute l'œuvre de Nietzsche comme l'œuvre d'un fou. Cette correspondance, et c'est là son énorme valeur, est le plus éclatant démenti à ces impudentes assertions de pions scandalisés, ou de carabins en quête de réclame" (p. 75).
Conclut que l'étude de Georg Brandes permet de se faire une idée "plus intime" d'un Nietzsche "plus près de nous" (p. 70) ; il est "le premier qui ait compris sa pensée" (p. 76)
ALBERT Henri, {Journaux et revues}, in Mercure de France, tome 10, n˚50, février 1894, p. 184-189. [7]
Première fois que le nom d'Elisabeth Förster apparaît et véritable un tournant car Henri Albert prend au sérieux l'intervention de la sœur de Nietzsche. Il explique : "(...) elle s'étonne combien, dans ces dernières années, la personnalité et la philosophie de son frère ont été dénaturées par les nombreux biographes et essayistes qui s'en sont emparés" (p. 188).
Puis il cite longuement : "Si tous s'étaient efforcés de n'écrire que ce qu'ils ont vraiment vécu avec lui, et pas autre chose que ce qu'ils ont observé, il existerait maintenant déjà dans le public une image assez fidèle de la personnalité d mon frère. Mais aux quelques faits réels on ajoute un tel flot de malveillantes remarques générales que l'on retrouve à peine le petit grain de vérité. Il n'existe donc de la vie et de la personnalité de mon frère qu'une image confuse et fausse, et dans les nombreuses biographies qui ont paru je n'ai trouvé ni une date exacte ni un seul événement fidèlement décrit. Qu'on ne s'étonne donc pas si même les respectueux et les dévoués ont été entraînés souvent aux conclusions les plus singulières. C'est pour cela que je juge nécessaire, de donner au public, avant la grande biographie projetée, quelques sûres notices biographiques. Je les rattacherai à quelques discours et fragments inédits qui se prêtent bien à raconter un Nietzsche réel" (p. 188).
Il conclut solennellement : "Le Mercure tiendra ses lecteurs au courant des révélations de Mme Förster-Nietzsche" (p. 188).
REMER Paul, "Un nouveau livre sur Nietzsche", {Bulletin. Nouvelles de l'étranger}, in Revue bleue, tome 1, n˚11, 17 mars 1894, p. 351.
A propos du livre de Lou Andreas-Salomé, Frédéric Nietzsche dans ses œuvres. [8] A RECTIFIER
GINISTY Paul, {Causerie littéraire}, in Gil Blas, 23 mars 1894, p. 3.
Compte-rendu de Nordau, Dégénérescence, avec exposé du traitement de Nietzsche.
ZANONI, {Journaux et revues}, in Mercure de France, tome 10, n˚51, mars 1894, p. 283-284.
Signale "une remarquable étude sur Nietzsche" de Domenico Oliva publiée dans L'Idea Liberale (p. 284).
WEBER Louis, "Dégénérescence, par Max Nordau", in Revue de métaphysique et de morale, tome II, mai 1894, p. 356-370.
Evoque Nietzsche p. 357, 363 et 368.
ALBERT Henri, {Journaux et revues}, in Mercure de France, tome 11, n˚54, juin 1894, p. 184-187.
Compte-rendu d'un nouvel article d'Elisabeth Förster-Nietzsche sur Nietzsche dans le Magazin für Literatur (p. 185).
ALBERT Henri, {Journaux et revues}, in Mercure de France, tome 11, n˚54, juin 1894, p. 184-187.
Compte-rendu d'un article de Paul Lansky sur Nietzsche publié en Allemagne dans le Sphinx (p. 185-186). [9]
ARREAT Lucien, "Ludwig Stein. Friedrich Nietzsch's Weltanschauung und ihre Gefahren", {Analyses et comptes rendus}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 37, n˚6, juin 1894, p. 682-683.
Commence en ces termes : "M. L. Stein, de l'Université de Berne, ajoute une nouvelle brochure à la littérature de Nietzche. Cette littérature devient un peu encombrante, et il ne me paraît pas que l'importance du héros la justifie. J'ai eu déjà l'occasion de dire ma pensée à cet égard. Il s'en faut, d'ailleurs, que je songe aucunement à blâmer M. L. Stein d'intervenir dans le débat et de réagir, avec son autorité, contre l'influence mauvaise d'une soi-disant philosophie du monde" (p. 682). Parce qu'il aurait souhaité un article plus vigoureux contre Nietzsche, il reproche à Stein de s'être montré trop indulgent : "M. L. Stein, qui veut être juste, se défend trop, à mon avis, d'apercevoir des traces de déséquilibrement mental dans les derniers écrits de Nietzche. Il oublie que le terrain était déjà préparé, sans doute, pour la maladie, et ne pouvait porter des fruits absolument sains. La pitié qu'inspire une cruelle infortune ne change rien à la vérité" (p. 682-683).
Concernant la meilleure attitude à adopter, il explique : "Les têtes solides se garderont toutes seules. Pour les têtes faibles, elles sont la "part du feu" : le genre de combustible n'y fait rien. Restent les vaniteux et les charlatans, qui profitent de tout pour se faire place ; il n'en manque pas, en France ou en Allemagne. Le meilleur est maintenant de les ignorer. On favorise leur jeu en les combattant" (p. 683).
DAUDET Léon, « M. Nordau : Dégénérescence », {Quinzaine littéraire}, in Nouvelle Revue, tome 88, juin 1894, p. 625-628.
Critique : « Ses analyses des pièces d’Ibsen, des poèmes de Wagner et du Zarathustra de Nietzsche sont incompréhensibles par sa faute et non par celle des auteurs qu’il cite » (p. 627)
MAZEL Henri, "Les deux philosophes", in L'Ermitage, 8, juin 1894, p. 352-353.
Présentation antagoniste de Schopenhauer et de Nietzsche sans les citer.
Anonyme, {Le mois}, in Société nouvelle, n°115-116, juillet-août 1894, p. 215-217.
Signale la publication du livre de Lou Andréas-Salomé sur Nietzsche et cite quelques lignes (p. 216)
ALBERT Henri, "Lou Andréas-Salomé sur Nietzsche", in Mercure de France, tome 12, n˚57, septembre 1894, p. 67-71.
Au sujet de la nature controversée des relations entre Nietzsche, Paul Rée et Lou Andréas-Salomé, se contente de noter : "Cela importe-t-il beaucoup?" (p. 70).
Même attitude au sujet de la folie de Nietzsche, se contente de remarquer : "S'il s'en est allé loin de nous, perdu dans un ténébreux néant, planant dans le chaos de son esprit égaré, sa philosophie en vaudra-t-elle moins? " (p. 71).
Estime toujours que Lou Andreas-Salomé a "le plus intimement compris" Nietzsche, qu'elle est bien le "cerveau sœur" selon l'expression même de Nietzsche. Il se réjouit encore sans limite de cette première "étude complète sur la philosophie de Nietzsche (est) écrite par une personne ayant fait partie de son entourage" (p. 70). Cependant, il choisit le camp d'Elisabeth Förster : "(...)les tirades lourdes et confuses de M. Gast, qui n'ont même pas l'avantage d'être d'un érudit, ont été ajoutées aux œuvres de Nietzsche sans le consentement de sa famille et seront supprimées dans les éditions futures. Ses paroles perdent donc beaucoup de leur importance. Ni Mme Andréas ni M. Gast n'ont, selon les personnes qui s'occupent actuellement de publier les œuvres de Nietzsche, trouvé la note juste. Il faudra donc attendre que la biographie que prépare de son frère Mme Elisabeth Förster-Nietzsche ait paru pour porter un jugement" (p. 70).
Dès lors, il prend soin de considérer et de complimenter l'étude Lou Andreas-Salomé pour ce qu'elle est : "Dans son étude sur Nietzsche qu'elle limite strictement par son titre, Fr. Nietzsche dans ses Ouvrages, elle s'est efforcée d'étudier la personnalité du philosophe, comme elle se dégage de ses écrits, sans vouloir en aucune façon s'attacher à des critiques de détails. (...) sa biographe n'a considéré ses nombreux volumes que comme des mémoires de sa propre vie, essayant d'analyser les "événements de son esprit", la dépendance de sa vie psychique de ses états affectifs. Elle a laissé à d'autres le soin de fixer à Nietzsche une place dans l'histoire de la philosophie (...)" (p. 69).
ROD Edouard, « Rêverie sur « le super-homme » », in Journal des Débats, 27 septembre 1894, p. 1.
F.(rançois) V.(EUILLOT), « Le "super-homme" », {Ca et là}, in L'Univers, n°9615, 6 octobre 1894, p.1.
A propos de l'article d'Edouard Rod sur Nietzsche dans le Journal des Débats (27 septembre 1894), considérations sur le "succès" de Nietzsche et la notion de "super-homme".
ALBERT Henri, {Echos divers et communications}, in Mercure de France, tome 12, n˚58, octobre 1894, p. 191-192.
A propos de la publication prochaine en Allemagne de Nietzsche contra Wagner (p. 191).
BERNARDINI L., "Wagner et Frédéric Nietzsche", in La Cocarde, 28 octobre 1894, p. 1-2.
ALBERT Henri, "Les œuvres complètes de Nietzsche", in Revue Blanche, tome 7, n˚37, novembre 1894, p. 449-452.
Commence par remarquer : "Nietzsche est célèbre et on le connaît à peine" (p. 449). Racontant les raisons et les conditions de sa visite au Nietzsche-Archiv, fixe le décor : "Je ne connais pas d'endroits plus tranquille que cette petite ville de Naumbourg-sur-Saale, avec son horizon de collines boisées, ses vieilles maisons et ses vieilles églises, ses promenades et ses jardins, avec sa ceinture de coquettes villas sans bruit. Des gens de robe et des militaires retraités y mènent leur existence paisible. Le matin des chants de vieux cantiques vous réveillent : des écoliers pauvres, en longues soutanes noires, traversent les rues en files, faisant la quête chez les habitants au son de leurs lentes psalmodies" (p. 451).
L'Alsacien ne peut s'empêcher de glisser une remarque qui se veut désobligeante : "Seule une petite garnison - saurait-il ne pas y en avoir dans une ville de Prusse - met un peu d'animation dans cette cité morte".
Cependant, il poursuit très sereinement : "De temps en temps la locomotive d'un tramway à vapeur qui relie la ville aux bords de la Saale et à la gare fait entendre son bruit strident, et deux ou trois wagons traversent les rues très lentement, comme pour ne pas troubler les rêveries des passants, absents d'ailleurs.
Là vit Frédéric Nietzsche, le moraliste de la décadence, calme, sans souffrance et sans pensée. Sa mère, veuve de pasteur luthérien, l'entoure de ses soins. Personne à Naumburg ne le connaît autrement que comme le fils de la Frau Pastor, l'ancien professeur de Bâle. Qui donc saurait ce que c'est que Zarathustra? Et quand, pour prendre l'air, le malade traverse la rue à petits pas, on s'incline respectueusement -instinctivement peut-être, sans comprendre... Il a eu cinquante ans il y a quelques jours. Aucun journal n'a parlé de cet anniversaire. Le monde l'a ignoré, mais les soins pieux de sa mère ont dû tâcher de lui rendre cette journée plus douce encore que les autres. Car tout se fait avec piété dans la famille Nietzsche.
(...) Il avait toujours gardé, lui le grand adversaire du Christ, les allures du presbytère luthérien. Son esprit s'attaquait avec une joie tragique aux préjugés religieux et moraux, son âme avait suivi la pente de douceur d'une vieille religiosité. (...)
Quand, après avoir causé longtemps, pendant des heures, de lui, toujours de lui, je reprenais le train pour Berlin, sans cesse je songeais à la destinée poignante de celui qui marquera de son empreinte le siècle prochain, du génie religieux dont l'esprit vécut des choses surhumaines...
Le train roule à toute vapeur à travers les plaines désolées de la Marche - tournant le dos à Naumbourg la souriante - et toujours me reviennent les paroles des vieilles de là-bas : -Mort de pensée, mais "le plus heureux des hommes"" (p. 451-452).
DROZ Théophile, La revanche de l'individu : Frédéric Nietzsche", {Causerie littéraire}, in La Semaine littéraire, 44, 3 novembre 1894, p. 517-520. [10]
Résumé de la vie de Nietzsche avec quelques commentaires : "Ainsi l'éducation du plus grand contempteur des femmes qui ait existé depuis Euripide se développa sous des influences uniquement féminines". Ou encore, rapporte que Nietzsche "prétend qu'à l'âge de 13 ans il avait écrit une petite dissertation, dans laquelle il essayait de prouver que Dieu est le père du mal" (p. 518).
Aucune vue d'ensemble sur la personnalité de Nietzsche, Droz se contentant simplement de témoigner : "Je l'ai un peu connu, il y a 28 ans, à Bonn. Nous fréquentions ensemble les cours de Ritschl et d'Otto Jahn, deux des plus illustres philologues de l'Allemagne. Il avait déjà autour de lui une petites escortes de jeunes gens, attirés par ses idées paradoxales, et par son merveilleux talent de réduire en brillants aphorismes les longues et parfois ennuyeuses dissertations de nos maîtres" (p. 518).
Achève en précisant : "Je ne veux point réfuter Nietzsche. Mais je dois relever cependant le point de vue auquel il est bon de le lire" (p. 520).
SAINT-POL-ROUX, "Régénérescence", in Mercure de France, tome 12, n˚59, novembre 1894, p. 195-204.
A propos de Max Nordau, Dégénérescence : cite Nietzsche parmi les écrivains étrangers attaqués par Max Nordau (p.196).
Anonyme, {Echos divers et communications}, in Mercure de France, tome 12, n˚60, décembre 1894, p. 390-392.
Contient un paragraphe : "On demande des collaborateurs à une traduction française des œuvres complètes de Friedrich Nietzsche. Ecrire au Mercure de France" (p. 392).
WYZEWA Teodor de, "La dernière œuvre de Frédéric Nietzsche", in Le Temps, 5 décembre 1894, p.3.
P. L., « Au jour le jour », in Journal des Débats, 31 décembre 1894, p. 1.
Compte-rendu de « L’Antichrist ».
MORIAUD Louis, "A travers l’œuvre de Nietzsche", in Le Genevois, 1894.
Référence citée d'après Archivdatenbank des Goethe- und Schiller-Archivs (voir)