Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)
1868-1910: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE LAURE VERBAERE
Anonyme, "Philosophische Stroemungen der Gegenwart, par Ludwig Stein", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°1, supplément de janvier 1910, p. 6-8.
Enumère brièvement le contenu des dix chapitres qui composent la première partie de l'ouvrage. Détaille: "Chap. VIII: Les individualistes: Stirner (le "Don Quichotte de l'individualisme") et Nietzsche." (p. 7) Constate le peu d'influence que la philosophie allemande exerce dans le pays même et estime que le livre de Louis Stein en est la démonstration : "Quel aveu humiliant en effet, que d'être obligé de traiter sérieusement, de consacrer un chapitre entier à un marchand d'orviétan pseudophilosophique tel que M. H. S. Chamberlain, et de constater qu'il a tant de prise sur l'opinion publique que des philosophes autorisés ont fini par les prendre au sérieux." (p. 8)
Anonyme, "Jean Marie Guyaus Moral-und Religions-philosophie, par Mme Elisabeth Zitron", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°1, supplément de janvier 1910, p. 15.
Critique la comparaison menée et finalement conteste l'opposition symétrique entre Nietzsche et Guyau que constate Alfred Fouillée.
Anonyme, "Revue des idées", {Revues et périodiques}, in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°1, supplément de janvier 1910, p. 20-23.
Compte-rendu d'un article de Georges Batault, sur "L'idée d'évolution et le concept de durée". Note: "Selon l'auteur, la "réintégration du principe de durée dans la philosophie et les sciences" est due, non seulement à Bergson, mais aussi à Nietzsche." (p. 21)
SAINT-POINT Valentine de, "Une Mort (II)", in Nouvelle Revue, t. XIII, 1er janvier 1910, p. 25-54.
Roman. Le début a paru le 15 décembre 1909 et la suite paraît dans les numéros suivants.
Siegfried emprunte dans la bibliothèque d'Unique un livre de Nietzsche qu'elle a lu et annoté. Description des annotations laissées (p. 39-40).
PREVOST Marcel, "La fiancée trop difficile", {Les Chroniques de femina}, in Femina, n°215, 1er janvier 1910, p. 5.
Répond à la lettre d'une lectrice qui s'inquiète d'épouser un homme qu'elle aime mais qui n'est pas très intelligent.
Note d'abord qu'elle a peut-être tort puis suppose que ce soit bien le cas: "J'admets comme prouvée l'inintelligence de notre pauvre fiancé. Qu'allons-nous en conclure ? Faudra-t-il l'évincer comme indigne parce qu'il méconnaît le surhomme de Nietzsche, et ne prétend qu'à la gloire d'être un brave homme de mari, une bonne pâte d'époux affectueux et dévoué ?
Ecoutez bien, Mademoiselle. Il me semble que si j'étais femme, l'infériorité intellectuelle d'un fiancé ne me rebuterait point, à condition
que je l'aime. — Que dis-je ? elle pourrait même m'intéresser. Le rôle, d'une épousé supérieure à son époux n'est pas injouable, soyez en convaincue".
MONTFORT Eugène de, "Charles-Louis Philippe", in Les Marges, 5, janvier 1910.
REYNOLD Gonzague de, "Le Besoin de l'ordre", in Voile latine, janvier 1910.
CLOUARD Henri, "La "Cocarde" de Barrès", in Revue critique des idées et des livres, 10 janvier 1910, p. 332-358.
Suite. Note qu'"une impression de nationalisme très nette se dégage" de la série « Vie intellectuelle » de Charles Maurras (dans La Cocarde). Ajoute que Maurras, "quand il l'eut achevée, put se rendre ce témoignage non seulement d'y avoir « associé pas mal de réflexion à beaucoup de passion », mais surtout d'y avoir fait sentir la nécessité des traditions, non sans avoir respecté toutefois un légitime internationalisme." Cite Maurras: "Justement, en raison du mépris que nous inspirait à Paris le métèque arrogant et vil, nous nous appliquions à relever ce qui paraissait d'éminent parmi les races étrangères et, par exemple, nous avons suivi d'assez près le développement de Frédéric Nietzsche" (p. 354).
Voir Charles Maurras, "La Vie intellectuelle", in La Cocarde, 7 mars 1895, p. 2.
ROLAND-GOSSELIN D., "L'étude des Morales païennes", in Revue de la jeunesse, 10 janvier 1910, p. 299-304.
Signe "O. P. Professeur d'Histoire de la Philosophie".
Débute en justifiant: "Morales païennes: l’expression serait défectueuse et insuffisante si on voulait la restreindre à désigner les vieilles morales du paganisme. Je l’entends au contraire, pour l’instant, aussi bien de la morale d’un Kant ou d’un Nietzsche que de celle de Socrate ou du Stoïcisme. C’est en effet de toutes les doctrines morales étrangères à l’Évangile, que la Revue de la Jeunesse voudrait tour à tour entretenir ses lecteurs, - pour leur plus grand bien, - et de toutes que j’ai, présentement, l’intention de leur dire qu'elles sont très utiles à connaître, à certaines conditions" (p. 299).
Sur la morale de Nietzsche. Conclut: "Ces quelques réflexions suffiront, je crois, à faire comprendre de nos lecteurs, la raison d’être d’études suivies sur les différentes morales « païennes », et l’esprit dans lequel elles demandent à être lues. Dans ce même esprit, d’ailleurs, on s’efforcera de les écrire, — soucieux de donner l’exemple d’une critique probe et féconde" (p. 304).
Article cité dans la Revue Montalembert: organe de la Réunion des étudiants (1910).
LICHTENBERGER Henri, "W. Ostwald, Grosse Maenner", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome I, n°1, 15 janvier 1910, p. 41-43.
Signale que l'ouvrage est consacré "à l'attirant problème de la genèse des grands hommes" et résume: "M. O. voit essentiellement dans la culture une amélioration du coefficient de rendement du travail humain et dans le génie un " transformateur " d'énergie qui travaille avec un coefficient économique particulièrement satisfaisant." (p. 41) Estime: "J'ai l'impression que la génération présente qui a beaucoup pratiqué Nietzsche n'est pas très disposée à se contenter d'une solution aussi simple et aussi optimiste." (p. 41)
VANDEREM Fernand, "Discours pour la Réception de Mme Daniel Lesueur", in Femina, n°216, 15 janvier 1910, p. 16.
L'auteur imagine que Daniel Lesueur a été reçue à l'Académie française et réagit au discours qu'elle a prononcé.
Mentionne la faveur populaire de Daniel Lesueur:
"Vous avez toujours eu le privilège, Madame, de passionner l'opinion. Dès que paraît un de vos ouvrages, les interviews partent toutes seules et les enquêtes éclatent sous vos pas. Renouvelez-vous le roman d'aventures? Aussitôt, d'elle-même, toute la littérature
s'empresse de fournir son avis sur ce renouvellement. Introduisez-vous la philosophie de Nietzsche en un de vos livres ? Ce sont immédiatement dans les gazettes cent questionnaires spontanés sur cette doctrine. Proclamez-vous le « droit à la force » ? Il n'en faut pas plus pour que ce droit fasse jaillir d'emblée, dans tous les journaux, les commentaires les plus animés".
Note qu'elle a trouvé une doctrine qui lui convient, "un système conforme à la fois et à votre besoin d'action et à votre fine pitié humaine : j'ai nommé, Madame, le nietzschéisme". Ajoute qu'elle s'y est rigoureusement et passionnément tenue:
"Bien plus, à peine étudiée, vous avez éprouvé l'impérieux devoir de la communiquer à vos concitoyens. Et ce fut, coup sûr coup, ces deux belles leçons de vaillance morale, ces deux poignants et substantiels romans : Nietzschéenne, Le Droit à la Force.
Que vous vous soyez entièrement assimilé la totalité de la philosophie de Nietzsche, voilà ce que je ne me hasarderais pas à affirmer, Madame. Nietzsche est un auteur difficile, obscur, épars, voire même contradictoire. Mais l'essentiel de ses idées si souvent calomniées ou dénaturées : suprématie légitime des forts, mépris de la faiblesse, surmenage de la volonté, — rien de tout cela ne vous a échappée et vous avez su ingénieusement le faire revivre en vos récents livres.".
Anonyme, "Au conseil municipal", in Le Midi socialiste, 20 janvier 1910, p. 3.
Contient: "Où Nietzsche va se nicher". Se moque que dans la discussion, M. Juppont cite Nietzsche (voir le texte ).
GOURMONT Remy de, "Le Maître d'école", {Causeries}, in La Dépêche, 24 janvier 1910, p. 1.
Les enfants ont besoin d'une morale simple, pas de Nietzsche.
SAUVEBOIS Gaston, "Essai sur une espèce", in Les Rubriques nouvelles, 25 janvier 1910, p. 16-18.
Sur l'arriviste, variante de l'individualisme, du nietzschéisme...
APOLLINAIRE Guillaume, "Le thé poétique de la duchesse", in Paris-Journal, 29 janvier 1910.
Anecdotes sur la vie dans les salons : "M. Schuré - qui avait perdu son lorgnon - discutait violemment avec un jeune homme à propos de l'article que M. Meyerson a publié contre Nietzsche dans Paris-Journal."
Collectif, "Pédagogie", in L'Inspection primaire. Bulletin du Cours Turgot, n°1, janvier-février 1910, p. 7-19.
Sujets de dissertation et sujets de devoirs en lien indirect ou direct (p. 8) avec les idées de Nietzsche.
Proposition de correction d'Adolphe Espiard (professeur de philosophie) dans le numéro de mai-juin 1910.
ALBERT Henri, "Julius Meier-Graefe: Spanische Reise", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 83, n°303, 1er février 1910, p. 546-547.
Le livre est, selon Albert, presque entièrement écrit en style télégraphique : "Si l'on voulait critiquer ce style, on lui appliquerait ce que Nietzsche dit du langage des officiers allemands. Une succession de clichés, déroulée sur un ton cassant." (p. 547)
PARODI Dominique, "Les grandes tendances de la philosophie contemporaine en France" , in Revue du Mois, n°50, 10 février 1910, p. 141-162.
Leçon d'ouverture d'un cours à l'Ecole des Hautes Etudes sociales en 1909/1910.
Constate l'absence de philosophie officielle, la prépondérance d'un courant anti-intellectualiste, la posibilité d'une réaction contre ce courant. Désigne une philosophie française qui est autonome, les influences étrangères n'ayant agi que sur la forme. Conclut: "La notion d'évolution universelle, l'idée de vie chez un Guyau, introduisaient des éléments d'instabilité jusque dans nos certitudes et dans notre science, jusque dans la constitution même de notre raison. L'influence d'un Schopenhauer et plus tard d'un Nietzsche devaient manifester avec éclat ces conséquences: mettre le vouloir-vivre ou le vouloir-grandir à la racine de l'être, c'est réduire l'intelligence à n'être plus qu'un instrument de la vie, supportée et débordée par quelque chose de beaucoup plus profond qu'elle. (...) Il en résulte bien que la valeur des idées résidera moins dans leur vérité intrinsèque, qui s'évanouit, que dans leur utilité; elles ne seront plus qu'un épisode secondaire, sinon un accident, au cours de l'évolution, et, encore une fois, un simple instrument de vie.
Ce sont ces ferments d'anti-intellectualisme que nous allons voir maintenant se développer, et converger, bien que venant de sources si diverses, non pas sans doute vers une commune doctrine, mais au moins vers un esprit semblable lequel sans doute ne se manifeste pas chez tous les penseurs contemporains en France, ni chez tous sous la même forme, ni au même degré, mais qui pourtant nous a paru constituer comme la note distinctive et comme la nuance propre de l'heure présente en philosophie" (p. 162).
ROUZAUD Henri, "Revue des revues", in Revue critique des idées et des livres, tome 8, 10 février 1910, p. 290-297.
Compte-rendu de Gonzague de Reynold, "Le Besoin de l'ordre", dans la Voile latine. Rouzaud remarque : "Quand, parmi les maîtres "les plus immédiatement utiles", M. de Reynold nomme Maurice Barrès, nous ne pouvons que l'encourager et le féliciter; mais nous ne le suivons plus lorsqu'il recommande Nietzsche; assurément Nietzsche n'est plus l'anarchisme démocratique, mais c'est une nouvelle forme d'anarchisme. Il ne faut pas confondre la Force brute, indisciplinée, avec l'Autorité qui agit en vue d'un but précis, le bien public." (p. 295-296)
BORDEAUX Henry, "La peur de vivre", in La Paix sociale, 17 février et 20 février 1910, p. 2.
Publication en feuilleton du roman déjà publié en 1902, couronné par l'Académie française et très souvent réédité (centième édition en 1914). Dans la préface, Henry Bordeaux constate qu'il est "dans les affaires, en politique, dans le monde, un peu partout, des hommes et même des femmes qui déploient de quelque manière leur force et leur courage. Ce ne sont pas nécessairement des bandits. Mais, tous, ils ne veulent obtenir de la vie que des joies ou tout au moins des sensations violentes, et prétendent la rejeter ensuite comme une orange exprimée. Ce sont des individualistes forcenés qui ne veulent garder aucune mesure dans la jouissance et ne voient dans l'univers qu'un héritage personnel à dilapider. Je les connais bien, pour avoir regardé souvent dans leur direction avec la fièvre du désir. Jamais on n'a repoussé avec autant d'insolence la possibilité d'une vie future, et jamais certains d'entre nous ne se sont précipités avec de si vaines ardeurs au-devant de tous les dangers de destruction, comme s'il fallait brûler cette vie unique pour trouver en elle quelque flamme divine. On la roule dans le tourbillon de la mort pour accumuler sa puissance en quelques secondes menacées.
Le romantisme, en proclamant le droit à la passion, le droit au bonheur, le droit à la liberté, encourageait ce développement de la force individuelle. Aujourd'hui un nouveau romantisme l'exalte, et ce sont principalement les femmes qui le prêchent. Leur avènement dans la littérature contemporaine qu'elles ont envahie n'est qu'un symptôme d'un féminisme plus général. Moins apte que l'homme à saisir l'ensemble complexe des vies sociale et morale, la femme nouvelle épuise d'un coup ses revendications, et va d'un bond au bout de la route où conduisent la confiance dans son pouvoir et cette vue bornée de l'univers qui se réduit à soi-même. Enfin l'individualisme
a trouvé son philosophe dans un poète, Nietzsche, d'ailleurs mal interprété, qui accorde au surhomme tous les droits, et comment ne pas se croire un surhomme, surtout si l'on est une femme moderne?"
Dans l'édition de 1914 (Paris, Fontemoing et Cie), cet extrait se situe p. 34-35.
Anonyme, "Librairie de L'"Humanité"", in L'Humanité, 26 février 1910, p. 4.
Plusieurs volumes de Nietzsche font partie de cette librairie.
BURY Robert de, {Les Journaux}, in Mercure de France, t. 84, n°305, 1er mars 1910, p. 151-156.
Signale moqueur un article moqueur de Gaston Picard sur Emile Faguet dans La Rénovation morale. Cite à propos de En lisant Nietzsche: "Si Nietzsche est obscur, M. Faguet l'est davantage" (p. 154-155).
CHIAPELLI Alessandro, "Les tendances vives de la philosophie contemporaine", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 69, n°3, mars 1910, p. 217-248.
Constate une "résurrection" de la philosophie et note : "En Allemagne, du matérialisme naturaliste, en passant par le néo-criticisme kantien, sont sorties peu à peu de nouvelles formes d'idéalisme objectif qui aujourd'hui se rattachent au mouvement Fichte-Hegel, ou bien par Schopenhauer et le spiritualisme de Lotze et de Fechner et en se conformant surtout à l'esprit impérialiste de notre époque et à la doctrine nietzschéenne du Wille zur Macht, elles prennent avec Wundt et Paulsen un sens volontariste." (p. 230)
Constate depuis une dizaine d'année un "renversement des anciennes valeurs" et le retour à un idéalisme qui n'a rien à voir avec l'idéalisme romantique qui était surtout intellectualiste (p. 243). Estime que "le Wille zur Macht de Nietzsche" est une des manifestations de l' "avènement du volontarisme" (p. 244) ou encore d'un "nouvel irrationalisme" qui correspond à la fois à "une négation des idéalités éthiques traditionnelles", à "une apothéose des instincts impulsifs de l'individu et de la collectivité" et à "une raisonnable protestation contre tant d'éléments importants de l'expérience artistique, éthique et religieuse que nous devons à l'intellectualisme et au positivisme scientifique." (p. 245)
DUGAS L., "L. Prat. - Contes pour les métaphysiciens", {IV. Variétés}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 69, n°3, mars 1910, p. 324-326.
Sans citer le nom de Nietzsche, expose les idées de l'auteur en utilisant quelques expressions liées à l'oeuvre de Nietzsche "bête de proie" (p. 325), "sous-homme" (p. 325 et p. 326), "surhomme". (p. 326)
GUY-GRAND Georges, "Le procès de la démocratie", in Revue de métaphysique et de morale, t. XVIII, n°2, mars 1910, p. 242-261.
A propos de Georges Sorel, Réflexions sur la violence, parallèles avec Nietzsche. Aussi avec Renan, Jules Lachelier...
LALANDE André, "La théorie des valeurs", {Revue critique}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 69, n°3, mars 1910, p. 304-311.
Constate en préambule : "La notion de valeur, d'abord utilisée par la science économique, a pris récemment une extension considérable dans le domaine de la philosophie. Les paradoxes littéraires de Nietzsche, d'une part, de l'autre les analyses psychologiques de Meinong, d'Ehrenfels, de Kreibig, de Münsterberg ont popularisé ce concept, et l'ont substitué dans l'usage aux concepts usuels dont se servaient les sciences normatives : bien et mal, droit et devoir, règle et fin." (p. 304)
WEBER Louis, "« Devoirs », par B. Jacob", {Etudes critiques}, in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°2, mars 1910, p. 221-228.
Constate qu'on a été jusqu'à identifier tempérance et moralité: "C'est ce que faisait les sophistes Calliclès et Thrasymaque, afin de les repousser l'une et l'autre, et la même négation se retrouve de nos jours chez Nietzsche." (p. 222)
BOURDEAU Jean, "Les courants de la philosophie contemporaine", in Journal des Débats politiques et littéraires, 22 mars 1910, p. 1.
A propos du livre de Ludwig Stein, Philosophische Stroemungen der Gegenwart.
Anonyme, "Rivista di Filosofia neo-scolastica (janvier 1910)", {Revue analytique des revues}, in Revue thomiste, n°2, mars-avril 1910, p. 285-286.
Compte-rendu de l'article d'E. Palhoriès: "Nietzsche et la morale de la force", p. 30-51 (p. 285).
Compte-rendu de la suite dans le numéro de mai-juin 1910.
FAGUET Emile, "Fontenelle", in Revue des Deux Mondes, vol. 56, 1er avril 1910, p. 541-549.
Sur Fontenelle et surtout sur l'admiration de Nietzsche pour Fontenelle.
GIDE André, "L'Amateur de M. Remy de Gourmont", in Nouvelle revue française, tome 3, n°16, 1er avril 1910, p. 425-437.
Reproche aux personnages de Remy de Gourmont d'être "des âmes sans paysage" et ajoute: "La pensée n'est jamais chose palpitante et souffrante. Nietzsche, lorsqu'il ampute, s'ensanglante toujours les doigts; on dirait que Gourmont n'opère que sur planches anatomiques; c'est pourquoi « non dolent, poete ». Il n'est pas tant cruel qu'abstrait." (p. 431)
ROSNY J. -H., "Le Pauvre Bougre", in Le Journal, 2 avril 1910, p. 3.
Conte. Héroïne a lu Nietzsche, contre la pitié.
TINAYRE Marcelle, "L'Amour et la Pitié", in Le Journal, 3 avril 1910, p. 1.
Remarque: "Les temps sont durs pour les faibles, les inquiets, les vaincus, et surtout pour les malades. La société fait beaucoup pour eux : elle leur offre des hôpitaux, des dispensaires, des sanatoria. Mais les femmes modernes ne leur offrent plus d'amour. Elles les plaignent, elles les soignent. Elles ne les épousent plus - du moins dans les livres.
Les jeunes filles, les jeunes femmes qu'on rencontre aujourd'hui dans les livres sont vives et hardies; elles supportent malaisément Ies entraves et ne savent pas sucrer les tisanes. Elles préfèrent conduire une auto, voire même un aéroplane, et lire Nietzsche.
Ces charmantes personnes sont en train de devenir, à leur tour, des poncifs littéraires dont on rira bien dans cinquante ans. Mais parce qu'une variété féminine, comme une espèce florale, est à la mode, cela n'implique pas la disparition de toutes les autres variétés... Je suis persuadée que la sentimentale existe, mais elle cache sa fleur bleue."
FELIX-FAURE GOYAU Lucie, "Les fées sont-elles mortes?", in Le Matin, 7 avril 1910, p. 1.
Evoque Nietzsche et Wagner et les "incorrigibles nietzschéennes".
DUMONT-WILDEN Louis, "La littérature française en Belgique et les influences étrangères", in Revue bleue, n°15, 9 avril 1910, p. 460-466.
Texte d'une conférence donnée à Bruxelles, Liège, Anvers et Mons, sous les auspices de la Société "Les Amis de la Littérature", sous ce titre: Les influences étrangères dans la littérature belge.
Remarque : "(...) c'est de France, "en transit" que nous est venu Nietzsche." (p. 464)
LEBEY André, "Contre le Socialisme", in Le Socialiste, 10 avril 1910, p. 1-2.
Sur rôle du romantisme et de Nietzsche: "Qui nierait, en dépit de ses erreurs, de ses écarts et de ses fautes, son utilité, qui contesterait le foyer fécond qu’il entretint au cœur du dix-neuvième siècle, qui, parmi ses détracteurs, ne finirait pas par avouer que son mirage même aida l'humanité à faire un pas de plus?" (p. 1)
Anonyme, "Rivista di Filosofia neo-scolastica", {Revue analytique des revues}, in Revue thomiste, n°3, mai-juin 1910, p. 429-430.
Compte-rendu de la suite de l'article d'E. Palhoriès: "Nietzsche et la morale de la force", dans le numéro de février 1910 (p. 430).
Compte-rendu de la première partie dans le numéro de mars-avril 1910.
Anonyme, "Kants kritischer Idealismus als Grundlage von Erkenntnistheorie und Ethik, par le Dr. Oscar Ewald", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°3, supplément de mai 1910, p. 14-15.
Remarque que cet ouvrage "constitue en quelque sorte la suite et le couronnement de trois études publiées précédemment par le même auteur et intitulées: La doctrine de Nietzsche en ses conceptions fondamentales, Richard Avenarius comme fondateur de l'Empiriocriticisme et la Méthodologie de Kant." Ajoute: "Il est à remarquer que les travaux sur Nietzsche et sur Avenarius sont surtout négatifs. M. Ewald a choisi ces auteurs pour montrer où conduit le mépris de la théorie de la connaissance, en tant que discipline indépendante, et comment dès lors "le contenu solide de la réalité" s'évapore en un positivisme extrême." (p. 14)
Anonyme, "L'individualismo nelle dottrine morali del XIX secolo, par G. Vidari", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°3, supplément de mai 1910, p. 27.
Distingue trois types d'individualisme issu de l'instinct: esthétique et religieux avec Novalis, Jacobi, Schleiermacher, Coleridge, Carlyle, Emerson, de la volonté de puissance avec Stirner, Kierkegaard, Nietzsche et, enfin, de l'amour et de la philanthropie avec Guyau, Kropotkine, Tolstoï.
Anonyme, "Schopenhauer als Verbilder, par le comte Hermann Keyserling", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°3, supplément de mai 1910, p. 22.
Reproche à l'auteur d'avoir limité "l'action de Schopenhauer à celle qu'il a exercée sur les artistes." Ajoute: "A défaut d'influence directe, n'en a-t-il pas eu une très profonde à travers ses grands disciples Tolstoï et Nietzsche?"
MONTFORT Eugène de, "Mélanges. Gide contre Gourmont", in Les Marges, tome 5, mai 1910, p. 158-165.
Suite à l'article d'André Gide, "L'Amateur de M. Remy de Gourmont", Montfort analyse les causes profondes de l'opposition entre Gide et Gourmont. Il dénonce "le soi-disant immoraliste, le soi-disant nietzschéen", qui est en réalité "un homme à qui le scepticisme fait horreur", "un chrétien aigu. Et sa révolte devant Gourmont, c'est la clameur du protestant, du puritain à Bible contre Voltaire." (p. 163)
Anonyme, "Pascal et M. Maurice Barrès", in L'Univers, 25 mai 1910, p. 4.
A l'occasion d'une nouvelle édition de Maurice Barrès, L'Ennemi des lois.
Signale la proximité entre Barrès et Pascal, contre Nietzsche.
Suite et fin de l'article dans le numéro du 26 mai.
NORMAND François, "L'Utilité actuelle de Carlyle!", in Revue critique des idées et des livres, avril-juin 1910, p. 241-265.
Note le mérite d'Henri Albert de défendre, comme Charles Maurras, l'intelligence française: "L'oeuvre d'un Henri Albert ou d'un Edmond Barthélémy, par le seul souci qu'elle indique de restaurer chez nous l'habitude de la pensée, serait déjà singulièrement précieuse, quand même les hommes qu'ils ont choisis pour leur étude ne seraient pas, comme ils le sont en effet, deux des
grands esprits du dernier siècle.
M. Henri Albert a déjà sa récompense, — à laquelle, je le crains, ne laisse point de se mêler quelque amertume. C'est une chose inévitable et douloureuse qu'en se vulgarisant la pensée d'un philosophe en vienne à inspirer le vulgaire. Pourtant, et quelques réserves que nous fassions sur les thèses de Nietzsche, l'âpre hauteur de son lyrisme suscita naguère en nous trop d'enthousiasme pour qu'il nous soit permis d'oublier l'attentat de ceux dont l'incompétence universelle illustra l'aristocratisme de Nietzsche avec des goujateries de commis voyageur" (p. 242).
Suite sur Carlyle avec de nombreux parallèles avec Nietzsche.
BOUGLE Célestin, "E. de Roberty. - Sociologie de l'action", in L'Année sociologique 1906-1909, tome XI, 1910, p. 46-47.
Note qu'Eugène de Roberty prend position contre les tendances pragmatistes en vogue ; qu'il voit l'origine de ces tendances "non seulement chez Kant (primat de la raison pratique) ou chez Nietzsche (exaltation de la volonté), mais chez Comte (synthèse subjective: suprématie du fait moral) et chez Marx (domination du fait économique)." (p. 46-47)
MAURY Lucien, "De l'Allemagne", in Revue bleue, n°24, 11 juin 1910, p. 761-765.
Après un rapide tour d'horizon des derniers écrivains allemands, Maury conclut que la littérature allemande n'est guère séduisante. Ajoute: "sans doute ce n'est point là toute la littérature allemande (...); peut-être n'a-t-on rien dit de cette littérature, si l'on en exclut Nietzsche.... Il demeure toutefois évident que la poésie allemande a perdu le goût des triomphes éclatants et des victoires mondiales." (p. 764)
MILLIOUD, "La propagation des idées", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 69, n°6, juin 1910, p. 580-600.
S'interrogeant sur ce qui fait la supériorité d'une idée sur une autre, évoque la possibilité "que ce qui nous paraît supérieur ce sont les idées de nos supérieurs" et remarque avant de poursuivre son raisonnement: "Nous aurions Nietzsche tout entier contre cette doctrine. Nietzsche, à la vérité, n'aurait pas eu tort d'apporter quelques preuves. Ses appréciations nous le découvrent et le font admirer plutôt qu'elles n'éclairent l'histoire. Il n'a rien compris à la formulation des hiérarchies sociales. Rendons-lui pourtant cette justice d'avouer que, des maîtres aux serviteurs, les idées scientifiques, politiques, esthétiques, morales, religieuses, diffèrent parfois entièrement." (p. 593)
ROSA Andriès de, "Petite histoire du naturisme", in Le Centaure, 5 juin 1910.
Anonyme, "Critique des Conditions de l'Action, par M. Maurice Pradines", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n° 4, supplément de juillet 1910, p. 1-3.
Résume la conclusion de l'ouvrage: "Rien ne peut donc être commandé à tous ni pour toujours. Chaque homme se dirigera par des maximes particulières, s'il est sensé, s'il veut vivre sa vie, comme il est naturel et raisonnable" (p. 274)." (p. 3). Se demande: "N'est-ce pas la suppression de la morale, si, avec tout le monde, on entend par là un système de préceptes universels?" Répond: "Nullement. M. Pradines ne se donne pas pour un "immoraliste". Il nie la valeur objective des lois scientifiques, mais non leur valeur pratique ou pragmatique : ce sont des à peu près qui réussissent. De même il nie toute nécessité pratique objective, toute vérité morale. Mais il admet l'existence de préceptes éprouvés dont l'expérience a montré qu'ils rendent la vie possible et surtout la vie en commun." (p. 3)
DROMARD Dr., "La sincérité du savant", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°7, juillet 1910, p. 21-43.
Imagine que le philosophe idéal cherche la vérité l'esprit libre, le coeur affranchi, sans se soucier de ce qu'on pense ailleurs et sans dessein préconçu et conteste qu'un tel philosophe puisse jamais exister même si certains feignent une probité parfaite (p. 26-27). Remarque: "Nietzsche parle en plus d'un endroit de ces penseurs qui font mine d'arriver à leurs opinions par le développement spontané d'une dialectique froide, pure, divinement insouciante", tandis qu'au fond "une thèse anticipée, une suggestion, le plus souvent un souhait du coeur, abstrait et passé au crible, est défendu par eux, appuyé de motifs laborieusement cherchés." Ajoute aussitôt: "Il faut reconnaître que lui aussi tombe merveilleusement sous le reproche qu'il applique aux autres, et nul philosophe d'ailleurs ne saurait se flatter d'échapper d'une manière complète à l'écueil des tendances partiales." (p. 27)
FONSEGRIVE, "Recherches sur la théorie des valeurs", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°7, juillet 1910, p. 44-75.
Suite et fin (voir le début dans le numéro de juin). Estime que c'est "la valeur la plus haute que d'être soumis aux lois de valeur. De là la valeur incomparable de la puissance morale (...)" Remarque que la puissance morale prend une valeur plus grande devant le danger, "pourvu qu'elle en triomphe" et ajoute: " (...) il y a donc une valeur à vivre dangereusement, ainsi que le dit Nietzsche. Cependant, si le danger était tel que la puissance se trouve vaincue, son effort dans l'entreprise ne pourrait compenser sa faillite dans le succès; le courage est une valeur ainsi que la hardiesse, la présomption est une non-valeur, et de même la folle témérité. Nietzsche n'a pas tout à fait tort, mais ils n'avaient pas tort non plus les moralistes qui rappelaient: Qui amat periculum in ipso peribit, celui qui aime le danger y périra. Car la valeur de la puissance morale dépend aussi de ses résultats, et non seulement de sa propre attitude comme cause mais aussi de ses effets, de sa production, de son rendement effectif." (p. 51-52)
Dans la suite de son raisonnement, imagine une distinction entre la valeur des attitudes en elles-mêmes et la valeur des actes qui paraissent dérivés de ces attitudes et remarque qu'ainsi, il serait possible que "l'attitude d'héroïsme préconisée par Nietzsche ait une beauté morale sans que les précautions de la prudence soient interdites." (p. 53)
Reconnaît que "toute nouvelle morale apporte une table nouvelle des valeurs" et cite les cas de Jésus et de Platon (p. 59-60). Ajoute encore: "Spinoza, le paganisme renaissant, Nietzsche renversent de nouveau les valeurs chrétiennes; ils condamnent l'humilité, la résignation, le repentir, la continence, l'abnégation, la mortification, ils reconnaissent comme valeurs l'orgueil, la révolte, la constance, la jouissance, l'affirmation de soi-même, l'expansion vitale. Au lieu de l'amour on proclame la haine féconde." (p. 60)
Au sujet de la valeur de la religion, remarque: "Qu'on estime que la force et la vie intense, comme naturellement chacun de nous se trouve porté à le faire, et la plupart des valeurs chrétiennes: humilité, repentir, mortification, deviendront des non-valeurs. Spinoza l'a admirablement montré et Nietzsche n'a eu qu'à reprendre ses démonstrations." (p. 73)
DORNIS Jean, "A propos de M. Gabriele d'Annunzio", {Revue des livres}, in Annales politiques et littéraires, n°1410, 3 juillet 1910, p. 4-6.
Les doctrines individualistes et païennes se sont répandues "dans le grand public, sous le vocable du philosophe allemand Nietzsche. Il s'agit, pour l'homme, de devenir un surhomme et de développer son initiative sans le respect d'aucune loi, sans nulle restriction dans le sens d'une initiative tous les jours plus impérieuse.
Il est sans doute dangereux pour la société et pour la morale, que le premier venu se prenne pour un surhomme et s'attribue les droits que lui confère cette découverte. Mais cela a été, au contraire, un, singulier bénéfice pour les belles-lettres italiennes en particulier, pour la littérature contemporaine en général, que M. Gabriele d'Annunzio n'ait résisté ni aux excès de sa sensibilité, ni aux frénésies
de son imagination. Ses modèles ont été visiblement ces condottieri du moyen âge et de la Renaissance qui, au mépris complet de la vie et de la mort, du juste et de l'injuste, vécurent des existences d'une splendeur et d'une violence dont nos admirations demeurent un peu effrayées" (p. 5).
GOURMONT Jean de, {Littérature}, in Mercure de France, t. 86, n°314, 16 juillet 1910, p. 321--325.
Compte-rendu de Louis Maigron, Le Romantisme et les Moeurs. (p. 321-323)
Note: "M. Maigron note encore à la fin de son volume qu'il y a actuellement une reprise des idées romantiques « singulièrement favorisée par l'influence de Nietzsche »; il faudrait dire par l'influence de Nietzsche déformé par les écrivains du boulevard qui ne l'ont pas lu; et s'ils l'ont lu ne l'ont pas compris. Si Nietzsche, dans sa doctrine, s'élève au-dessus du bien et du mal, s'il prêche les vertus qui disent « oui » à la vie, il méprise la faiblesse, et la passion est une faiblesse. Il dit que l'homme est quelque chose qui doit être surmonté. Mais, M. Gaston Deschamps ne comprendra jamais, lui qui traite Nietzsche d' « arriviste » (on ne saura jamais pourquoi) qu'un nietzschéen ou une nietzschéenne n'est pas celui qui s'abandonne à toutes les impulsions de ses désirs, mais celui qui sait dominer sa sensibilité et maîtriser ses instincts et ses passions". (p. 323)
ALBERT Henri, {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 86, n°315, 1 août 1910, p. 548-552.
Compte-rendu d'Henri Guilbeaux, "La jeune poésie française", publié dans Das literarische Echo du 1er juillet 1910. "Pour conclure, il affirme que « Verlaine, Nietzsche et avant tout Whitman sont, pour le lyrisme du présent et de l'avenir, les grands stimulateurs »." (p. 551)
HOVELAQUE Emile, "L'Enseignement des Langues Vivantes dans le deuxième Cycle", in Les Langues Modernes, n°8, août 1910, p. 375-391.
Inspecteur général de l'Instruction publique.
Cet article a déjà été publié dans la Revue universitaire (mai et juin 1910).
Proclame d'emblée: "Ce n'est pas à la pure littérature seule que doit se borner votre enseignement. Vous ne devez pas en séparer les faits d'histoire et de civilisation qu'elle exprime et qui l'éclairent." (p. 375)
Précise: "Vous montrerez à vos élèves comment nos voisins se voient et nous voient; vous opposerez à l'idéal allemand que toutes leurs études poursuivies sous votre direction auront collaboré à définir l'idéal français qui, par contraste, se sera précisé dans leur esprit. Ils jugeront avec plus de justesse l'un et l'autre, et la comparaison qu'ils établiront entre les deux ne sera plus faite de dénigrement aveugle ou d'aveugle admiration. En 1ère, vous leur lirez telles pages de Barrès tirées des Bastions de l'Est, — Au Service de l"Allemagne, ou Colette Baudoche, — et ils prendront, au contact de ces pages délicates, une conscience plus fine de l'âme
française, atteindront une appréciation plus profonde de notre culture.
En Philosophie, vous leur ferez connaître telle page de la « Campagne de France », de Schopenhauer, de Nietzsche, à côté de telles autres de Fichte ou de Strauss; et ils verront qu'outre-Rhin, à côté de l'exaltation de l'esprit national et des dénigrements, il y a aussi la reconnaissance et l'influence de nos supériorités : vous montrerez que, depuis la descente du premier barbare teutonique dans l'Italie, jusqu'à Winckelmann, jusqu'au Voyage en Italie de Gœthe, jusqu'à la révélation du monde méditerranéen à Nietzsche, toujours le Germain a subi la fascination de ces civilisations dont les prestiges l'attirent et le repoussent tour à tour, tantôt lui inspirent le dédain et tantôt l'admiration.
Il n'est pas à craindre, comme certains esprits timorés l'ont pensé, que l'on défrancise nos enfants en les saturant ainsi d'une culture
étrangère. Tout au contraire, ils y puiseront de nouveaux motifs d'aimer leur terre natale." (p. 379)
MAUGE F., "La fonction de la philosophie dans la science positive", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°8, août 1910, p. 113-142.
Considère comme admis qu'une collaboration entre la philosophie et la science est nécessaire qui suppose une entente pour un but commun. Note à ce sujet: "Si l'on peut admettre l'existence d'une philosophie se développant, comme la morale de Nietzsche par exemple, sur un plan complètement différent de celui de la science, par contre, la philosophie scientifique aura forcément le même objectif que la science elle-même: c'est-à-dire l'explication et la systématisation de l'expérience." (p. 113)
PARODI D., "M. Pradines. - L'erreur morale établie par l'histoire de l'évolution des systèmes", {II. Théorie de la connaissance}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°8, août 1910, p. 198-204.
Expose la théorie de la connaissance développée par Maurice Pradines, "théorie pragmatiste (...) tout imprégnée de bergsonisme." (p. 200) Parodi résume: "Le vrai n'est qu'une hypothèse sur le réel: c'est le réel conditionné. (...) Tout notre savoir, comme le découvre de plus en plus la pensée contemporaine chez un Renouvier, un Boutroux, un Bergson, un Nietzsche, un Poincaré, n'est qu'une série d'hypothèses commodes, destinées à nous rendre utilisable une nature en elle-même mouvante, contingente et indéterminée." (p. 200)
Termine en faisant l'éloge de la partie historique de l'ouvrage, soulignant notamment les "aperçus ingénieux et nouveaux" sur Bergson et Nietzsche. (p. 204)
M.A., "A propos des « Réfléxions d'un Philistins sur la Métaphysique »", in La Grande Revue, n°15, 10 août 1910, p. 648-649.
Lettre adressée à la revue suite à l'article de Le Dantec. Soutient que ce n'est pas "la part de vérité , que peut contenir l'oeuvre de Platon ou de Nietzsche, qui en fait la force; pas même sa part de beauté. La philosophie n'est-elle pas une manifestation sui generis? Et la valeur d'une philosophie ne réside-t-elle pas, en grande partie, dans l'intensité de la pensée qui en est à l'origine, dans la qualité de l'expression, qui lui communique une force peu commune de contagion, de durée?" (p. 649).
VIOLLIS Jean, "Le Gabelou", in Le Petit Parisien, 12 août 1910, p. 2-3.
Conte. Avec un personnage "nietzschéen", sans pitié.
LE BONHOMME CHRYSALE, "La Discipline", {Notes de la semaine}, in Annales politiques et littéraires, n°1416, 14 août 1910, p. 1.
Note ce qui oppose le peuple allemand et le peuple français. Ajoute: "Sur le terrain de l'imagination et des arts, ils fusionnent volontiers. Nos pièces de théâtre sont applaudies, nos romans goûtés au delà des Vosges; nous adorons la musique de Schumann, de Wagner; Goethe n'a pas eu de plus pieux admirateurs que chez nous; Kant, Shopenhauer et Nietzsche comptent, en France, de fervents disciples... De chaque côté de la frontière, les idées cheminent, et beaucoup de ces idées suivent des courbes parallèles. Quelle est donc (en dehors du souvenir de leurs querelles, de leurs rancunes et de leurs devoirs patriotiques) la cause de division des deux peuples?"
FOUILLEE Alfred, "Une lettre de M. Alfred Fouillée", {Echos}, in Mercure de France, t. 86, n°316, 16 août 1910, p. 747.
Signale une méprise de Marcel Coulon dans "Les Assises de Remy de Gourmont".
Précise: "Un être qui agit sous l’idée de sa maîtrise individuelle n’agira jamais comme un être qui ne conçoit même pas le contraire de ce à quoi il est poussé par ses instincts aveugles. L’idée exerce donc une pression intérieure, directrice, novatrice et parfois, en un certains sens, créatrice. Nietzsche lui-même m’a concédé ce point, qu’il a déclaré capital. Et j’attends toujours qu’on me réfute."
Anonyme, "Diritto e filosofia, par Michele Barillari", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°5, supplément de septembre 1910, p. 27.
Note que l'auteur étudie la pensée de Nietzsche qu'il classe parmi les philosophies du droit dans lesquelles "le droit est considéré comme dérivant de la recherche de l'utile social".
GUY-GRAND Georges, "Le procès de la démocratie", in Revue de métaphysique et de morale, t. XVIII, n°5, septembre 1910, p. 694-710.
Suite et fin. Sur l'individualisme: idées et rôle de Nietzsche.
Anonyme, "Etoiles et pensées", in L'Eclaireur de l'Ain, 18 septembre 1910, p. 1.
Poème "d'après Nietsche".
FISCHER Max-Alex, "L'Intervention de M. Tahon-Lejeune", in L'Humanité, 21 septembre 1910, p. 3.
L'héroïne porte sous son bras les Considérations inactuelles de Nietzsche et les Méditations métaphysiques de René Descartes.
OUTIS, "Les manuels scolaires: les manuels de morale", in Revue critique des idées et des livres, t. X, n°59, 25 septembre 1910, p. 481-496.
Suite (voir le numéros du 25 août et 10 septembre), encore à suivre. Cite et critique le manuel de Jules Payot, recteur d'Aix, qui "introduit Littré, Spencer, Pascal et Nietzsche dans l'hôpital de ses pensées" (p. 489-490).
MURET Maurice, "M. Carl Spitteler", in Revue de Paris, t. 5, septembre-octobre 1910, p. 613-632.
Développe les point communs entre Nietzsche et Carl Spitteler (p. 614-620).
LIONNET Jean, {Les livres}, in Revue hebdomadaire, t. 10, octobre 1910, p. 243-268.
Compte-rendu de Le Livre des Visions et et Instructions de la Bienheureuse Angèle de Foligno, traduit par Ernest Hello.
Signale que certains passages peuvent déconcerter:
"Je prends un exemple, le plus stupéfiant. Angèle de Foligno raconte comme une chose toute naturelle: « Ce fut alors que Dieu voulut m'enlever ma mère, qui m'était, pour aller à lui, d'un grand empêchement. Mon mari et mes fils moururent aussi en peu de temps. Et parce que, étant entrée dans la route, j'avais prié Dieu qu'il me débarrassât d'eux tous, leur mort me fut une grande consolation. » Et le bon Hello se croit tenu de mettre une note où il insinue: « Il est bien entendu que ces sentiments exceptionnels tiennent à la voie exceptionnelle par où était conduite Angèle de Foligno. »
Non, de tels sentiments ne sont pas admissibles, même à titre exceptionnel (1). Ne faisons pas du nietzschéisme mystique. Morale des maîtres, morale des esclaves; morale des saints, morale du commun des fidèles: ces deux distinctions se valent et elles sont aussi périlleuses l'une que l'autre. Proclamons au contraire bien haut que les vertus surnaturelles ne dispensent jamais des naturelles (...)" (p. 248-249).
La note 1 précise: " Le texte est pire encore dans la traduction publiée chez Périsse, et l'on n'y trouve point certain membre de phrase sur lequel Helio se fondait pour atténuer l'odieux de ce qui précède" (p. 248).
Une traduction de 1850 donne: "Dans le même temps il plut à Dieu de m'enlever ma mère qui était un grand empêchement à ma perfection. Tous mes autres parents moururent aussi les uns après les autres, dans un assez court espace de temps. Du reste, j'avais demandé moi-même cette grâce au Seigneur ; c'est pourquoi ces pertes ne me furent que médiocrement sensibles. Après avoir répandu quelques larmes, je me sentis inondée de consolation, à la pensée que mon cœur serait désormais dans le cœur de Dieu et ma volonté dans la sienne".
PERES J., "A. Covotti. - La vita e il pensiero di A. Schopenhauer", {III. Histoire de la philosophie}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°10, octobre 1910, p. 430-433.
Remarque en préambule: "Une étude sur Schopenhauer vient à son heure pour replacer en pleine lumière ce penseur de premier ordre, si tant est que la vogue récente de Nietzsche qui lui doit d'ailleurs les principaux leitmotiv de sa philosophie, l'eût momentanément éclipsé. Ce sont là d'ailleurs contingences dont M. C. ne témoigne nul souci, fidèle en cela à l'esprit du maître." (p. 430)
SEGOND J., "Giovanni Vidari. - L'individualismo nelle dottrine morali del secolo XIX.", {III. Histoire de la philosophie}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°10, octobre 1910, p. 425-430.
Distingue dans l'évolution de la norme morale trois périodes: de 1810 à 1830, après 1830 et enfin: "dans la seconde moitié du siècle, un nouveau moment de réaction, scientifique et démocratique cette fois, mais qui détermine une nouvelle renaissance de l'idéalisme, avec Renouvier (contre le déterminisme), avec Spencer (contre le darwinisme), avec Nietzsche (en faveur de l'aristocratie)." (p. 428) S'intéresse au quatrième chapitre consacré à "l'action large et profonde exercée par les doctrines individualistes dans tous les domaines de la vie" et remarque: "C'est surtout dans le domaine de la littérature et de l'art que l'auteur poursuit cette action, rattachant par exemple l'art de Wagner à la philosophie de Schopenhauer et à celle de Feuerbach, le drame d'Ibsen à celle de Sören Kierkegaard, le drame de Sudermann à l'immoralisme nietzschéen." (p. 428) Evoque le "monisme dynamiste de Guyau et Nietzsche" et discute les mérites des doctrines immoralistes au point de vue éthico-social et éthico-personnel (p. 429).
Anonyme, "Carl Spitteler", {Au jour le jour}, in Journal des Débats politiques et littéraires, 2 octobre 1910, p. 1.
A propos de l'article de Maurice Muret dans la Revue de Paris. Cite: "La critique française a décerné au philosophe Frédéric Nietzsche ses lettres de grande naturalisation helléno-latine".
FERCHAT Joseph, "M. Henry Bordeaux", in Les Etudes, 5 octobre 1910.
Référence citée d'après la reproduction dans La Croix, 14 octobre 1910, p. 4.
Déplore que dans la génération actuelle, Nietzsche ait fait école et que "les petits surhommes pullulent". Estime que dans son roman, La Croisée des chemins, Henry Bordeaux caractérise et dénonce l'état d'âme de la jeunesse sous l'influence de Nietzsche.
BERTH Edouard, "La Réforme et la critique positive", in Revue critique des idées et des livres, t. XI, 10 octobre 1910, p. 44-60.
Commence en citant Nietzsche et se réfère à Nietzsche tout au long de son raisonnement.
PIAT Claudius, {Chronique philosophique}, in Revue pratique d'apologétique, t. 11, n°122, 15 octobre 1910, p. 134-154.
A propos du livre de Pierre Mendousse, L'âme de l'adolescent, Paris, Alcan, 1909. Deuxième édition en 1911. Dédié à Frédéric Rauh.
Cite: L'adolescent "est presque mûr pour les doctrines individualistes : de seize à vingt ans, il n'est pas nécessaire de bien comprendre les idées de Stirner, de Nietzsche ou de M. Barrès pour les adopter avec enthousiasme" (p. 151) Note de bas de page qui indique une mauvaise page.
Anonyme, "David-Friedrich Strauss. La Vie et l'Oeuvre, par Albert Lévy", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°6, supplément de novembre 1910, p. 4-6.
Note que l'auteur n'est pas étonné que Nietzsche ait cru voir en Strauss "le Philistin de la culture". Conclut: "Cette appréciation est injuste; celle de M. Lévy reste incomplète: pour lui Strauss est un contemplatif égaré dans le siècle, et qui, de son propre aveu, s'il était né en d'autres temps, aurait trouvé son repos entre les murailles d'un cloître." (p. 6)
FOUILLEE Alfred, "La Science sociale contemporaine", in Revue internationale de sociologie, n°11, novembre 1910, p. 713-719.
Introduction de son livre du même titre à paraître.
Parallèle entre Nietzsche et Guyau, notamment à partir des annotations de Nietzsche sur les livres de Guyau de sa bibliothèque (communiquées par Elisabeth Förster-Nietzsche)
FAGUET Emile, "Sur-Racinien", in Le Gaulois, 20 novembre 1910, p. 1.
SARCEY Yvonne, {Les Lettres de la Cousine}, in Annales politiques et littéraires, n°1430, 20 novembre 1910, p. 504.
Commence: "Je suis très frappée d'un fait que je vais vous dire... Jamais, peut-être, à aucune époque, il ne s'est trouvé tant de femmes
d'esprit, tant de femmes de talent, tant d'intellectuelles..,, ou, si vous trouvez le mot disgracieux, tant d'intelligences. Et, cependant,
je crois que jamais les femmes n'ont mis plus de maladresse à diriger cette barque si fragile : leur vie.
Elles raisonnent sur tout, sauf sur les choses raisonnables; s'il le fallait, elles dirigeraient leur pays, mais le gouvernement de l'office ou
de la cuisine leur est un épouvantail; elles débrouillent sans peine les quintessences de la psychologie de Nietzsche, mais l'âme de l'enfant, du petit enfant qu'elles ont mis au monde, échappe à leur compréhension...
Il semble que la faculté qu'elles ont acquise de s'assimiler les plus rudes problèmes métaphysiques leur enlève cette autre faculté toute simple, toute bonne, de s'adapter aux circonstances plus ou moins obligeantes de leur propre destinée. Elles ont des yeux de lynx pour
l'humanité, et sont chez elles, dans leur propre foyer, de pauvres aveugles".
JANKELEVITCH Dr. S., "Ludwig Schiemann. - Gobineau's Rassenwerk", {II. Histoire de la philosophie}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°12, décembre 1910, p. 665-668.
Constate que "le gobinisme ne compte en France que quelques sympathies rares et isolées et un seul adepte et continuateur, M. Vacher de Lapouge" alors qu' "il a inspiré et inspire encore de nos jours en Allemagne une foule de sociologues, d'historiens, d'anthropologistes, d'ethnographes." (p. 667) Ajoute aussitôt : "Nietzsche, qui était pourtant loin d'être nationaliste, a certainement emprunté à Gobineau l'opposition entre «maîtres» et «esclaves»." (p. 667-668)
LAHY Jean-Maurice, "Le rôle de l'individu dans la formation de la morale", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°12, décembre 1910, p. 581-599.
Probable allusion à Nietzsche quand il remarque: "Celui qui inventerait de toutes pièces un système de conduite, sans lien avec ce qui existe, serait tenu pour un fou ou un original, qui attirerait à peine quelques adeptes. Les moralistes qui semblent avoir le plus innové n'ont fait, en général, que synthétiser des aspirations diffuses à leur époque ; et s'ils ont réussi à modifier les anciennes règles morales c'est qu'ils les perfectionnaient sans les nier." (p. 594)
Soutient que la possibilité de répandre une morale et de l'imposer intact à tous est très réduite car "non seulement les idées vont de proche en proche et lentement, mais encore elles se modifient au contact des divers milieux où elles pénètrent"; cite plusieurs exemples, dont celui de Nietzsche: Dans d'autres cas une théorie individualiste, loin d'agréger ses adeptes en un groupe cohérent, les recueille dans des milieux épars, d'où ils ne cherchent pas à s'unir. Les idées morales de Nietzsche, par exemple, répandues dans le monde entier par l'imprimerie, ont rallié un grand nombre d'admirateurs, sans jamais constituer une secte nietzschéenne. Il est même certain que la plupart des fidèles de Nietzsche n'appliquent pas sa morale et ont fait un choix parmi ses idées. C'est que le philosophe allemand n'a voulu écrire que pour une aristocratie intellectuelle, sans s'inquiéter des tendances morales générales." (p. 598)
LALO Charles, "Critique des méthodes de l'esthétique", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°12, décembre 1910, p. 600-624.
Se demande "si la méthode, qui s'adresse à la réflexion, n'est pas beaucoup moins suggestive, pour les artistes ou les amateurs d'art, que l'intuition irrationnelle et les élévations vers les mystères" (p. 606) et remarque: "Nietzsche a raconté, en vrai mystique, comment Zarathustra lui fut inspiré, par une série de révélations brusques, et «sans jamais choisir», où il sentait «son esprit lui-même se faire métaphore.» C'est pourtant lui qui nous donnera sur ce point la juste mesure." (p. 607) Expose le point de vue de Nietzsche en citant des passages de la première partie de Humain trop humain. (p. 607-608)
PRADINES Maurice, "Rationalisme et pragmatisme. A M. Parodi", {Correspondance}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°12, décembre, 1910, p. 671-673.
Rappelle qu'il a lui même adressées des objections au pragmatisme et remarque: "Vous me rangez à la suite de Renouvier, de Nietzsche, de MM. Boutroux et Bergson, que j'ai combattus tout autant que les purs idéalistes et dont je me sépare beaucoup plus, je crois que Descartes ou de Kant. Et, comme c'est leur pensée beaucoup plus que la mienne que vous critiquez, j'ai souvent envie de souscrire à ces critiques, dont plusieurs se trouvaient déjà formulées dans mon ouvrages." (p. 671)
GUITRY Sacha, "Exactement", in L'Excelsior, 3 décembre 1910, p. 2.
Conte.
"D'abord, il avait lu Nietzsche, naturellement.
Il l'avait lu, non, il ne l'avait pas lu... il avait essayé de le lire. Mais, comme il voulait comprendre et qu'il ne comprenait pas très bien, il s'était procuré une belle édition de Montaigne.
— J'aime mieux commencer par un Français, avait-il dit."
GIDE André, "Charles-Louis Philippe", in La Grande Revue, n°23, 10 décembre 1910, p. 449-467.
Texte d'une conférence donnée au Salon d'automne le 5 novembre 1910.
Texte publié en 1911: Charles-Louis Philippe, Paris, Figuière, 1911.
Sur les relations avec Nietzsche. Charles-Louis Philippe est mort le 21 décembre 1909.
LICHTENBERGER Henri, "Anthologie de la littérature allemande des Origines au XXe siècle par Ludovic Roustan", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n°10, 15 décembre 1910, p. 410.
Signale qu'il s'agit d'un manuel littéraire et d'un recueil de pages choisies des principaux écrivains. S'étonne de certains choix, de l'absence de Novalis puis s'exclame : "Et surtout : je ne puis comprendre l'exclusion de Nietzsche! Un fragment de Zarathustra me paraît aussi indispensable pour l'époque contemporaine qu'un fragment de Faust pour la période classique."
MIRTEL Héra, "Deux victoires", in Le Soleil, 15 décembre 1910, p. 3.
A propos de deux grands succès au théâtre et en librairie de Marie-Claire de Marguerite Audoux (aussi Prix de La Vie heureuse) et de Les Affranchis de Marie Lenéru. Note que la critique a insisté sur l'influence de Nietzsche.
Femme de lettres féministe française.
RESCLAUZE DE BERMON Mme, "Le lien", in Le Sémaphore de Marseille à partir du 17 décembre 1910, p. 4.
A déjà paru: voir "Le lien", in L'Eclair, 18 mars 1909, p. 2.
APOLLINAIRE Guillaume, {La vie artistique}, in L'Intransigeant, 23 décembre 1910, p. 2.
A propos d'une exposition des dernières oeuvres du peintre Jean Deville : "un peintre varié, plein d'énergie et dont on connaît aussi des bois très remarquables, portraits de Nietzsche, de Moréas."
GILBERT Pierre, "Notes de lecture. L'homme-enfant", in Revue critique des idées et des livres, t. XI, n°65, 25 décembre 1910, p. 720-737.
Contre Emile Faguet et spécialement son article: "L'Antiromantisme" (Les Marches de l'Est)
Concède que Nietzsche n'est "pas des nôtres"; confrontation entre le romantisme et la civilisation française, effets sur la santé intellectuelle de la France.
MIOMANDRE Francis de, "L'Ingénu", in L'Excelsior, 27 décembre 1910, p. 10.
Roman publié en feuilletons. Personnage "nietzschéen".
ROY Henri, "A propos du programme naval", in Armée et marine, n°139, 31 décembre 1910, p. 2.
Sous-entend une nouvelle génération qui demande Nietzsche comme livre d'étrennes: évoque un temps "où il y avait encore des enfants et où ils acceptaient qu'on leur donnât, pour leurs étrennes, d'autres livres que la philosophie de Nietzsche ou les oeuvres complètes de M. Maurice Rostand".