Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)
1868-1910: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE LAURE VERBAERE
ALBERT Henri, « Lic. Dr Eugen Kretzer : Joseph Arthur Graf Gobineau, sein Leben und sein Werk », {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 49, n˚169, janvier 1904, p. 262-265. [17]
S'interroge sur les raisons de l'engouement des Allemands pour Gobineau et suppose que c'est parce que Gobineau a été un admirateur passionné de Wagner, « du temps où l'on voyait les Nietzsche et les Gobineau, les Schuré et les Chamberlain, à côté de Melle de Meysenbug et d'autres personnalités de premier ordre (...) », du temps où ces amitiés représentaient « le centre du dernier épanouissement de la pensée allemande. » (p. 263)
DAUDIN H., "Emile Tardieu. - L'ennui, étude psychologique", {II. - Psychologie}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 57, n˚1, janvier 1904, p. 89-92. [18]
Remarque : « M. T. admet également, avec Nietzsche (p. 253), que l'ennui remplit une fonction utile au point de vue de l'individu : en nous repliant pour un temps sur nous-mêmes, il réalise une économie de nos forces. » (p. 91-92)
FOUILLEE Alfred, « L'idée de patrie », in Revue de métaphysique et de morale, tome 12, n˚1, janvier 1904, p. 109-136.
Soutient, contrairement aux libertaires et aux anarchistes que « l'homme, réduit à lui-même, ne serait plus qu'un simple animal » et remarque : « « Nous autres sans patrie! » s'écrie Nietzsche. Autant dire : - Nous autres abeilles sans ruche, fourmis sans fourmilière, individus sans paroles, sans science, sans arts, sans mœurs, homme sans humanité. « Nous autres sans patrie! » Mais dans la même page, Nietzsche s'écrie : « Nous autres bons Européens! » Or l'Europe est encore une autre patrie (...) » (p. 120) Evoque, dans une longue note, un article de Georges Palante, (p. 121-122). S'insurge contre « la théorie purement biologique et animal de la société, si à la mode hors de France » et dont Nietzsche « est le plus sincère représentant. » (p. 124)
JEAN Lucien, « Les hommes forts », {Notes}, in L'Ermitage, volume 29, janvier 1904, p. 69-73. [19]
Evoque la vie de Nietzsche pour montrer qu'il fut un homme fort (p. 70). Cite un passage du journal l'Aurore « calé entre deux propositions presque textuelles de Nietzsche. » (p. 70-71)
OSSIP-LOURIE, « Dostoiewsky », in La Revue Socialiste, janvier 1904, p. 80ff. [20]
Préfère Zarathoustra aux « héros maladifs et stériles » de Dostoiewsky (p. 80).
POLTI Georges, « Walter Schinz : Le problème de la tragédie en Allemagne », {Littérature dramatique}, in Mercure de France, tome 49, n˚169, janvier 1904, p. 203-205. [21]
Compte-rendu du livre de Walter Schinz. Nietzsche est cité parmi les « grands hommes qui ont mis tout leur génie dans des œuvres d'éternelle souffrance », p. 203. Polti affirme la supériorité de Wagner sur Schopenhauer et Nietzsche (p. 204).
SEGOND J., « Dr. Friedrich Selle. - Die Philosophie der Weltmacht », {I. - Philosophie générale}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 57, n˚1, janvier 1904, p. 88-89. [22]
Remarque que les « termes mêmes : philosophie de la puissance font songer à Nietzsche » (p. 88) et qu'il s'agit effectivement d'une discussion critique des deux systèmes de Nietzsche et de Spencer. Explique que l'auteur montre les défauts des deux philosophies et cherche à les unir intimement « pour faire voir dans le rythme quelque chose de vital et dans l'esthésie quelque chose de rythmique. » (p. 89)
TARDIEU Emile, « Le cynisme. Etude psychologique », in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 57, n˚1, janvier 1904, p. 1-28.
Passant en revue des écrivains qui ont émis des maximes cyniques, expose brièvement et sommairement les idées de Nietzsche, « l'immoraliste », qu'il cite : « Au fond, toutes les grandes passions sont bonnes, pour peu qu'elles puissent se donner carrière brusquement, que ce soit la colère, la crainte, la volupté, la haine, l'espérance, le triomphe, le désespoir ou la cruauté ». (p. 9). Ou encore : « L'homme doit devenir meilleur et plus méchant - c'est ce que j'enseigne, moi. Le plus grand mal est nécessaire pour le plus grand bien du Surhomme. » (p. 9) Ne discute pas les idées de Nietzsche mais ajoute aussitôt en note : « Pour la réfutation de Nietzsche, voir Fouillée, Nietzsche et l'immoralisme, .. » (note 1, p. 9)
Considérant que le cynisme est « le signe des forts », estime que la marche victorieuse du cynique « ne va pas sans faire des victimes ; il ne les plaindra pas. » (p. 15) Ajoute une citation de Nietzsche : « Chaque instant dévore le précédent ; chaque naissance est la mort d'être innombrables ; engendrer, vivre et assassiner ne sont qu'un. Et c'est pourquoi aussi nous pouvons comparer la culture triomphante à un vainqueur dégouttant de sang et qui traîne à la suite de son cortège triomphal un troupeau de vaincus, d'esclaves, enchaînés à son char. » (note 3, p. 15)
BURY Robert de, {Les journaux}, in Mercure de France, tome 49, n˚170, février 1904, p. 519-525.
Reproduit une « fantaisie » publiée dans le journal Mon Dimanche : un célèbre professeur de philosophie, nommé Newmann, projette « d'établir une morale basée sur les seules inspirations de l'instinct. » (p. 524-525)
REMOND Georges, "Un peintre suisse. Arnold Boecklin", in L'Occident, n°27, février 1904, p. 79-88.
Raconte à propos du Cas Wagner: "Ne voyez-vous pas, me disait un jeune Allemand très perspicace que c'est lui-même qu'il flagelle sur le dos de Wagner et de quelle main ! c'est un fameux chrétien ! Lui-même et d'autres encore, à mon sens. Le « cas Wagner » pourrait devenir indifféremment, et sans presque y rien changer, le « cas Nietzsche », le « cas BœckJin », ou mieux « un cas allemand »." (p. 87)
SEGOND J., « Paul Schwartzkoppf. - Das Leben als Einzelleben und Gesamtleben », {Analyses et comptes rendus}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 57, n˚2, février 1904, p. 214-216. [23]
Selon Schwartzkoppf, « Nietzsche a joué un rôle fécond, en attribuant à l'individu une importance suprême, en le rétablissant ainsi dans la réalité, bien que, niant la chose en soi et le vrai, il ait supprimé par là la vie universelle. » (p. 215)
ULAR Alexandre, "La volonté de puissance", {Politique extérieure}, in L'Aurore, n°2302, 7 février 1904, p.2.
Se déclare élève de Nietzsche.
APOLLINAIRE Guillaume, « La mort de Kant », {Variétés}, in L'Européen, 13 février 1904. [24]
Résumé de la vie de Kant. Apollinaire remarque : « Kant qui, comme Spinoza, Bayle, Leibnits, avant lui, et Nietzsche après lui, ne se maria pas, aimait la société des femmes. »
PINON René, "L'idée de responsabilité sociale dans l'éducation de la femme", in Le Correspondant, 76ème année, 25 février 1904, p. 614-631.
Contre les théories individualistes de Nietzsche et leur influence (p. 624 et 625)
BRENIER DE MONTMORAND, « Ascétisme et mysticisme », in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 57, n˚3, mars 1904, p. 242-262.
Distingue deux écoles touchant la nature humaine et précise que l'une « de ces écoles est foncièrement optimiste ». Cite Rabelais, Montaigne, Rousseau et « Nietzsche, qui voit dans la croyance au péché, dans le sentiment du repentir et dans le besoin de l'expiation autant de manifestations d'une « morale d'esclaves » et d'un profond détraquement physique et mental. » (p. 243)
DUPRAT G. -L., "Gaston Gaillard. - De l'étude des phénomènes", {Philosophie et divers}, in Revue internationale de sociologie, tome 12, n°3, mars 1904, p. 223-225.
Compte-rendu d’un ouvrage de Gaston Gaillard, De l’étude des phénomènes (Paris, Schleicher, 1903). Note que l’auteur s’inspire de Nietzsche et approuve ses thèses individualistes (p. 224).
DUPRAT G. -L., "Léon Tolstoï. - Au clergé", {Philosophie et divers}, in Revue internationale de sociologie, tome 12, n°3, mars 1904, p. 223-225.
Compte-rendu de Tolstoï, Au clergé (Paris, Perrin, 1903). Note que l’auteur commence par de violentes critiques de Nietzsche (p. 225).
GHEON Henri, « Les lectures », {Chroniques du mois}, in L'Ermitage, volume 29, n˚3, mars 1904, p. 223-227.
Compte-rendu de Paul-Louis Garnier, Les Fins de l'Art contemporain (p. 224-225) ; regrette les égarements liés à la « fougue lyrique » de l'auteur mais conclut en louant « sa précieuse intuition de critique » : « J'en veux pour garant les pages consacrées à Dostoïewsky et à Nietzsche, -Nietzsche, précurseur de tous en universalité. » (p. 225)
ARREAT Louis, « Gaston Gaillard. - De l'étude des phénomènes au point de vue de leur problème particulier », {Analyses et comptes rendus. I. Théorie de la connaissance}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 57, n˚4, avril 1904, p. 410-413.
« M. Gaillard, en libre suivant de Nietzsche qu'il cite avec complaisance et abondance, ne se contente pas de répudier les anciennes morales, rationnelles ou formelles, qui se présentent plus ou moins, dit-il, « comme quelque chose d'extérieur à nous-mêmes et aux autres » ; mais de plus il les déclare immorales, en ce qu'elles asservissent l'individu « aux seules lois profitables et utiles à la médiocrité et au nombre ». » (p. 412)
CANTECOR G., « La science positive de la morale », in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 57, n˚4, avril 1904, p. 368-392.
Estime que « la science est l'œuvre d'une race et d'une époque » et que la morale ne fait pas exception : « En ce sens le nihilisme hautain de Nietzsche était légitime en son principe. C'était son droit, encore que sans doute il n'en ait pas usé rationnellement, de prétendre « transmuter toutes les valeurs ». Sans être son disciple, il faut lui savoir gré d'avoir vaillamment défendu contre les routines d'une conscience asservie la vrai liberté philosophique. » (p. 391)
DAURIAC Lionel, « Le testament philosophique de Renouvier », in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 57, n˚4, avril 1904, p. 337-358.
Esquissant la « curieuse et vaste cosmogonie antécosmique » de Renouvier, Dauriac développe l'idée selon laquelle « c'est le libre vouloir de la créature qui produit la faute et rend la chute inévitable » : « Les Caïns mirent à mort les Abels, et cela, sous l'empire de la « Volonté de puissance » qui s'était graduellement substituée à la volonté de justice. Nietzsche a développé longuement et superbement un thème analogue. Sa doctrine n'est-elle point, d'ailleurs, une apologie de la volonté de puissance? Seulement, et tout au rebours du vœu de Nietzsche, les vainqueurs de la veille ont expié leur victoire. » (p. 353)
LANSON G., « Ch. Bossert. - Schopenhauer. L'homme et le philosophe », {Littérature française}, in Revue universitaire, tome I, n˚4, 15 avril 1904, p. 327. [25]
Remarque : « Il y a vingt-cinq ans, Schopenhauer était à la mode chez nous, et les jeunes gens le lisaient ou le citaient. Depuis dix ans, Nietzsche l'a remplacé. Ce n'est pas une raison de moins estimer, ni de moins étudier Schopenhauer. »
BOUYER Raymond, {Revue musicale}, in Nouvelle Revue, tome 27, 1er avril 1904, p. 422-426.
A propos de la symphonie de Vincent d’Indy, La fille de Roland. Note : « Le philosophe Nietzsche, qui souhaitait la fin du wagnérisme, applaudirait. » (p. 426).
LEFEBVRE SAINT-OGAN, « Les désarmés V », in Nouvelle Revue, tome 27, 1er avril 1904, p. 393-413.
Le nom de Nietzsche est évoqué pour un personnage (p. 394 et 407).
DELAHAYE Ernest, « Rimbaud (conclusion) », in La jeune Champagne, n°15, juin 1904, p. 259-265.
Note : « Il serait non moins superflu de chercher en lui [Rimbaud] cette surhumanité que Nietzsche inventa plus tard, au marnent d'entrer dans la folie. Ce n'est pas que la théorie du philosophe allemand n'ait recueilli parmi nous plus d'une adhésion badaude. On sait que ce pauvre diable, dont le « moi » tuméfié affection bien moderne finit par étouffer les facultés de mesure et de comparaison qui constituent la raison humaine, avait cru intéressant de bâtir, en concurrence avec les enfantines idées de Schopenhauer sur l’inutilité de l'existence, un système qui justifierait la vie précieuse découverte – en exaltant les beautés et la puissance de la volonté. Maint snob a répété d'un air farouche ce mot terrible et contracté sa petite intelligence… animula vagula … pour lui procurer ce que mettait en œuvre, sans faire tant d'histoire, le premier trilobite apparu sur la surface du globe. Ce serait, parait-il, en développant à outrance la volonté » que l'on deviendrait un surhomme ». Rimbaud connaissait assez les lois générales de l'histoire naturelle pour savoir qu il ne peut exister de « surhomme » pas plus qu'il n'existera de surrose ni de surnavet. » (p. 259-260).
DUPRAT G. -L., « Dr Pascal Rossi. - Les suggesteurs et la foule », {Analyses et comptes rendus. IV. Psychologie}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 57, n˚6, juin 1904, p. 673-675. [26]
Compte-rendu du livre du Dr Pascal Rossi. Duprat distingue les « meneurs immédiats » (« démagogues violents », « mystiques exaltés ») et les « meneurs médiats » (« meneurs artistiques et intellectuels ») et remarque : « Tandis que les « meneurs immédiats » exercent leur influence souvent redoutable, parfois bienfaisante, par le geste, la mimique, la parole, la musique, les « meneurs médiats » doivent d'ordinaire avoir recours aux écrits : tel Mme de Staël (p. 183) et Nietzsche. » (p. 674)
SCHURIG Arthur, « Stendhal en Allemagne », {Echos}, in Mercure de France, tome 50, n˚174, juin 1904, p. 855.
Lettre d'un lecteur qui rectifie : le premier Stendhalien en Allemagne n'est pas W. Weigandt, c'est Goethe : « D'autres Stendhaliens suivirent : Frédéric Nietzsche, à qui est due la célébrité de Stendhal en Allemagne. »
BLUM Léon, « M. Maurice Donnay et l'antisémitisme », in L'Humanité, 1er juin 1904, p.
1.
Compte-rendu de Retour à Jérusalem.
REMUSAT R., « Propos d’Islande », in Nouvelle Revue, tome 28, 1er juin 1904, p. 390-398.
Signale une jeune école de littérateurs pessimistes et révolutionnaires qui fonda vers 1880 Verdandi, une revue influencée par « Nietzsche, Georges Brandès et Henrik Ibsen » (p. 394).
LICHTENBERGER Henri, « Oscar Lévy. - Das neunzehnte Jahrhundert », {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n˚6, 15 juin 1904, p. 55. [27]
Constate qu'il s'agit d'un « dithyrambe en l'honneur de Nietzsche. » Résume avant de conclure : « Ce livre, sans prétentions scientifiques, peut offrir un certain intérêt comme profession de foi typique d'un nietzschéanisme intransigeant qui ne doit guère être répandu en Allemagne au delà d'un cercle d'adeptes fort limité sans doute. »
LICHTENBERGER Henri, « V. Basch. - L'individualisme anarchiste. Max Stirner », {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n˚6, 15 juin 1904, p. 59-60. [28]
Compte-rendu de l'étude de Victor Basch. Constate que si Stirner a depuis peu du succès en Allemagne et en France, c'est parce qu'on voit en lui « le précurseur de Nietzsche. » (p. 59)
Regrette l'absence de renseignements sur la personnalité de Stirner et ajoute : « il me semble qu'il eût été instructif de se rendre compte des différences qui séparent à ce point de vue un Stirner d'un Nietzsche et de voir comment, en dépit d'analogies évidentes, leurs doctrines sont l'expression de tempéraments singulièrement dissemblables et à certains égards presque opposés. » (p. 60).
LICHTENBERGER Henri, « Gustav Levy. - Richard Wagners Lebensgang in tabellarischer Darstellung », {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n˚6, 15 juin 1904, p. 62. [29]
Signale que certains détails sont à rectifier : « Je supprimerais page 56 la note 5 qui semble insinuer que Nietzsche aurait abandonné la cause wagnérienne parce que l'assemblée des « patrons » de l'entreprise de Bayreuth avait repoussé son projet de Mahnruf an die Deutschen ; par contre je noterais en juillet 1876 la publication de Richard Wagner in Bayreuth de Nietzsche qui marque une date dans l'histoire, sinon de Wagner, du moins du wagnérisme. »
EPUY Michel, "A propos des livres récents de MM. Pouvillon et Albalat", {Choses et autres}, in La jeune française, t. 1, n°12, 20 juin 1904, p. 417-421.
Ironique: "(...), selon vos goûts, achetez du Nietzsche ou de l'Alexandre Dumas père..., mais pas Jep d'Emile Pouvillon. Il est bon, en effet, ne nous lassons pas de le dire, il est bon que les romans sensés, bien écrits, charmants, délicieux soient bien moins recommandés et lus que les œuvres gauches, très documentées, très philosophiques, très nébuleuses, très profondes... Cela est excellent pour beaucoup de raisons. En tous les cas il est bien agréable de se sentir contre la foule qui préfère les livres très documentés, très philosophiques, très nébuleux, très profonds, de se rencontrer avec les rares lettrés délicates pour goûter fort des ouvrages qui ne sont que sensés, bien écrits, charmants, délicieux... Et puis, si chacun savait apprécier le délicat et le beau partout où ils se trouvent, nos chroniques, ô mes confrères, seraient du coup sans objet." (p. 418)
DUMAS Georges Dr, « J. Grasset. - Leçons de clinique générale », {IV. - Psychologie pathologique}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 58, n˚7, juillet 1904, p. 97-101. [30]
Grasset « accepte comme un fait démontré, que les supérieurs intellectuels sont souvent des névrosés. » Nietzsche fait partie des « génies névropathes » dont Grasset dresse une longue liste (p. 100).
SCHURE Edouard, « Le théâtre de Gabriel d'Annunzio », in Revue bleue, tome II, n˚1, 2 juillet 1904, p. 1-5.
Texte d'une conférence faite sous les auspices de la Revue bleue le 22 juin 1904. Evoque les emprunts de D'Annunzio à Nietzsche (p. 2 et 4).
SCHURE Edouard, « Le théâtre de Gabriel d'Annunzio (suite et fin) », in Revue bleue, tome II, n˚2, 9 juillet 1904, p. 33-38.
Suite. Souligne à nouveau ce que D'Annunzio doit à Nietzsche (p. 35-36).
APOLLINAIRE Guillaume, {Notes du mois}, in Le festin d'Esope, août 1904, p. 157. [31]
A propos de Remy de Gourmont, Epilogues : « Si Remy de Gourmont n'adorait aucun dieu, il serait notre Renan. Un Renan plus jeune et plus savant, mais idolâtre. Il se courbe devant Nietzsche. »
ARREAT Lucien, « Ludwig Stein. - Der Sinn des Daseins. Streifzüge eines Optimisten durch die Philosophie der Gegenwart », {Analyses et comptes rendus. I. Philosophie générale}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 58, n˚8, août 1904, p. 179-183. [32]
Stein dénonce la pensée « des sceptiques et des nihilistes du savoir, qui nous crient en se moquant que le monde n'a point de sens. L'individualisme anarchique, le solipsisme ou égoïsme du moi, professé par Stirner et par Nietzsche, n'est à ses yeux que le retour à un fétichisme ancestral, le retour à la sauvagerie primitive et au droit du plus fort. » (p. 179)
POTTIER Paul, "Parmi les anarchistes. Mœurs contemporaines", in La Revue, vol. 49, t. 3, 1904, p. 133-150.
Certains ont professé "avec ostentation un individualisme soi-disant aristocratique" et ont copié Nietzsche (p. 143)
FAGUET Emile, "Un livre sur Schopenhauer", in La Revue, vol. 49, t. 3, 1904, p. 319-324.
Compte-rendu d'A. Bossert, Schopenhauer, l'homme et le philosophe publié aux éditions Hachette. Note: (...) n'oublions pas que Nietzsche lui-même, dont nous sommes tous engoués à présent, soit que nous l'adoptions, soit que nous le repoussions avec horreur (et le plus beau succès d'un philosophe, est d'être adoré, mais le plus grand succès d'un philosophe est d'être exécré) n'oublions donc point que Nietzsche lui-même, doit infiniment, ce qu'il n'a pas nié, du reste, à Schopenhauer. J'ai dit qu'avec Goethe et Renan, sans beaucoup tenir compte de Schopenhauer, on reconstituerait à peu près tout Nietzsche." (p. 319)
CORRADINI Enrico, "L'âme littéraire de l'Italie actuelle", in La Revue, vol. 49, t. 3, 1904, p. 415-436.
Parmi les idées qui hantent la jeunesse italienne, nomme "le nietzschéisme tel qu'il fut ou qu'on l'a cru italianisé, stylisé, vulgarisé par Gabriel d'Annunzio et qui a été mal compris" (p. 428). Sur le nietzschéisme dans le roman: "Je pourrais nommer dix, vingt, cinquante romans qui portent les signes de ravages produits dans les esprits par la tourmente passée : Nietzsche avec Tolstoï, ou mieux : d'Annunzio-Nietzsche avec Tolstoï-Socialisme." (p. 429)
Anonyme, « L'Individualisme Anarchiste : Max Stirner, par Victor Basch », in Revue de métaphysique et de morale, tome 12, supplément n˚6, septembre 1904, p. 5.
Victor Basch « éclaire la nature de l'individualisme anarchiste tel qu'il apparaît à travers les formes variées qu'il a revêtues depuis Calliclès jusqu'à Stirner et Nietzsche. »
BEAUNIER André, « Picrate et Siméon (fin) » », in Revue de Paris, tome 5, 1er septembre 1904, p. 137-186.
Un personnage cite Nietzsche (p. 176).
KAHN Gustave, « Stirner et l’individualisme », in Nouvelle Revue, tome 30, 1er septembre 1904, p. 131-136.
Juge incontestable l’influence de Stirner sur Nietzsche (p. 133-136).
ADAM Paul, « Le serpent noir », in Revue de Paris, tome 5, 15 septembre 1904, p. 225-271.
Nietzsche cité plusieurs fois.
CLEMENCEAU Georges, "De Rome à Berlin", in L'Aurore, n°2533, 25 septembre 1904, p. 1.
Rapporte et discute des propos de Haeckel. Cite notamment: "(...) on a beaucoup plus le culte de Nietzsche en France que chez nous, où on a su très bien lui marquer la place qui lui revient... Nous regrettons seulement qu'il ne se soit pas davantage occupé de science."
ALBERT Henri, « Paul Wiegler : Franzoesische Rebellen », {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 52, n˚178, octobre 1904, p. 257. [33]
Signale que l'un des huit chapitres qui composent le livre s'intitule : "« Barrésisme et Nietzschéisme » (Jules de Gaultier)."
ADAM Paul, « Le serpent noir », in Revue de Paris, tome 5, 1er octobre 1904, p. 474-528.
Evoque Nietzsche (p. 498, 505,514).
DIVOIRE Fernand, « Nord contre Sud », in Nouvelle Revue, tome 30, 15 octobre 1904, p. 454-456.
Dans la « grande tribu des « amoraux » », place « Pierre Louys et avec Nietzsche (un sudiste qui serait passé par l’Université), tous les théoriciens de l’idéal latin » (p. 455).
ADAM Paul, « Le serpent noir », in Revue de Paris, tome 6, 1er novembre 1904, p. 125-177.
Evoque Nietzsche (p. 134-135 et 150-151).
DUPRAT G. -L., "Victor Basch. L'individualisme anarchiste", in Revue internationale de sociologie, t. 12, n°11, novembre 1904, p. 849.
Sur Victor Basch. Emet l'hypothèse que "l'immoralisme de Nietzsche" serait un complément de l'individualisme de Stirner.
DUPRAT G. -L., "Belot, Darlu, Gide, Bernès, Landry, Roberty, Allier, Lichtenberger, Brunschvicg. - Etudes sur la Philosophie Morale au XIXe siècle", in Revue internationale de sociologie, t. 12, n°11, novembre 1904, p. 850-852.
MALLET F., {Les livres}, in L’œuvre nouvelle, t. II, n°20, novembre 1904, p. 377-378.
Compte-rendu des Epilogues de Remy de Gourmont.
MIOMANDRE Francis de, « Une crise intellectuelle », in Revue bleue, tome II, n˚20, 12 novembre 1904, p. 638-640.
Décrit la crise comme une réaction contre l'influence menaçante des étrangers, dont Nietzsche (p. 638 et 639).
ADAM Paul, « Le serpent noir », in Revue de Paris, tome 6, 15 novembre 1904, p. 323-373.
Cite Nietzsche (p. 332).
ADAM Paul, « Le serpent noir », in Revue de Paris, tome 6, 1er décembre 1904, p. 602-654.
Cite Nietzsche p. 648.
LEGRAND Georges, "Philosophie morale et science des mœurs d'après un livre récent", in Revue néo-scolastique, 11ème année, n°43, p. 321-336.
Doute, contre l'auteur, que la morale de Nietzsche n'agisse réellement que sur un public restreint: "Est-il bien sûr que la morale de Nietzsche, la morale du moi dominateur, n'a pas un nombre d'adeptes considérable dans notre société contemporaine?" (p. 323)
MONTFORT Eugène, « Un autre romantique que nous pouvons aimer : Maurice Barrès », in Les Marges, 1, 1904, p. 96ff.
Anonyme, "Société de sociologie. Séance du mercredi 8 juin 1904", in Revue internationale de sociologie, tome 12, n°7, juillet 1904, p. 527-553.
Extraits de la conférence de Charles Rossigneux prononcée à la Société de sociologie de Paris (p. 543-552). A propos de l'immoralité, note que le surhomme de Nietzsche n'est qu'une criminel supérieur (note 2, p. 545). L'ordre du jour est "Sociologie et morale".
LAUDENBACH, "La France et le Problème de l'Etude des Langues", in Bulletin de la Société pour la propagation des langues étrangères, p. 191-195.
Extraits du discours prononcé par "un professeur" lors de la distribution des prix du lycée Saint-Louis en 1904.
"(...) les nations, à la faveur de la concurrence moderne, ont pris une conscience plus nette d'elles-mêmes, et défendent, maintenant, leur indépendance intellectuelle avec le même soin jaloux qu'elles réservaient autrefois à la défense de leur intégrité territoriale.
Dans ces conditions, les qualités de son esprit et le prestige de sa langue seraient impuissants à conserver à la France la domination intellectuelle, s'il ne s'y alliait une large compréhension de toutes les manifestations importantes de l'âme étrangère, qu'elles s'appellent l'individualisme hésitant d'Ibsen, l'individualisme forcené de Nietzsche, l'ascétisme de Tolstoï, l'impérialisme de Kipling ou la religion de la beauté de Ruskin" (p. 193).