Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)
1868-1910: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE LAURE VERBAERE
BENDA Julien, {Chronique de la littérature}, in Revue Blanche, tome 27, janvier 1902, p. 72-80.
Compte rendu de Félix Le Dantec, Le conflit, entretiens philosophiques. Conclut ironiquement : "Pour nos mondains, qui aujourd'hui comprennent couramment Nietzsche et Ibsen, la lecture du conflit est un jeu" (p. 78)
ROLLAND Romain, "Siegfried", in Revue de Paris, volume 9, n˚1, 1er janvier 1902, p. 188-204.
Loue la santé extraordinaire de Siegfried et évoque Nietzsche, Le Cas Wagner (p. 191). Accepte les critiques de Tolstoï à l'égard de Wagner mais éprouve une "sensations pénible" en lisant les "ironies maladives et mauvaises de Nietzsche" qui a "du faire un effort pour ne pas comprendre Wagner" (p. 198-199).
ZITOUNIATE Petros, "A travers la littérature Néo-Hellénique. Jean A. Cambysis", in Revue du nouveau siècle 1, 1er janvier 1902, p. 163-166.
DAVRAY Henri D., "Un défenseur de la Littérature Nationale", {Variétés}, in Mercure de France tome 41, n˚146, février 1902, p. 566-571.
Compte-rendu d'un article d'Henry Bordeaux publié dans Le Correspondant à propos de "l'invasion étrangère dans la littérature française". Davray critique les idées défendues par le "sous-champion de la défense littéraire nationale" et ajoute un post-scriptum ironique : "Nous signalons à la vigilance patriotique et littéraire de M. Henry Bordeaux, - qui ne s'en est pas encore aperçu sans doute - la publication des œuvres complètes d'un Allemand nommé Nietzsche, que des gens peu soucieux de l'avenir de la pensée nationale prétendent être un philosophe des plus remarquables tout au moins" (p. 571).
DUPRAT G.-L., « Questions politiques d’autrefois et d’aujourd’hui », in Revue internationale de sociologie, tome 10, Janvier-février 1902, p. 181-205.
Nietzsche cité en note p. 197
DURKHEIM Emile, "G. Palante - Précis de sociologie", {Bibliographie. Analyses}, in Revue de synthèse historique, tome IV-1, n˚10, février 1902, p. 114-115.
Critique du livre de Georges Palante.
GOURMONT Remy de, "L'idée de responsabilité, à propos du "Tueur de femmes"", {Epilogues}, in Mercure de France, tome 41, n˚146, février 1902, p. 465-468.
A propos du libre arbitre, critique la théorie des "idées-forces" d'Alfred Fouillée et postule que "la chaîne des causes n'a ni premier, ni dernier chaînon. Tout au plus, et c'est ce que Nietzsche ne put jamais prouver, peut-on supposer que la droite est un cercle à rayon infini et le plan une sphère à rayon également infini" (p. 466).
FOURNIERE Eugène, "Bilan de l'individualisme" in La Petite République, 10 février 1902, p. 1.
Compte-rendu de M. Fidao, Bilan de l'individualisme. Fournière reconnaît que l'individualisme, celui qui opposait l'individu à la société, celui que l'on "a rencontré dans les écrits de Spencer et de Nietzsche", cet individualisme verbal est mort.
FAUCONNET Paul, "G. Palante. - Précis de sociologie", {Analyses et comptes rendus}, in Revue philosophique, tome 53, n˚2, mars 1902, p. 207-210.
Sévère critique du livre de Georges Palante : "L'exposé et la critique des théories sociologiques ont été pour lui choses secondaires. Il travaille au triomphe d'une morale et d'une politique, et non à la solution d'un problème scientifique. M. Palante est un moraliste individualiste, disciple démocrate de Nietzsche : il voit dans certaines théories sociologiques - dans certaines théories socialistes aussi - une menace pour les doctrines individualistes ; il a voulu le dire et distinguer de ces théories celles qu'il juge moralement bonnes. Evidemment un pareil dessein était inconciliable avec le dessein d'exposer le résultat des recherches sociologiques contemporaines" (p. 209).
P. C., « Ciudad de dios », {Revue analytique des revues} , in Revue thomiste, 1902, p. 240-242.
Compte-rendu d’une étude de P. Benito Gonzales, « La crisis de la moral » publiée dans le numéro du 20 janvier 1902. Evoque l’égoïsme de Nietzsche (p. 241).
ROBERTY Eugène de, "Qu'est-ce que la philosophie?", in Revue philosophique, tome 53, n˚3, mars 1902, p. 225-244.
Texte d'un discours prononcé à la séance solennelle de rentrée de l'Université nouvelle de Bruxelles, le 14 octobre 1901. Remarque qu'il y a cinquante ans, Nietzsche a annoncé la mort imminente de la morale et que sa prophétie se réalise (p. 226). Se réfère ponctuellement à Nietzsche qu'il cite ou dont il reprend des expressions (p. 229, 231). Se demande si la plupart des métaphysiques, "autrefois si sèchement rationnelles" ne sont pas en train de devenir, "avec les Schopenhauer, les Hartmann, les Guyau, les Taine, les Renan et les Nietzsche (et peut-être même avec les Comte et les Spencer) à la fois de plus en plus populaires et de plus en plus sentimentales" (p. 239).
GREHG Fernand, « Victor Hugo. II », in Revue de Paris, tome 2, 15 mars 1902, p. 337-368/
Compare ce que Victor Hugo appelle les mages avec « les Surhommes » de Nietzsche (p. 354).
GARNIER Paul-Louis, "L'Art, la Littérature. Le préjugé philosophique", in Le mouvement socialiste, volume 7, 22 mars 1902, p. 570-572.
Anonyme, "Littérature et nationalisme", in Le Mouvement socialiste, avril 1902, p. 816.
Cite un extrait de la réponse de Théodule Ribot à propos de l'influence allemande en France.
ALBERT Henri, "Moderne Essays zur Kunst und Litteratur", {Lettres allemandes}, in Mercure de France tome 42, n˚148, avril 1902, p. 264-265.
Compte-rendu élogieux des quinze cahiers publiés par Hans Landsberg et mention particulière pour les principales études dont celle de Paul Ernest intitulée "Friedrich Nietzsche" (p. 265). [1]
DUPRAT G.- L, {Chronique des livres. II. Philosophie, histoire, Psuchologie et pédagogie}, in Revue internationale de sociologie, tome 10, mars-avril 1902, p. 302-309.
Nietzsche est cité dans le compte-rendu de Louis Arréat, Dix ans de philosophie, p. 303.
GOURMONT Remy de, "La littérature et le nationalisme", {Epilogues}, in Mercure de France tome 42, n˚148, avril 1902, p. 174-180.
A propos de la querelle entre Henry Bordeaux, Henri D. Davray et Descaves, discutant si on a tort ou raison de traduire les œuvres étrangères, Gourmont remarque que le "débat, si facilement soluble, serait futile s'il ne se rattachait à la grande question du nationalisme" et déclare quant à lui : "Nul patriotisme ne peut ma faire croire (...) que la lecture de Nietzsche se supplée par celle de M. Alfred Fouillée, ou Ibsen par M. de Curel" (p. 175). Gourmont estime par ailleurs qu'il faut être "durement et cruellement nationaliste" pour "goûter toute la saveur étrangère des autres fruits" et pour produire des œuvres originales et exceptionnelles : "C'est parce que la philosophie allemande est si follement allemande qu'elle s'est propagée dans le monde entier. Si Kant, Schopenhauer ou Nietzsche n'avaient représenté qu'un compromis entre les différentes philosophies pratiquées de leur temps en Europe, ils n'auraient jamais eu un quart d'heure d'existence" (p. 177).
LICHTENBERGER Henri, "K. Lamprecht. Zur jüngsten deutschen Vergangenheit", {Bibliographie. Analyses}, in Revue de synthèse historique, tome IV-2, n˚11, avril 1902, p. 251-254. [3]
LEOPOLD-LACOUR Mary, "La femme Parsie", in La Fronde, 13 avril 1902, p. 2.
S'étonne que Nietzsche ait été "d'un si étroit antiféminisme".
BURY Robert de, {Les Journaux}, in Mercure de France tome 42, n˚149, mai 1902, p. 502-509.
Compte-rendu d'un article de E. Fanvion dans Le Flambeau à propos d'une conférence de Ferdinand Brunetière sur "l'Idée religieuse". Bury cite l'article et remarque la faiblesse des pseudo-contradicteurs : "M. Brunetière avait eu la loyauté de laisser entendre "que sans l'idée religieuse, nous serions voués aux théories du Moi souverain, aux surhommes, à la morale individuelle prônée par Renan et Nietzsche, morale aristocratique qui érige l'individu au-dessus du troupeau". Pas un de ses contradicteurs n'a parlé de Nietzsche" (p. 508).
H. A. M., « La liberté et le devoir, par Albert Farges », {Notes bibliographiques}, in Revue thomiste 1902, p. 609-611.
Signale que la troisième partie de l'ouvrage contient une étude de "la morale du vouloir-vivre de Nietzsche" (p. 611).
MIOMANDRE Francis de, "André Gide et l'inquiétude philosophique", in Mercure de France tome 42, n˚149, mai 1902, p. 361-371.
LICHTENBERGER Henri, "K. Lamprecht. - Zur jüngsten deutschen Vergangenheit", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome I, n˚5, 15 mai 1902, p. 497-498.
Rapporte que l'auteur estime que "l'époque présente est une sorte de recommencement de la période primitive" (p. 498). Exemple : "(...) en morale, nous avons de part et d'autre le culte des héros, la coexistence d'un certain communisme avec le féroce égoïsme aristocratique du "fauve blond"" (p. 498).
LICHTENBERGER Henri, "A. Drews. - Eduard von Hartmanns philosophisches System im Grundriss", {littérature allemande}, in Revue universitaire, tome I, n˚5, 15 mai 1902, p. 502-504. [5]
Fait l'éloge du livre, émet des réserves sur les idées de Hartmann mais conclut : "Quoi qu'il en soit, la Philosophie de l'Inconscient, considérée simplement au point de vue historique, est un fait capital dans l'histoire de la pensée allemande : après le beau livre de M. Drews il n'est plus permis de douter qu'il ne faille placer Hartmann, entre Schopenhauer et Nietzsche, parmi les interprètes les plus autorisés des aspirations de l'âme moderne" (p. 504).
SCHURE Edouard, "Wagner intime d'après les souvenirs d'un disciple", in Revue bleue, tome 17, n˚21, 24 mai 1902, p. 647-651.
Sur les raisons de la querelle entre Wagner et Nietzsche (p. 650).
LASSERRE Pierre, "Charles Maurras et la renaissance classique", in Mercure de France, tome 42, n˚150, juin 1902, p. 589-612.
Souligne les affinités entre les idées de Maurras et de Nietzsche en insistant longuement sur le fait que Maurras n'a "pas eu besoin de Nietzsche" (p. 611-612). Conclut : "Mais concevez l'utilité de Nietzsche. Je vous demande même un peu de piété pour la crispation de ce beau visage" (p. 612).
PALANTE Georges, "La mentalité du révolté", in Mercure de France, tome 42, n˚150, juin 1902, p. 655-671.
Se réfère particulièrement à Nietzsche au cours des pages 662-667.
P. J., « Précis de sociologie par G. Palante », in La Plume, janvier-juin 1902, p. 352.
Confronte les idées nietzschéennes et stirnériennes.
TINAYRE Marcelle, « La maison du péché », in Revue de Paris, tome 3, 15 juin 1902, p. 712-760
Nietzsche cité (p. 739).
Anonyme, "Association des Etudiants Israélites", in L'Echo sioniste, tome 3, 15 janvier-15 décembre 1902, p. 140.
Compte-rendu des conférences données par Grosenberg et Jacobsohn sur La philosophie de Nietzsche et le judaïsme, organisées par l'Association des Etudiants Israélites.
WEBER Louis, "La philosopie de Fichte et ses rapports avec la conscience contemporaine, par Xavier Léon", {Philosophie}, in Mercure de France, tome 43, n˚151, juillet 1902, p. 198-200.
L'école néo-kantienne qui règne encore en Allemagne "a de plus en plus à se défendre contre le prestige de Schopenhauer et de Nietzsche qui va grandissant dans les classes intellectuelles" (p. 199).
WEBER Louis, "Bibliothèque du Congrès international de philosophie, tome IV, histoire de la philosophie", {Philosophie}, in Mercure de France, tome 43, n˚151, juillet 1902, p. 200.
Cite les mémoires "les plus saillants", dont "Vaihinger (la philosophie de Nietzsche)".
GHEON Henri, "Les lectures du mois", {Chroniques du mois}, in L'Ermitage, volume 25, n˚9, septembre 1902, p. 234-240.
Compte-rendu de Dostoïevski, Un adolescent. "Nietzsche prétendait que Dostoïevski était le seul romancier qui lui eût appris quelque chose sur l'homme", p. 235 ; décrit le monde de Dostoïevski : "Monde d'action, de passion, de drame ; monde sans non-valeurs ; avant Nietzsche, monde nietzschéen" (p. 237).
OXALIS, "La Mémoire amoureuse des hommes", in La Fronde, 7 septembre 1902, p. 3.
Note: "Une chose curieuse, c'est la haine qui survient à la suite de la séduction, surtout à l'égard des jeunes filles. L'homme fait souvent l'impossible pour obtenir l'amour, mais aussitôt sa passion satisfaite, une réaction brutale se produit. C est la misogynie. - Se méprendre sur ce problème fondamental de l'homme et de la femme ; nier leur antagonisme foncier et la nécessité de leur désaccord éternel... c'est le signe typique d'une platitude et d'une trivialité cérébrale sans remède. - Ainsi parle Nietzsche, dont les idées extravagantes et fausses semblent sortir d'un cerveau détraqué!..."
Anonyme, "Presse infantile", in La Fronde, 14 septembre 1902, p. 2.
Signale un fascicule mensuel intitulé La Critique des Etudiants qui a huit collaborateurs "dont l'un disserte avec une logique serrée sur Nietzsche".
ALBERT Henri, {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 44, n˚154, octobre 1902, p. 251-259.
Compte-rendu élogieux d'un volume de Fernand Baldensperger consacré à Gottfried Keller. Albert rappelle : "Nietzsche tenait les Gens de Seldwyla pour un des cinq ou six livres allemands qui soient lisibles" (lisible, souligné dans le texte) (p. 256).
ALBERT Henri, {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 44, n˚154, octobre 1902, p. 251-259.
A propos d'une nouvelle revue, Die Kultur, Albert rappelle que Nietzsche a déjà fourni une définition "lorsqu'il lança sa violente attaque contre les philistins de la culture. Le directeur de la Kultur aurait bien dû s'en souvenir". Albert reconnaît que c'est le propre de l'Allemagne " de donner naissance de temps en temps à quelques grands hommes" mais ajoute que le peuple allemand "dans son ensemble demeure profondément incultivable". Il cite Nietzsche : "être allemand c'est cesser d'être allemand" et conclut "Es gibt keine deutsche Kultur" (p. 257).
CAUSSY Fernand, "Richard Wagner et la sensibilité française", in Mercure de France tome 44, n˚154, octobre 1902, p. 98-118.
SEILLIERE Ernest, « Charles de Villers », in Revue de Paris, tome 5, 1er octobre 1902, p. 595-618.
Evoque Nietzsche (p. 618).
MORLAND Jacques, "Enquête sur l'influence allemande", in Mercure de France tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 289-294.
Introduction et publication de la lettre et du questionnaire adressé. Morland met en doute la prétention de l'esprit germanique à la "suprématie mondiale" et remarque entre autres : "(...) Enfin, en Allemagne même, Nietzsche, après Goethe et Schopenhauer, a parlé de ses compatriotes avec dédain" (p. 294).
Les réponses sont réparties en sept groupes. Dans le numéro de novembre 1902 sont d'abord publiées les réponses du groupe "I : Philosophie, littérature" [12]
ARNAULD Michel, "Enquête sur l'influence allemande. M. Michel Arnauld", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, 297-299.
"A part Nietzsche (qui, tout de même, n'est pas complètement un Français), le nouvel Empire n'a produit ni grand créateur, ni grand initiateur" (p. 298).
BAINVILLE Jacques, "Enquête sur l'influence allemande. M. Jacques Bainville", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 299-300.
"Ce n'est pas à vous, Monsieur, qui avez contribué à le faire connaître, qu'il faut révéler l'influence de Nietzsche. Je retiens les bons coups qu'il a portés à la détestable espèce de moralistes, à l'église humanitaire et à la gnose démocratique : ils ont fait réfléchir un certain nombre de Français, car c'est en France qu'ils trouvaient le mieux à s'appliquer" (p. 299-300).
BARRES Maurice, "Enquête sur l'influence allemande. M. Maurice Barrès", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 300-303. [13]
"Les grands Allemands, Goethe, Heine et (si vous voulez) Nietzsche, ont eu besoin de se soumettre à l'influence française" (p. 301).
BARTHELEMY Edmond, "Enquête sur l'influence allemande. M. Edmond Barthélémy", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 303-305.
A propos d'un renouvellement des doctrines primitives en philosophie : "Nous retrouvons plus que jamais cette culture française dont Nietzsche ne découvrait d'équivalent nulle part ailleurs, pas même chez ses compatriotes" (p. 305).
BELUGOU Léon, "Enquête sur l'influence allemande. M. Léon Bélugou", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 305-307.
"Les idées directrices du XIXe siècle ont été fournies au monde par l'Allemagne, et il ne semble pas qu'elles aient achevé de dérouler toutes leurs conséquences : par exemple, à prendre les choses d'une façon un peu large, Nietzsche apparaît comme un moment dans le développement de la pensée de Goethe. A cet égard donc et en ce sens il est permis de dire que l'influence germanique dure encore, en dépit d'éclipse passagères et surtout apparentes" (p. 305-306).
DAUDET Léon, "Enquête sur l'influence allemande. M. Léon Daudet", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 311-312. [14]
"Il semble que le génie germanique, si ardent et si impétueux quand il se manifeste en un Wagner, un Nietzsche, un Virchow, lutte et peine dans les intervalles contre une gangue de pédantisme, de suffisance, de satisfaction à bon marché qui n'a pas sa pareille en Europe" (p. 311).
DEHERME Georges, "Enquête sur l'influence allemande. M. Deherme", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 312-315.
Cite Nietzsche : ""L'Empire allemand tuera l'esprit allemand" dira son dernier philosophe, - mais de décadence comme Schopenhauer et Hartmann - Fr. Nietzsche" (p. 313).
FOUGERES Gustave, "Ouverture des conférences à la Faculté des lettres de l'Université de Paris", in Revue internationale de l'enseignement, t. XLIV, novembre 1902, 385-399.
Discours tenu le 7 novembre 1902 à la séance d'ouverture de la Faculté des lettres de l'Université de Paris. Traditionnel discours d'ouverture sur des aspects de méthode. Défend et expose la "méthode historique" telle que Gustave Lanson l'a présentée l'année précédente. Finalement, soutient que l'histoire littéraire s'identifie avec l'histoire des idées, de la société, de la civilisation. Met en garde contre les généralisations prématurées. Soutient que la culture grecque "reste le plus ferme appui de l'esprit moderne" (p. 393). Elle apprend que l'esprit critique est primordial. Si l'optimisme scientifique se heurte à l'autorité ou aux "défiances d'un pessimisme rétrograde", il faut les combattre. Note : "Cet optimisme scientifique devenu une foi tenace peu disposée à céder le pas, a trouvé d'amers détracteurs. Frédéric Nietzsche, l'un des premiers, a dit à la culture gréco-moderne des choses très dures. Je ne saurais les répéter ici, dans une maison où l'optimisme s'objective sur tous les murs en symboles d'une flatteuse transparence. L'écho discordant de ces blasphèmes ne manquerait pas d'effaroucher ici le sourire et le vol confiant de ces vaporeuses allégories. Mais, quoi qu'en dise Nietzsche, son r^ve de beauté implacable et féroce ne hanta jamaus une âme grecque. Il n'est pas non plus le nôtre. A cette orgueilleuse chimère, édifiée sur les ruines de la Science et de l'Harmonie, nous préférons la sereine bienfaisance de cette pensée de Périclès : que toute supériorité fondée sur la raison est un enseignement - , non un instrument d'oppression et de douleur" (p. 394).
L'érudition n'est pas une fois en soi mais prépare le jugement subjectif. Le travail historique prépare la critique. La variété des interprétations correspond à la variété des sensibilités ; elle n'aboutit pas nécessairement à une "dénaturation arbitraire et fausse de l'objet" (p. 397). Défend l'idée d'une vérification de l'authenticité.
Revient sur l'opposition entre vérité et neutralité : "Si le sens littéraire ne peut dispenser d'être historique, il reste incomplet s'il n'est qu'historique. Le culte de la vérité ne se confond pas avec celui de la neutralité ou de l'indifférence. Toute étude littéraire implique, en dernière analyse, une dose de sympathie ou d'antipathie, ou d'enthousiasme, ou du moins d'émotion. Il y a une illusion très commune chez ceux que Frédéric Nietzsche appelle les hommes théoriques : c'est de s'imaginer que l'intelligence n'a plus d'autre devoir que la constitution de répertoires méthodiques, de catalogues raisonnés, de musées savamment classés. Ils font et refont leurs classements avec une conscience intrépide. Ils s'expliquent tout, mais finissent par ne plus rien sentir. Admirer leur semble ridicule et oiseux. Ils croient avoir libéré leur esprit en l'affranchissant de l'enthousiasme, et cette libération, qui n'est qu'un changement de servitude, les rend glorieux. Ils sont comme intoxiqués de causalité. L'habitude de considérer toute œuvre comment un effet a tué en eux la sympathie pour l'effort créateur, pour tout élan spontané qui échappe aux règles de leur méthode" (p. 398).
Souligne les dangers d'une telle attitude, si elle est généralisée. Défend l'alliance de la raison et du cœur.
GAULTIER Jules de, "Enquête sur l'influence allemande. M. Jules de Gaultier", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 328-332.
"Un Pascal, qui procède en ceci d'un Montaigne, les barrières religieuses ôtées, professe en morale un nihilisme de même ordre que celui d'un Machiavel, un nihilisme précurseur de celui de Nietzsche qui, à cet égard, accepte aussi pour ancêtre un La Rochefoucauld ou un Montesquieu" (p. 329). Cite Nietzsche pour affirmer la suprématie française : "Nietzsche a nommé la forme française "l'unique forme d'art moderne" (Humain, trop humain). Il n'en voyait d'autre à lui comparer que la grecque. Faut-il rappeler qu'il nous a donné dans Par delà le bien et le mal ce témoignage : "la noblesse européenne, celle du sentiment, du goût, des mœurs, la noblesse enfin dans l'acceptation la plus élevée du mot est l’œuvre et l'invention de la France" (p. 330). Nietzsche constitue "le plus puissant antidote contre le rationalisme à forme théologique instauré par Kant. A ce titre, contre l'influence allemande de Kant, il nous faut accepter l'influence allemande de Nietzsche comme souverainement efficace et bienfaisante" (p. 332). Il conclut : Nietzsche, Schopenhauer, Nietzsche sont "des hommes d'un haut génie dont l’œuvre, largement humaine, est faite pour nous stimuler et conquérir notre admiration" (p. 332).
GAUTHIER-VILLARS Henry, "Enquête sur l'influence allemande. M. Henry Gauthier-Villars (Willy)", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 333-335.
"Parmi les pronateurs de la France, il y a Nietzsche, je sais bien, ce Nietzsche encore si mal connu chez nous malgré les admirables traductions d'Henri Albert ; mais n'était-il pas déjà obnubilé par la folie quand il vénérait pêle-mêle Loti, Gyp, Maupassant, Meilhac et ce scribe sournois d'Anatole France (...). Quelle autorité reconnaître à ce loufetingue allemand assez germanophage pour lire Schopenhauer avec plus de plaisir dans la traduction de Burdeau que dans le texte original, assez wagnérophobe pour exalter Carmen aux dépens du Ring - en vertu d'un bas méridionalisme qui le poussa bientôt à chérir (übermensch digne des überbrettl) l'aimable opéra-comique de Bizet moins que les vaseuses cantilènes du Lido : La Biondina in gondoleta... Si Mme Förster l'avait prolongé de quelques mois encore, jusqu'à quelles bamboulas d'Ouollofs Nietzsche aurait-il dégringolé!" (p. 333-334).
GIDE André, "Enquête sur l'influence allemande. M. André Gide", in Mercure de France, tome 44, n˚155, p. 335-336.
"Jeune encore, il est vrai que je fus fort requis par l'Allemagne, mais, après tout, ce que Goethe, Heine, Schopenhauer, Nietzsche, m'ont appris de meilleur, c'est peut-être leur admiration pour la France" (p. 335).
GOURMONT Remy de, "Enquête sur l'influence allemande. M. Remy de Gourmont", in Mercure de France, tome 44, n˚155, p. 336-337.
"Pour la philosophie, l'influence de Kant décroît ; celle de Nietzsche augmente et celle de Schopenhauer n'est pas tout à fait morte. C'est qu'il avait été nourri de la pensée française et que nous retrouvons en ses écrits un peu de notre esprit et un peu de notre méthode. Les mêmes causes ont fait aimer Nietzsche dès qu'il a été connu. Son renversement des valeurs n'est souvent que le développement d'une idée pascalienne. Mais enfin il est allemand, bien que les Allemands ne le goûtent ni ne le comprennent, et son influence, qui est dès maintenant indéniable, s'exercera de plus en plus sur tous les esprits échappés du christianisme, c'est-à-dire revenus à la santé intellectuelle.
Ainsi notre philosophie, allemande depuis Kant, restera sans doute allemande, grâce à Nietzsche. Mais les Nietzschéens ne semblent pas avoir l'esprit servile des Kantiens ; Par delà le Bien et le Mal est bien moins pour eux un évangile qu'une introduction à des évangiles futurs, multiples et hardis en contradictions. (...)
En attendant que Nietzsche prenne le dessus ou qu'il se révèle une philosophie française dominatrice, Kant demeure le maître de la métaphysique et de la morale universitaire. C'est un grand mal" (p. 336-337).
LASSERRE Pierre, "Enquête sur l'influence allemande. M. Pierre Lasserre", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 337-342.
"Faut-il croire Nietzsche qui disait qu'il y a plus de psychologie dans un feuilleton du Petit Journal que dans le plus savant livre allemand? "Vous lisez trop de livres allemands", écrivait-il à Heinrich von Stein, écrivain mort jeune à qui on veut faire aujourd'hui une gloire et de qui je connais, à propos de Goethe et de Schiller, des pages du plus abominable charabia métaphysico-esthétique. Nietzsche visait assurément cette opacité, ce maniement appesanti des idées, cette égale prise au sérieux de toutes choses qui rendent à un Français vif et cultivé la conversation presque impossible avec un esprit de type vraiment germanique" (p. 341). Rappelle "le mépris où les plus fortes têtes allemandes, Frédéric II, Goethe, Schopenhauer, Nietzsche, ont tenu l'intelligence et le goût de leurs compatriotes" (p. 342). Conclut : "Du côté allemand, laissons passer Goethe avec grand honneur, Schopenhauer comme un brutal et un impoli qui a bien de l'esprit, Nietzsche, quelques bons dictionnaires ; puis fermons" (p. 342).
LICHTENBERGER Henri, "Enquête sur l'influence allemande. M. H. Lichtenberger", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 343-344.
"Je ne crois qu'à la culture française", dit Nietzsche" (p. 343). "Ne nous avisons pas de prendre à la lettre les paradoxes de Nietzsche proclamant "qu'il y a trop de bière dans l'intelligence allemande" ou que "l'Allemagne est le grand pays plat d'Europe" ; ne nous avions pas, surtout, d'en conclure qu'on peut désormais se dispenser de lire Goethe et Kant, Fichte et Hegel, Schopenhauer et Nietzsche,(...)" (p. 343). "Un Nietzsche n'a pas craint, au lendemain de nos désastres, de proclamer hautement que la culture française est, comme la culture grecque, une "réussite" merveilleuse dans les annales de l'humanité et qu'à cet égard la France a bien mérité de l'Europe ; il a étudié avec un sincère enthousiasme notre langue, nos écrivains, nos penseurs ; en est-il pour cela moins original, moins "allemand"?" (p. 344).
MAUCLAIR Camille, "Enquête sur l'influence allemande. M. Camille Mauclair", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 352-354.
"Si nous en venons à Nietzsche, ce grand poète, ce grand moraliste, ce génie lyrique et destructeur, qui a si prodigieusement épousseté la vieille scholastique et fait circuler le courant d'air des cimes pures et glacées dans la philosophie jargonnante, ce terrible clairvoyant qui a nettoyé la pensée comme l'impressionnisme a fait de la palette, celui-là influence, et toute une génération actuelle vibre de sa voix. Mais il est plus près de l'anarchisme que de toute autre catégorie, il est antisocial, et l'Allemand s'en effare, et Dieu sait comment il parle de l'esprit allemand! Comme Heine, Schopenhauer et Goethe, il hait la prussianisation, et il n'aime guère la benoîte torpeur des provinces confédérées." (p. 353-354).
MURET Maurice, "Enquête sur l'influence allemande. M. Maurice Muret", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 358-361.
"Si je cherche à déterminer quels écrivains étrangers ont influé sur la pensée française contemporaine, il me semble découvrir ls noms suivants : Ruskin, Tolstoï, Ibsen, Nietzsche. Sur ces quatre écrivains, un seul est Allemand : Nietzsche. A-t-il d'ailleurs exercé une bien grande influence sur nos penseurs? C'est là un point qui mériterait d'être élucidé. J'ai cru longtemps, par exemple, que Maurice Barrès procédait directement de l'auteur d'Ainsi parla Zarathoustra. Or, je tiens de M. Barrès lui-même qu'Un homme libre était écrit depuis longtemps lorsqu'il s'avisa de lire Nietzsche pour la première fois.
Détail à noter : si ceux des écrivains français chez qui nous croyons reconnaître l'influence de Nietzsche se sont formés en dehors de ce philosophe, on n'en saurait dire autant de Nietzsche lui-même. Il a marqué lui-même à quel point sa pensée était tributaire de La Rochefoucauld. Chez Corneille, enfin, dans ses dernières pièces (Suréna), nous trouvons une doctrine qui rappelle fort celle que proclama le Surhumain.
Quant à la valeur morale que pourrait avoir la morale de Nietzsche, je ne la crois pas très bonne en soi. Nietzsche est un individualiste exaspéré. Or, notre monde contemporain n'a qu'un penchant trop marqué à sacrifier l'intérêt social à l'intérêt individuel. J'aime par contre chez Nietzsche les sérieux avertissements, les "castoiements" qu'il adresse à la démocratie contemporaine. J'aime chez Nietzsche le théoricien de l'ordre et le défenseur de l'autorité légitime, l'apôtre de la hiérarchie et de la discipline.
En dehors de Nietzsche, je ne vois guère de penseur allemand ayant exercé à un degré quelconque une influence sur nos écrivains" (p. 358-359).
PALANTE Georges, "Enquête sur l'influence allemande. M. Georges Palante", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 363-364.
"C'est l'Individualisme intense de ces penseurs (un Schopenhauer, un Nietzsche, un Max Nordau) qui est le secret de leur influence. Ils ont réagi comme Ibsen l'a fait ailleurs contre le sens trop social des races latines ; ils ont créé et mis au premier rang de la culture un sens antisocial et antimoral qui vient à son heure dans notre époque fatiguée des mensonges sociaux. L'immoralisme de Nietzsche est l'expression aiguë de cette tendance.
Je sais que nombre d'étudiants allemands voient et glorifient dans Nietzsche l'apologiste de la force brutale et de l'impérialisme allemand. Cela ne prouve rien ; il y a des philistins partout.
Le Français, avec ses qualités supérieures de noblesse et de distinction que Nietzsche lui attribue avec raison, le Français a peut-être trop de délicatesse, presque de politesse, pour bouleverser violemment les délicates valeurs morales" (p. 363-364).
PAULHAN Fr., "Enquête sur l'influence allemande. M. Fr. Paulhan", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 364-366.
"Nietzsche est aujourd'hui en passe de devenir influent, et ce ne sera pas un mal si nous savons nous servir de ses idées. C'est là le point" (p. 365).
RACHILDE , "Enquête sur l'influence allemande. Mme Rachilde", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 368-369.
"Nietzsche a parlé de ses compatriotes avec dédain? Il n'est pas de grand homme qui ne puisse parler de ses compatriotes avec dédain et les grands hommes français ne font point exception, je pense" (p. 369).
RIBOT Th., "Enquête sur l'influence allemande. M. Th. Ribot", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 375-376.
"En ce qui concerne les études d'ordre philosophique, il est hors de doute que le grand mouvement qui a rempli presque tout le dix-neuvième siècle, de Kant à Hartmann, en passant par Schopenhauer, s'est arrêté depuis au moins vingt ans. Nietzsche, dont l'influence sur les contemporains est très grande, peut à peine compter pour un génie allemand : d'ailleurs c'est plutôt un penseur qu'un systématique" (p. 375).
ROSNY J.-H., "Enquête sur l'influence allemande. M. J.-H. Rosny", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 376.
"La philosophie allemande a cédé le pas au positivisme et à l'évolutionnisme. La littérature allemande est appauvrie depuis longtemps. Reste Nietzsche. Il agit sur une élite, mais sans pénétrer bien profondément, et dans un sens plutôt rétrograde" (p. 376).
SAINT-GEORGES DE BOUHELIER, "Enquête sur l'influence allemande. M. Saint-Georges de Bouhélier", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 376-377. [15]
"Je ne crois pas que la pensée allemande ait le moindre empire en France. (...) Quant à Nietzsche, il n'a jusqu'à présent pas fait sentir son influence en France. C'est, d'ailleurs, un grand esprit, le plus grand que l'Allemagne ait connu depuis Wagner" (p. 377).
VERHAEREN Emile, "Enquête sur l'influence allemande. M. Emile Verhaeren", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 378-379.
L'influence allemande "subsiste grâce à l'idéalisme universellement répandu parmi les écoles philosophiques récentes - l'une d'elles n'a-t-elle point adopté comme titre "le Néo-Kantisme"?
En outre, les doctrines de Nietzsche se glissent peu à peu à travers toutes la littérature nouvelle" (p. 378-379).
VIELE-GRIFFIN Francis, "Enquête sur l'influence allemande. M. Francis Viélé-Griffin", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 379-380.
Par rapport à la formulation du questionnaire de l'enquête : "Il serait difficile de prêter aux paroles de Guillaume II un poids qui les mît en équilibre avec celles de Goethe, de Schopenhauer, de Nietzsche, voire de M. Brandès" (p. 379).
WEBER Louis, "Enquête sur l'influence allemande. M. Louis Weber", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 380-382.
Se demande ce que l'on peut opposer au rationalisme kantien : "Nous découvrons Schopenhauer et Nietzsche, deux Allemands encore plus Allemands peut-être, par l'énormité de leurs paradoxes et la nébulosité de leur dialectique, que les Kant, les Hegel, chez lesquels l'influence du XVIIIe siècle et des encyclopédistes français est, somme toute, assez discernable" (p. 381).
ALBERT Henri, "Fritz Mauthner : Beitraege zu einer Kritik der Sprache", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 554-556. [16]
Cite Mauthner, "les mots sont les idées mêmes", et cite Nietzsche en parallèle : "Toute parole est un préjugé" (p. 555). Albert loue le style "sobre et net" de Mauthner et fait encore allusion à Nietzsche : "Nietzsche accusait les Allemands de ne connaître que le style improvisé (Le Voyageur et son ombre, aph. 95), et peut-être l'inconsistance de la langue ne déguise-t-elle que trop souvent, chez eux, des œuvres mal pensées" (p. 556).
SOLIDOR, « Les idées de la France. L’influence allemande contre l’influence française », in La Presse, n°3810, 4 novembre 1902.
A propos de l’enquête lancée par Jacques Morland dans le Mercure de France. Commentaires et extraits des réponses.
Anonyme, "Académie Française. Les prix de vertu", in Le Temps, n˚15135, 21 novembre 1902, supplément, p. 2.
Liste des prix décernés : "Prix Langlois (1,200 francs). - Prix partagé également entre la traduction des ouvrages suivants : La Poésie du ciel : le Paradis de Dante Alighieri, par M. l'abbé de la Rousselière, et la traduction des Ouvrages de Frédéric Nietzsche, par M. Henri Albert".
BAINVILLE Jacques, "Un Scepticisme nouveau. M. Remy de Gourmont", in Minerva, décembre 1902, p. 596-612.
Note l'influence de Nietzsche sur Remy de Gourmont, quoique Nietzsche n'ait rien introduit de vraiment nouveau (p. 607-609)
MAZEL Henri, "Enquête sur l'influence allemande. M. Henri Mazel", in Mercure de France, tome 44, n˚156, décembre 1902, p. 653-655.
Reconnaît que l'Allemagne n'est plus ce qu'elle fut mais qu'elle tient encore dans le monde de l'esprit sa place qui est une des premières. "Et parmi les penseurs de ces dernières années, je ne sais s'il y en a un dont l'influence ait été plus profonde, plus intense, plus bouleversante, et peut-être, à tout prendre, plus bienfaisante que Nietzsche" (p. 654).
LE BON Gustave, "Enquête sur l'influence allemande. M. le Dr. Gustave Le Bon", in Mercure de France, tome 44, n˚156, décembre 1902, p. 677.
"L'influence philosophique est au contraire très faible. Il n'y a guère que Nietzsche qui ait passé le Rhin depuis vingt ans et encore a-t-il bien peu d'influence chez nous" (p. 677).
MIOMANDRE Francis de, "Fragment d'un essai sur l'humanisme", in L'Occident, n°13, décembre 1902, p. 329-337.
Note: "Et voilà Frédéric Nietzsche arrivant démolir la Morale, parce qu'il reste debout cette suprême citadelle. Sur la plaine rase, l'envoyé de Zarathoustra, au lieu de se reposer au soleil du néant, s'empresse de rebâtir un autre monument : fragile, monstrueux, bizarre, le temple de l'égotisme. Ce dernier geste l'écarte de l'humanisme, malgré l'universelle culture, l'amour du beau antique et le goût de la grande ironie. Un disciple des renaissants se serait promené dans les ruines et n'aurait pas poussé plus loin l'effort que dessiner quelques épures utopiques." (p. 332-333)
UZANNE Octave, "Enquête sur l'influence allemande. M. Octave Uzanne", in Mercure de France, tome 44, n˚156, décembre 1902, p. 694-695.
"En dehors de Goethe, Schopenhauer, et plus récemment de Nietzsche, je cherche quel sillon profond ont pu tracer en Europe les écrivains germaniques philosophes, esthéticiens et autres" (p. 694).
LICHTENBERGER Henri, "A. Bartels. - Geschichte der deutschen Litteratur", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n˚10, 15 décembre 1902, p. 484-485. [18]
Souligne que la "caractéristique générale du livre est un "nationalisme" enthousiaste et intransigeant" et signale que l'auteur, foncièrement hostile à toute espèce de cosmopolitisme littéraire, "conjure ses compatriotes de rester résolument des Allemands, de ne pas chercher à devenir comme le leur conseille Nietzsche de "bon Européens"" (p. 484). Emet de nombreuses réserves et remarque notamment : "Je me demande encore si Nietzsche (dont M. B. parle d'ailleurs en termes fort convenables dans l'"aperçu" général de la dernière période) ne méritait pas les honneurs d'une étude spéciale comme poète de Zarathustra qui me paraît bien être un des grands chefs-d’œuvre du lyrisme allemand" (p. 485).
LICHTENBERGER Henri, "Arthur Seidl. - Wagneriana", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n˚10, 15 décembre 1902, p. 487-488. [20]
Précise que l'auteur est un wagnérien, mais un wagnérien "qui a lu Nietzsche, qui l'a compris et dont le culte de Wagner est exempt de tout fanatisme et de toute superstition. Il ne croit pas, assurément, qu'il soit indispensable de renier, comme l'a fait Nietzsche, son maître avec une fureur sacrilège. (...) Mais son wagnérisme ne l'empêche pas non plus de reconnaître que le maître de Bayreuth est désormais une figure historique et que les modernes ne sauraient borner leurs ambitions à continuer ses traditions et ses procédés" (p. 487).
Anonyme, "Individualisme et démocratie", {Réponses}, in La Fronde, 29 décembre 1902, p. 2.
S'appuie sur un article de Jean Ernest-Charles sur Nietzsche (Revue bleue) et discute la relation entre nietzschéisme et démocratie.
GAULTIER Jules de, "Flaubert et le bovarysme. L'Enfance. -Le Génie. -Le Snobisme" in Revue du nouveau siècle 4, 1902, p. 258-265.
YVERMONT Ary-Renée d', "Abimes d'amour. Etude de psychopathie (nouvelle)", in Revue du nouveau siècle, n˚4, 1902, p. 268-271.
En tête de la nouvelle, citation signée Nietzsche : "La femme n'a pas d'autre foi que l'amour" (p. 268). Emilienne sur le point de mourir est trompée par son mari ; l'auteur remarque : "La femme veut être prise, acceptée comme propriété, elle veut se fondre dans l'idée de propriété, de possession, aussi désire-t-elle quelqu'un qui prend, a dit Nietzsche ; la femme se donne, l'homme prend" (p. 271).