Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)
1868-1910: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE LAURE VERBAERE
FAGUET Emile, La démission de la morale, Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, 1910.
Chapitre: La morale de Nietzsche (p. 139-214)
Voir le compte-rendu de Lionel Dauriac dans L'Année philosophique.
GAUBERT Jacques-Raoul, Comment on devient Surhomme, Paris, Edition française, 1910.
JEAN Lucien, Parmi les hommes, Paris, Société du Mercure de France, 1910.
MOREAS Jean, Variations sur la vie et les livres, Paris, Société du Mercure de France, 1910.
Contient un passage intitulé " Sur Nietzsche ". (p. 176)
PALLARES Victor de, Le Crépuscule d'une Idole. Nietzsche, Nietzschéisme, Nietzschéens, Paris, Grasset, 1910.
PIERRE Jules, Avec Nietzsche à l'assaut du christianisme. Exposé des théories de l'Action française suivi de leur réfutation par les principaux représentants de la tradition catholique St Thomas d'Aquin, Bossuet, etc, Limoges, Pierre Dumont, 1910, 253 pages.
Dénonce l'influence de Nietzsche sur de nombreux membres de l'Action française. Provoque un flot de réactions dans la presse nationaliste et dans la presse catholique.
SEIPPEL Paul, Escarmouches, Lausanne, Payot, 1910.
Collection d'articles. Contient: "La conversion de Nietzsche" (p. 220-232)
Voir le compte-rendu de Paul Doumergue, "Les idées du jour", in Foi et Vie, 20 juin 1910 qui cite à propos de Nietzsche, "ce « mystique dévoyé » et de son influence sur les jeunes":
« La jeunesse a besoin à la fois de liberté et d'affirmation. Elle peut avoir le sentiment que Nietzsche la libère et lui donne des raisons de vivre. Car il ne nie que pour affirmer. Il dit oui à la vie, joyeusement... Il peut séduire la jeunesse encore par sa grande loyauté, par cette vaillance intellectuelle qui le contraint d'aller sans détourner la tête jusqu'au bout de la voie choisie, dût-elle aboutir à un casse-cou. Il peut la séduire surtout parce qu'il donne à ses disciples confiance en eux-mêmes, avec un sentiment exaltant de supériorité
sur le vil troupeau des esclaves, incapables de comprendre l'Evangile de Zarathoustra... »"
SOLOVIEV V., Choix de textes, Paris, 1910.
Introduction et traduction de J. -B. Séverac.
Contient un texte intitulé " Le Surhomme ". (p. 205-214)
SPIESS Camille, La vérité sur Nietzsche : lettre ouverte à M. de Pallarès à propos d'un ouvrage récent, Paris, Léon Vanier, 1910, 48 pages, brochure in-8.
Réaction à l'ouvrage de Victor de Pallarès, Le Crépuscule d'une Idole. Nietzsche, Nietzschéisme, Nietzschéens.
BOIS Jules, L'Humanité divine: poèmes, Paris, Bibliothèque Charpentier, 1910.
Contient un poème: Le calvaire de Nietzsche (dédié à Henri Albert), p. 193-197.
BOURGET Paul, Le disciple, Paris, Nelson, 1910.
Réédition avec une introduction de Teodor de Wyzewa qui raconte, pour les hommes de lettres de sa génération, la double surprise de l'époque (mi 1889): la thèse elle-même et que Paul Bourget en soit l'auteur:
"(...) en échange de la tendre et fidèle admiration littéraire qu'avait trouvée chez nous M. Paul Bourget, entendions-nous qu'il partageât toutes les opinions qui nous étaient chères, et au premier rang desquelles figurait une foi absolue dans la supériorité de l'œuvre d'art sur le reste des choses. La doctrine de ce que nos devanciers avaient appelé « l'art pour l'art » avait eu beau changer de nom, au cours des années : elle continuait à nous apparaître comme la première, l'unique vérité. Sans aller peut-être jusqu'à approuver les joyeux paradoxes d'immoralité que quelques-uns d'entre nous s'amusaient, dès ce temps, à développer sur la scène ou dans le roman, — préludant par là au triomphe prochain de la littérature « rosse » , — nous ne souffrions pas que l'artiste, et en particulier l'homme de lettres, eût jamais à se préoccuper de la portée morale de son œuvre ni de ses conséquences dans la vie pratique. Cette vie pratique, d'ailleurs, nous inspirait unanimement le plus parfait mépris. Nous l'entrevoyions si bas au-dessous de notre horizon accoutumé que l'idée ne nous serait même pas venue d'une influence possible de la « pensée » sur elle : sauf à considérer une telle influence, si d'aventure quelque preuve certaine nous l'avait révélée, comme un simple accident dénué d'importance, et tout à fait indigne de nous émouvoir. Nous estimions que le seul devoir du philosophe et du poète, de l'auteur dramatique et du romancier, était de tâcher à exprimer pleinement ses idées, ses sentiments, les résultats de son observation ou de sa fantaisie, sans se troubler des vaines et stupides alarmes de l'aveugle troupeau des « moralistes » de toute provenance et de tout habit. Ignorant encore, ou du moins ne connaissant que d'une manière assez vague, le défi lancé par l'infortuné Nietzsche à l'antique distinction du bien et du mal, déjà nous étions prêts à lui faire l'accueil qu'avaient reçu de nous, avant lui, les théories «amorales» de Taine et de Renan ou cette captivante doctrine du « culte du moi » qui venait alors de nous être prêchée par M. Barrès avec un mélange délicieux de passion poétique et de détachement. Tout cela nous plaisait surtout parce que nous y découvrions autant de hardis et heureux efforts à élargir l'abime creusé depuis longtemps déjà entre la libre vie de l'esprit, telle que nous nous enorgueillissions d'être admis à la vivre, et les médiocres « contingences » de la vie réelle. (p. 8-9).
Cette génération croyait que Paul Bourget partageait "cette fière indifférence à l'égard d'une réalité bassement « bourgeoise » (...). Or, voici que dans l'été de 1889, précisément au lendemain de sa piquante Physiologie de l'Amour moderne, M. Bourget nous donnait un roman qui, sans l'ombre de réserve, se mettait au service d'une doctrine « morale » , et proclamait ouvertement l'étroite liaison intime de la vie de l'esprit et, de la vie réelle, un roman où le philosophe, l'artiste, étaient solennellement accusés d'exercer une action pernicieuse sur de jeunes cerveaux, un roman où ces êtres que nous supposions d'une race surnaturelle étaient solennellement déclarés responsables de toute mauvaise action commise, — à leur insu, parmi l'obscure foule anonyme s'agitant à leurs pieds, sous l'inspiration de l'une de leurs idées ou de l'un de leurs rêves ! Dans un récit d'une vérité et d'une puissance tragique singulières, laissant bien loin dernière soi tous les Essais de Psychologie et toutes les Cruelles Enigmes, voici que le poète d'Edel attaquait de front l'unique opinion qui nous tînt au coeur : notre vaniteuse conscience d'habiter un monde distinct de celui du « bourgeois », et supérieur à lui. Impossible d'imaginer notre surprise, ni tout ce que nous y avons mêlé d'irritation sourde, sous l'apparent dédain avec lequel nous affections de railler cet étrange caprice passager du charmant et sceptique analyste des passions mondaines. M. Bourget se fût-il même avisé de nous offrir, au lieu de ce malencontreux Disciple, une grosse farce « naturaliste » du genre de Pot-bouille ou de l'immortel A Vau-l'eau, combien le plus « délicat » d'entre nous aurait eu moins de peine à lui pardonner !
Le fait est que, se produisant à cette date, — qui était aussi, sauf erreur, celle de l'Homme Libre de M. Barrès et de la Thais de M. Anatole France, celle des premières études françaises sur la personne et l'œuvre du créateur de Zarathoustra, — le magnifique roman qu'on va lire a été un phénomène infiniment imprévu et curieux de notre histoire littéraire".
Parle de révolte chez les lecteurs de cette génération, de révolution dans l'oeuvre de Paul Bourget.
Note que vingt ans plus tard, la thèse du Disciple est devenue évidente:
"Est-ce-que nous ne sentons pas que toute notre conception présente de nos devoirs comme de nos droits s'est principalement formée en nous sous l'empire de nos émotions esthétiques ou intellectuelles, et que l'action de celles-ci sur nous a été d'autant plus intense qu'elles nous sont apparues entourées de plus de beauté,—avivées par l'exquise musique d'une strophe de Verlaine ou de Baudelaire, enflammées par l'élan fiévreux de la pensée et du rythme dans un chapitre de Nietzsche, illuminées de l'inoubliable sourire que nous voyions flotter doucement autour des lèvres amères de l'auteur de l'Antechrist et de l'Abbesse de Jouarre?"
La thèse est devenue banale, et c'est grâce au Disciple de Paul Bourget.
FAGUET Emile, Le culte de l’incompétence, Paris, Grasset, 1910.
Evoque souvent Nietzsche dans le dernier chapitre "Le rêve"
GRASSET Joseph, Idées médicales, Paris, Plon-Nourrit, 1910.
Le docteur Grasset classe Nietzsche parmi les "demi-fous" internés (p. 130).
Niveau d'information mauvais pour 1910 car se base toujours sur l'ouvrage de Max Nordau (Dégénérescence), note: "Frédéric Nietzsche (2), le philosophe qui a fait école en Allemagne et ailleurs, a été interné à plusieurs reprises dans des maisons de santé et est entré ensuite, comme dément incurable, dans l'établissement du professeur Binswanger, à Iéna (3)" (p. 257).
"(2) Max NORDAU, loco cit. - D'après LICHTENBERGER, (Introd. aux Aphor. et Frag. de Friedrich Nietzsche. Paris, 1899), c'est « brusquement, sans transition » que « la nuit de la folie se ferma sur lui. Il fut frappé subitement à Turin, dans les premiers jours de janvier 1889... ». Peut-être un critique médical trouverait-il des prodromes de ce mal dans certaines œuvres antérieures de ce « Prophète du Surhomme » et du « Retour éternel », voire même dans son « œuvre capitale », Ainsi parla Zarathusthra, paru de 1883 à 1886.
(3) The right man in the right place, suivant le dicton anglais, ajoute Nordau".
JAURES Jean, Conférence du citoyen Jean Jaurès au grand théâtre de Nîmes, vendredi 4 février 1910, sténographiée par MM. S. Halbwachs et E. Rozier, Nîmes, Imprimerie Coopérative "L'Ouvrière", 1910.
Evoque Nietzsche (p. 10).
LENERU Marie, Les Affranchis, Paris, Hachette, 1910.
Avec une préface de Fernand Gregh qui explique: "En ce temps de petites sensibilités faussement exaspérées, Mlle Lenéru-Dauriac nous offre le type d'une admirable intellectuelle, qui a beaucoup lu, beaucoup médité les livres, puis la vie; dont la lucidité va parfois jusqu'à la cruauté, mais qui, d'autre part, comprend assez Nietzsche pour vouloir le réfuter par l'exemple. Elle nous montre une humanité d'exception, sans doute ; mais dans cette atmosphère supérieure à la vie quotidienne, elle recrée des possibilités de conflits humains" (p. XI).
Le texte de la pièce évoque une seule fois la folie des "nietzschéennes".
Ecrite en 1908, pièce en trois actes dédiée à Catulle Mendès, jouée pour la première fois en 1910.
Jouée à la Comédie française en 1927 et publiée dans La Petite Illustration du 19 novembre 1927 (avec des photos)
Reçoit plusieurs prix.
Publié en 2019 avec une présentation de l'autrice et des photographies.
MAIGRON Louis, Le romantisme et les moeurs: essai d'étude historique et sociale, d'après des documents inédits, Paris, Champion, 1910.
Professeur à l'Université de Clermont-Ferrand, Louis Maigron conclut en invitant le lecteur à se demander s'il "y a vraiment grand'chose à conserver de toutes ces rêveries romantiques ; et c'est aussi une question qu'il est légitime de se poser, en terminant : s'ils en connaissaient les ordinaires, les inévitables résultats, quelques-uns de nos plus brillants écrivains mettraient-ils encore tout leur talent à faire revivre et donc à propager d'aussi fallacieuses,
d'aussi décevantes théories?".
Et finit sur cette longue note de bas de page: "Car il est certain qu'il y a une reprise des idées romantiques, singulièrement favorisée d'ailleurs par l'influence de Nietzsche. Et il y aurail une belle étude à écrire sur « le Romantisme et la littérature contemporaine ». Nos jeunes romanciers, et surtout nos jeunes dramaturges, sont aussi audacieux et aussi imprudents que leurs prédécesseurs. Toutes « les vieilles chansons » leur paraissent insuffisantes et leur déplaisent. La bonne vieille morale n'a que leur sourire et leur pitié. Comme le dit excellemment M. Adolphe Brisson : « Ces notions, formées du suc de la morale chrétienne, sont en train de disparaître comme un vol de colombes effarouchées sous le coup de feu du chasseur. Les dramaturges nouveaux ont une autre religion, une autre règle de vie. A la loi du devoir, ils substituent le droit au bonheur. Et ce n'est point de leur part bravade, opposition agressive, dénigrement systématique, taquinerie. Ce qui les étonne le plus, c'est de provoquer l'étonnement. Beaucoup d'entre eux sont des corrupteurs de bonne foi, qui pèchent par inconsciente amoralité. » La conclusion de l'étude pourrait être le dernier mot d'une chronique de M. .Iules Claretie, dans le Temps du 28 juin 1907, qui propose, pour une nouvelle édition du Dictionnaire de l'Académie, cette explication du mot Devoir : «Vocable hors d'usage; il a vieilli »." (p. 494)
MATAGRIN Amédée, La psychologie sociale de Gabriel Tarde, Paris, Alcan, 1910.
Matagrin, Amédée (1880?-1964)
Nombreux parallèles avec Nietzsche.
OLLION E., Les idées philosophiques morales et pédagogiques de Mme de Staël : thèse pour le doctorat ès lettres de l'Université de Lyon, Mâcon, Imprimerie de Protat frères, 1910.
Note dans la conclusion que Mme de Staël "n'est pas philosophe s'il faut, pour l'être, professer une doctrine dont toutes les parties fortement liées constituent un ensemble cohérent ; mais, à ce prix, Locke ou Berkeley, Jacobi ou Nietzsche le seraient-ils ?" (p. 293)
ROUDINE Victor, Max Stirner, Portraits d'hier, n°39, 15 octobre 1910.
Apporte des "preuves" que Nietzsche a lu Max Stirner (p. 93-94).
TOLLEMONDE Georges de, Du juste milieu. Traité général de philosophie et d'art, Paris, Librairie Léopold Cerf, 1910.
Exprime sa haute estime pour Nietzsche, son admiration, son approbation... Nombreuses évocations, notamment à la fin de la première partie.
WYZEWA Teodor de, "Introduction" de Paul Bourget, Le disciple, réédition, Paris, Nelson, 1910, p. 5-16.
Décrit la révolution que représente la publication du roman, en 1889, et l'influence qu'il a eue.
Voir Paul Bourget.
Anonyme, "Nietzsche jugé par les Français", {Chronique allemande}, in Bibliothèque universelle et revue suisse, t. 57, n°169, janvier 1910, p. 185-188.
A propos du succès de Nietzsche en France et de Daniel Halévy, La Vie de Frédéric Nietzsche.
ARNAUD Michel, "La Mère de Nietzsche", {Notes}, in Nouvelle Revue française, tome 2, n°11, 1er janvier 1910.
Référence citée d'après Le Temps du 4 janvier 1910.
GIDE André, "Journal sans dates", in Nouvelle Revue française, tome 2, n°11, 1er janvier 1910, p. 407-415.
A propos de l'article de Pierre Lasserre sur Daniel Halévy, La vie de Frédéric Nietzsche (p. 407-410). Gide recopie de longs extraits et s'indigne que Lasserre n'ait rien compris ou plutôt fasse semblant de ne rien comprendre à Nietzsche.
SCHLUMBERGER Jean, "La vie de Frédéric Nietzsche, par Daniel Halévy", in Nouvelle revue française, tome 2, n°11, 1er janvier 1910, p. 420-423.
Compte-rendu élogieux : "La connaissance directe des lieux où vécut Nietzsche, des personnes qui l'ont approché, des traditions orales qui subsistent encore, apportent à cette biographie des éléments d'émotion personnelle et l'entourent d'une atmosphère d'humaine vraisemblance." (p. 420)
Insiste longuement : "Le livre de Daniel Halévy appartient à cette critique que l'on pourrait appeler : juste, - par opposition à la critique passionnée qu'on se plaît aujourd'hui à trouver seule féconde. Justice à l'égard de Wagner, des amis faibles ou médiocres, des femmes qui d'une tendresse fidèle, bien qu'incompréhensive, surent adoucir la solitude du proscrit, justice à l'égard des différentes tendances que Nietzsche a appuyées tour à tour. C'est malgré la chaleur de l'admiration, un livre de mise au point, un livre qui résume les problèmes et cherche en face d'eux une attitude plausible." (p. 422)
Remarque d'abord que l'étude de Halévy permettra d'éviter des raccourcis grossiers : "Il est trop simpliste, vraiment, d'invoquer à tout propos la catastrophe finale et de résoudre toutes les contradictions apparentes de conduite et de doctrine en y cherchant des germes de folie." (p. 420)
COMERT Marguerite, "Le Retour éternel", in La Grande Revue, 10 janvier 1910, p. 117-123.
Poème. Une autre poème, portant le même titre, est publié en 1913.
GUY-GRAND Georges, "Nietzsche et Proudhon", in Pages libres, supplément de La Grande Revue, n°464, 10 janvier 1910, p. 145-161.
POTEZ Henri, "Nietzsche", in Le Grand Echo du Nord et du Pas-de-Calais, 12 janvier 1910, p. 1.
A propos de Daniel Halévy, La vie de Frédéric Nietzsche.
FAGUET Emile, "La morale de Nietzsche", in La jeune fille contemporaine, 15 janvier 1910.
Référence citée d'après la Revue Montalembert: organe de la Réunion des étudiants (1910)
GAULTIER Jules de, "Frédéric Nietzsche: Ecce Homo, suivi de Poésies", {Philosophie}, in Mercure de France, tome 83, 16 janvier 1910, p. 323-326.
Cite un passage relatif à Zarathoustra "afin de rappeler et de fixer le ton de ces pages d'autobiographie et d'autocritique au cours desquelles Nietzsche, au moment précis où sa pensée va se voiler, - en une sorte de pressentiment physiologique, - embrasse d'un long regard l'ensemble de son oeuvre dont il vient à cette époque de concentrer, dans la Volonté de puissance, le sens suprême." (p. 323) Remarque que ce ton "ne va pas sans choquer l'oreille d'un certain nombre de lecteurs." N'entend pas dissimuler cette impression mais au contraire la souligner pour l'analyser (p. 323-324). Expose que c'est seulement ainsi "qu'il sera permis de proclamer l'intérêt passionnant qui s'attache à cette publication." Celui-ci réside d'une part dans le fait que Nietzsche "ne possède plus le pouvoir d'inhibition considérable qu'il lui fallut, durant les années antérieures pour maîtriser la puissance prodigieuse d'élan et de bond d'où jaillit le rythme de sa pensée" (p. 325) et d'autre part, parce qu'elle contient des indications en vue de l'interprétation de l'oeuvre et de sa signification véritable (p. 325-326).
APOLLINAIRE Guillaume, "Daniel Halévy: La vie de Frédéric Nietzsche", {Les livres}, in Paris-Journal, 24 janvier 1910.
Constate que les "oeuvres de Nietzsche sont devenues presque populaires en France", qu'elles ont une influence considérable sur les écrivains et sur les peintre mais que Zarathoustra n'a pas pénétré dans la demeure des ouvriers.
Reconnaît : "Nous ne connaissions jusqu'à ce jour que peu de choses sur la vie de Nietzsche." Donne des exemples des aspects que Daniel Halévy révèle, en insistant notamment sur l'amitié avec Richard Wagner et sur les dernières années de la vie de Nietzsche.
ARMON Paul d', "Ni dieu ni ami", in La Dépêche de Brest, 24 janvier 1910, p. 2.
A propos de Daniel Halévy, La vie de Frédéric Nietzsche.
SOUDAY Paul, "Richard Strauss et Nietzsche", {Les Concerts}, in L'Eclair, 24 janvier 1910, p. 2.
BENOIST-HANAPPIER Louis, "En marge de Nietzsche", {Notes et documents}, in Revue Germanique, tome 6, n°1, janvier-février 1910, p. 51-57.
Contient deux paragraphes, "Le surhomme" (p. 51-53) et "Le retour éternel" (p. 53-57), précédés d'une introduction dans laquelle l'auteur explique qu'il s'agit de réflexions suggérées par la lecture des oeuvres de Nietzsche : "On y trouvera à la fois ou tour à tour une explication, une critique ou un développement des deux grandes théories de l'auteur du Zarathoustra. Comme le laisse entendre déjà le titre sous lequel je les ai réunies, elles ne constituent pas une étude suivie et systématique. J'ai pensée qu'elles pourraient néanmoins offrir un certain intérêt et provoquer éventuellement de la part des lecteurs familiarisés avec la philosophie nietzschéenne, de nouvelles observations, des objections même, donnant lieu à une sorte de controverse d'où il ne serait pas invraisemblable que jaillissent d'autres lumières." (p. 51)
Anonyme, "Nietzsche", in Le Courrier de Metz, 2 février 1910, p. 1.
HUCHARD H., "Un témoignage de F. Nietszche en faveur de nos stations hivernales", in Journal des Practiciens, 19 février 1910.
Référence citée d'après "Un témoignage de F. Nietszche en faveur de nos stations hivernales", in La Gazette des Eaux, n°2661, 5 mars 1910, p. 134.
LAGARDE Gaston de, "Le bon nietzschéisme", in La Lecture française, n°45, 25 février 1910, p. 74-78.
A propos du roman de Daniel Lesueur, Le droit à la force.
Anonyme, "La vie de Frédéric Nietzsche, par Daniel Halévy", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°2, supplément de mars 1910, p. 15-16.
Compte-rendu élogieux: "Cette biographie du poète-philosophe n'est pas seulement captivante par son charme littéraire, elle est précieuse par l'exactitude des aperçus qu'elle donne sur la formation des idées de Nietzsche." (p. 15)
Le crédit accordé est évident: "Une légende s'est formée sur Nietzsche, tendant à le représenter comme une sorte d'anarchiste aristocrate, de dilettante de la négation et du sarcasme. A lire M. Daniel Halévy, qui paraît bien ne dire que la simple vérité, l'impression est tout autre." (p. 15)
Remarque: "(...) Nietzsche n'a rien du "satanisme" que l'ingénuité littéraire de quelques critiques hâtifs lui a prêté."
Conclut qu'une autre image de l'oeuvre doit désormais être envisagée: "Il [Nietzsche] a exprimé avec un lyrisme merveilleux ce drame intérieur qui fut toute sa vie, et si cette expression n'est peut-être qu'un cri d'impuissance même, elle sort du moins d'une source pure et d'une sensibilité avide d'idéal. Il n'y a donc pas à se préoccuper des contradictions de la pensée nietzschéenne, et il serait puéril de la juger sur ses contradictions; il importe de saisir la signification d'ensemble des doutes et des espoirs, des désillusions et des aspirations par lesquels elle se traduit, et cette signification est claire quand on replace la pensée dans l'homme qui la créée. L'étude de M. Daniel Halévy est à ce sujet particulièrement instructive." (p. 16)
Anonyme, "Archiv für Geschichte der Philosophie", {Revues et périodiques}, in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°2, supplément de mars 1910, p. 24-25.
Compte-rendu d'un article de Stefan Sterling, "Nietzsches Moral vom naturwissenschaftlichen Standpunkte". Bref: "Cet article ne paraît apporter sur Nietzsche aucune considération vraiment originale. L'opposition de Nietzsche au christianisme, à la démocratie est exprimée avec quelque fermeté. Les " précurseurs " de Nietzsche sont signalés rapidement et avec exactitude. L'exposé de la doctrine nietzschéenne ne manque pas de clarté." (p. 25)
BESTAUX E., "Lettres inédites de Nietzsche à sa famille", {Revues austro-hongroises}, in Revue hebdomadaire, t. 3, mars 1910, p. 295-296.
Signale la publication de lettres de Nietzsche à sa mère, à sa soeur et à son beau-frère dans l'Österreichische Rundschau. Traduction de passages. Suite dans le numéro d'avril.
HUCHARD H., "Un témoignage de F. Nietszche en faveur de nos stations hivernales", in La Gazette des Eaux, n°2661, 5 mars 1910, p. 134.
Article reproduit d'après sa première parution dans le Journal des Practiciens, 19 février 1910.
POTEZ Henri, "La glorification de l'énergie", in Le Grand Echo du Nord et du Pas-de-Calais, 26 mars 1910, p. 1.
A propos des romans de Daniel Lesueur, Nietzschéenne et Le Droit à la force.
SEILLIERE Ernest, "Le frère d'armes de Nietzsche. Erwin Rohde", in Revue Germanique, tome 6, n°2, mars-avril 1910, p. 129-165.
BESTAUX E., "Lettres inédites de Nietzsche à sa famille", {Revues austro-hongroises}, in Revue hebdomadaire, t. 4, avril 1910, p. 272-274.
Continue (voir le numéro de mars) de proposer la traduction d'extraits des lettres de Nietzsche publiés dans l'Österreichische Rundschau.
Anonyme, "Coopération des idées. E. Marmain: La critique des idéologues, à propos de la vie de F. Nietzsche de Daniel Halévy", {Convocations diverses. Universités populaires}, in L'Humanité, n°2182, 8 avril 1910, p. 4.
Annonce de la conférence sur la biographie de Nietzsche par Daniel Halévy.
ENACRYOS, "Les Forts et les Faibles", in La Dépêche, 10 avril 1910, p. 1.
BERNARDINI-SJOESTEDT Léonie, "La « revision des valeurs » de la femme", in La Revue, vol. 85, n°8, 15 avril 1910, p. 503-514.
Extrait de son livre: La révision des valeurs de la femme, Paris, Flammarion, 1911.
Anonyme, {En feuilletant}, in La Revue française politique et littéraire, 17 avril 1910, p. 35.
Compte-rendu de Victor de Pallarès, Le crépuscule d'une idole.
BERNAERT Edouard, "Un appel aux Surhommes", in L'Univers, 18 avril 1910, p. 2.
BERNAERT Edouard, "L'Immoralisme féminin", in L'Univers, 24 avril 1910, p. 1.
REBOUX Paul, {Quelques livres}, in Le Journal, 29 avril 1910, p. 5.
Compte-rendu élogieux de Victor de Pallarès, Le Crépuscule d'une idole: "Comme tous ceux qui n'arrivent pas à se faire comprendre, ou, si vous préférez, qui arrivent à ne pas se faire comprendre, Nietzsche eut des admirateurs éperdus. Malheureusement, M. P. de Pallarès, dont l'esprit est lucide et qui écrit de façon remarquable, a étudié froidement Nietzsche, le nietzschéisme et les nietzschéens. Or, le bateau qui portait ce philosophe et sa fortune en a coulé bas. C'est ce qui arrive toujours lorsqu'un homme de bon sens éprouve la résistance d'une philosophie à la mode".
Anonyme, {Notes bibliographiques}, in La Croix, 7 mai 1910, p. 4.
Compte-rendu élogieux de Victor de Pallarès, Le Crépuscule d'une idole.
PAWLOWSKI Gaston de, {La Semaine Littéraire}, in Comoedia, 8 mai 1910, p. 2.
Compte-rendu de Jacques-Raoul Gaubert, Comment on devient Surhomme.
Anonyme, "Prix Vie Heureuse Erudition 1910", in La Vie heureuse, 15 mai 1910, p. 109.
Annonce de l'attribution du prix à Daniel Halévy, La vie de Frédéric Nietzsche. Résumé.
MURET Maurice, "Le "Nietzsche-Archiv" de Weimar", in Journal des débats politiques et littéraires, 16 mai 1910, p. 3.
HALEVY Daniel, "Lettre", in La Phalange, n°47, 20 mai 1910, p. 668.
Lettre de Daniel Halévy en réponse à une plainte d'Elisabeth Förster-Nietzsche. Commentaire de la revue : "Nous espérons que Madame Förster-Nietzsche, déférant au désir bien naturel de M. Daniel Halévy, voudra bien préciser ses allégations pour permettre à l'auteur de La Vie de Frédéric Nietzsche d'y répondre, nous n'en doutons pas, victorieusement."
BENOIST-HANAPPIER Louis, "Raoul Richter : Friedrich Nietzsche, sein Leben und sein Werk", {Comptes rendus critiques}, in Revue Germanique, tome 6, n°3, mai-juin 1910, p. 366-367.
Concernant la première partie de l'ouvrage consacrée à la vie et à la personnalité de Nietzsche, insiste sur la question de la folie et, comme Richter, contre Möbius, Nordau, Türck, estime qu'il n'y a aucune trace de folie avant l'effondrement de janvier 1889. Précise qu'une deuxième partie est consacrée à exposer "une philosophie nietzschéenne offrant un enchaînement méthodique." (p. 366) Souligne qu'il s'agit d'une réédition remaniée et augmentée pour laquelle Richter a mis à profit les écrits publiés depuis 1903.
Reproche à Richter de ne pas citer Renan et Stirner parmi les précurseurs de Nietzsche (p. 367) et de continuer à "penser que certaines assertions émises par Nietzsche sur le surhomme sont tout à fait inconciliables." Ajoute aussitôt qu'il se range personnellement à "l'avis de Mme Elisabeth Förster-Nietzsche, de Georg Simmel et d'Oskar Ewald." (p. 367) Conclut néanmoins en affirmant qu'il s'agit d' "une des meilleures études d'ensemble - sinon la meilleure - que nous possédions actuellement sur Nietzsche."
DAURIAC Lionel, "Halévy (Daniel). - La vie de Frédéric Nietzsche", {Revue bibliographique}, in L'année philosophique, tome 18, 1910, p. 269-270.
Commence: "C'est là une des meilleures biographies qui m'ait été donné de lire" et insiste: "On a constaté qu'après avoir lu cette biographie, le Nietzsche que l'on s'était figuré jusqu'alors fait place à un autre Nietzsche et sans doute beaucoup plus ressemblant." (p. 269) Précise: "Nietzsche, rassurons-nous, garde son génie et un génie d'avant-garde. Mais c'est un génie d'une nature mixte, décidément exceptionnel, indéfinissable: avons-nous affaire à un penseur ou à un poète? C'est ici qu'il faut savoir se taire. Toute détermination n'est-elle pas une négation? M. Daniel Halévy nous exhorte à nous taire, à moins qu'il ne nous conseille l'usage excessif de l'une et de l'autre définition."
Estime pour sa part que Nietzsche restera quoi qu'il advienne célèbre comme poète tandis que comme penseur, il doit beaucoup à ses maîtres. Signale que c'est ce qui résulte de la biographie de Halévy et ajoute: "N'en soyons pas surpris. Plus une réputation dure, plus le nom qu'elle consacre recule dans le voisinage des autres grands noms précédemment consacrés. Nietzsche s'oppose délibérément à Schopenhauer, qui reste néanmoins parmi ses créanciers. D'où l'on pourrait conclure que la pensée de Nietzsche reste essentiellement et profondément germanique." (p. 270)
Conclut au sujet de la vie de Nietzsche en constatant que "non seulement il fût la proie d'un mal physique" mais qu'"il souffrit constamment du mal d'être inconnu. Ce professeur de philologie ancienne ne savait pas penser au ras des textes. Et les philologues ses collègues lui ont fait sentir un peu trop souvent et peut-être aussi trop cruellement qu'il n'était pas de leur espèce." (p. 270)
PILLON François, "Dwelshauvers (G.) - La philosophie de Nietzsche", {Revue bibliographique}, in L'Année philosophique, tome 18, 1910, p. 264-265.
DEHERME Georges, "Crépuscule d'une idole, par V. de Pallarès", in Coopération des idées, juin 1910.
Anonyme, "Un curieux document en faveur de l'Esperanto", in Le Petit Parisien, 4 juin 1910, p. 4.
Signale et cite un passage de Nietzsche en faveur d'une langue universelle.
Citation reprise dans un article d'Ernest Archdeacon, "Pourquoi je suis devenu esperantiste", publié dans la Revue de Paris en juillet.
FRANTZ, "Nietzsche, l'Esperanto et la Navigation Aérienne", in Le De Dion-Bouton, 25 juin 1910, p. 3.
Journal industriel hebdomadaire. Article mentionné dans L'Auto-vélo du 28 juin 1910.
RIVIERE Jacqueline, "Nietzsche", in Les Veillées des chaumières, 25 juin 1910, p. 541-542.
Commençant en expliquant pourquoi elle range Nietzsche parmi les "maîtres de la pensée": "Si nous avons rangé Nietzsche dans cette galerie consacrée aux « Maîtres de la pensée », c’est qu’il faut entendre, par cette épithète de « maîtres », ceux qui faisant école — bonne ou néfaste — marchèrent à la conquête intellectuelle de leur temps — pour le conduire — ou l’égarer.
Et Nietzsche, dans cette acception, fut bien un « Maître », car, pour le malheur de l’avenir social, il eut, a et aura longtemps encore de fervents disciples" (p. 541).
Anonyme, "Zeitschrift für Philosophie und philosophische Kritik", {Revues et périodiques}, in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°4, supplément de juillet 1910, p. 23-26.
Compte-rendu d'un article de H. Aschlenasy sur les tentatives volontaristes dans la psychologie religieuse, chez Ebbinghaus et chez Nietzsche (p. 23).
Anonyme, "Zeitschrift für Philosophie und philosophische Kritik", {Revues et périodiques}, in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°4, supplément de juillet 1910, p. 23-26.
Compte-rendu d'un article de Oscar Ewald sur Darwin et Nietzsche (p. 25). Note brièvement que l'auteur "se demande si, comme on le prétend ordinairement, Nietzsche fut évolutionniste et darwiniste. Il résout la question par la négative, pour des raisons dont quelques-unes au moins ne sont pas convaincantes: "La théorie du surhomme est la négation de l'évolutionnisme et du darwinisme"."
FAGUET Emile, "La vie de Nietzsche", in Revue des Deux Mondes, tome 4, 1er juillet 1910, p. 164-173.
Séduit et convaincu: "(...) M. Daniel Halévy vient de consacrer à Frédéric Nietzsche un livre biographique sûr, solide, sobre, discret." (p. 164)
RUYTERS André, "A propos d'un article de M. Montfort", {Notes}, in Nouvelle revue française, tome 4, n°19, 1er juillet 1910, p. 111-114.
A propos de la querelle qui oppose Gide et Montfort, donne raison à Gide: "M. de Montfort a-t-il donc suivi de si loin et Nietzsche et tout ce que son influence depuis dix ans dégage et délivre parmi nous pour ne pas encore avoir reconnu que rien n'est plus moral, tiré de la morale et voué à la morale que le Nietzschéisme?" (p. 112) Définit le Nietzschéisme comme la réponse à "l'effort et à l'entreprise de l'homme qui, sentant en lui la présence d'une conscience que ne commande plus l'autorité théologique, entend se créer une règle, des lois, toute une discipline éthique, une "morale" en un mot, c'est-à-dire l'art de concilier les droits les plus exigeants de l'individu avec le devoir social et les droits mêmes du prochain." Conclut: "Quoi de plus éloigné en tout cas du scepticisme? Le plus grand bienfait de Nietzsche, en tant qu'éducateur, ç'a été de nous apprendre à dire "oui" à toutes choses et à la vie entière. M. Montfort ne le savait-il plus? " (p. 112-113)
MICHAUD Régis, "Emerson et Nietzsche", in Revue Germanique, tome 6, n°4 juillet-août 1910, p. 414-421.
SEILLIERE Ernest, "L'émancipation d'Erwin Rohde", in Revue Germanique, tome 6, n°4, juillet-août 1910, p. 385-413.
Récit de l'amitié entre Nietzsche et Erwin Rohde de 1886 jusqu'à l'effondrement de Nietzsche avec un récit de la vie et un exposé des oeuvres de Rohde jusqu'à sa mort en 1898. Explique comment et pourquoi les relations se sont dégradées entre les deux amis à partir de 1886 puis à cause de Taine.
ALBERT Henri, "Friedrich Nietzsche: Philologica, vol. I", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 86, n°315, 1er août 1910, p. 548-550.
Souligne l'intérêt des écrits philologiques de Nietzsche et précise leur place dans l'histoire de la publication des oeuvres de Nietzsche: "Aussi, dès la fondation du Nietzsche-Archiv, fut-il question de rendre accessibles au public les oeuvres philologiques de l'auteur de Zarathoustra.
Mais il fallait aller d'abord au plus pressé. La mise à jour des manuscrits philosophiques de Nietzsche a pris une quinzaine d'années et ce n'est qu'aujourd'hui que l'on peut considérer ce travail comme achevé. Ecce Homo a vu le jour l'année dernière et un volume de fragments qui complétera La Volonté de Puissance nous est promis pour très prochainement.
Mme Förster-Nietzsche, la dévouée soeur du philosophe, a donc pu songer à faire classer également les écrits philologiques restés inédits jusqu'ici. Elle a confié ce travail à M. Ernest Holzer." (p. 548)
Reconnaît qu'il "serait oiseux de se demander quelle est la valeur de Frédéric Nietzsche en tant que philologue" (p. 549), car la science vieillit vite mais souligne qu'il serait intéressant de savoir "quelle influence a eue sur Nietzsche la philologie classique" pour comprendre l'évolution de Nietzsche (p. 549).
Conclut en anticipant la publication des deux autres volumes annoncés: "Souhaitons que la publication des Philologica s'achève rapidement. Mme Förster-Nietzsche, dans la biographie de son frère, nous a donné un tableau des sujets qui ont été traités à Bâle. Quelques-uns d'entre eux sont d'un intérêt plus général que ce que nous trouvons dans le premier volume. Il importe beaucoup que le grand public puisse en prendre bientôt connaissance." (p. 550)
ALBERT Henri, "Nietzsches Werke und das Nietzsche-Archiv", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 86, n°315, 1er août 1910, p. 550-551.
A propos de la publication des oeuvres de Nietzsche et du Nietzsche-Archiv. Commence par signaler que l'éditeur Alfred Kröner a acquis de la maison C. G. Naumann "tous les droits sur les différentes éditions de Nietzsche." (p. 550) Signale qu'à cette occasion, le Nietzsche-Archiv vient de publier une petite brochure "où sont relatés les travaux de l'Institut nietzschéen depuis sa fondation." Indique que Elisabeth Förster Nietzsche "a quitté la direction effective de l'institution créée par elle" et que A. Oehler est le président du Nietzsche-Archiv. Donne la liste des membre du comité directeur. Annonce que le Nietzsche-Archiv décernera prochainement la première série de ses prix (p. 551).
ALBERT Henri, {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 86, n°315, 1er août 1910, p. 548-552.
Signale la suite des études d'Ernest Seillière sur les rapports entre Frédéric Nietzsche et Erwin Rohde (p. 552).
ALBERT Henri, "Memento", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, t. 86, n°317, 1er septembre 1910, p. 166-167.
A propos de la mort de Holzer et de l'article élogieux que lui a consacré Elisabeth Förster-Nietzsche dans Die Zukunft.
ANDLER Charles, "La liberté de l'esprit selon Nietzsche", in Bulletin de l'Union pour la vérité, tome 13, 1910, p. 373-389.
Sera repris dans sa grande biographie de Nietzsche publiée après la guerre.
ANDLER Charles, "La liberté de l'esprit selon Nietzsche (suite)", in Bulletin de l'Union pour la vérité, tome 13, 1910, p. 437-464.
Sera repris dans sa grande biographie de Nietzsche publiée après la guerre.
Anonyme, "A la mémoire de Nietzsche", in Express, 2 septembre 1910, p. 2.
Petite biographie à l'occasion du dixième anniversaire de la mort de Nietzsche.
BOREL Emile, "La liberté de l'esprit selon Nietzsche, par Charles Andler", in Revue du Mois, n°57, 10 septembre 1910, p. 375-376.
Compte-rendu de l'article de Charles Andler.
D. C., {Les Livres}, in Le Phare de la Loire, 19 septembre 1910, p. 2.
Compte-rendu de Daniel Halévy, La vie de Frédéric Nietzsche.
RENOUX Jacques, "Nietzsche... Wagner... Carmen", in L'intermédiaire des chercheurs et des curieux, t. 62, n°1271, 20 octobre 1910, p. 559.
Après la lecture du Cas Wagner, pose une question: "Un de nos confrère pourrait-il nous dire si Wagner a connu la partition de
Carmen et s'il s'est prononcé sur ce chef-d'oeuvre de passion, de couleur, de charme et de légèreté ?"
La réponse paraît dans le n°1275 du 30 novembre 1910.
ANDLER Charles, "Les opinions sociales de Nietzsche, 1876-1882", in Revue du Mois, tome 10, n°59, novembre 1910, p. 513-541.
Sera repris dans sa grande biographie de Nietzsche publiée après la guerre.
ANDLER Charles, "F. Nietzsche. -Ecce Homo, suivi des Poésies", in Revue critique des livres nouveaux, 1910, p. 27-28.
Compte-rendu extrêmement critique de la traduction d'Henri Albert.
TIS Georges, "Ainsi parlait Zarathoustra", in L'Afrique du Nord illustrée, 1er novembre 1910, p. 2.
Poème. Porte le sous-titre: "imité de Nietzsche".
Ce poème a déjà été publié en 1907 dans Le Courrier français.
Anonyme, "Notes et notules: Pages choisies de Nietzsche", {Au jour le jour}, in Journal des Débats politiques et littéraires, 3 novembre 1910, p. 1.
Compte-rendu d'une nouvelle édition de pages choisies de Nietzsche par Henri Albert (Mercure de France).
Note que la composition est très différente et sera pratique.
RIVIERE Emmanuel, "Les Camelots du Roi, Lacour, M. le duc d'Orléans", in L'Echo du Centre, 24 novembre 1910, p. 1.
Recommande la lecture du livre de Jules Pierre, Avec Nietzsche à l'assaut du Christianisme.
Suivi de la lettre d'un lecteur dans L'Echo du Centre du 26 novembre 1910 et encore d'une suite dans L'Echo du Centre du 29 novembre 1910.
O.H., "L'"Action Française" et Lacour d'un côté Le Roy de l'autre", in L'Echo du Centre, 26 novembre 1902, p. 2.
Lecteur qui a suivi la recommandation d'Emmanuel Rivière (L'Echo du Centre 24 novembre 1910) et trouve le livre de Jules Pierre sur les "apôtres de l'athéisme" captivant.
Nouvel envoi au journal le 29 novembre 1910.
O.H., "L'"Action Française" contre Dieu (Suite)", in L'Echo du Centre, 29 novembre 1910, p. 2.
Suite de sa lettre publiée dans L'Echo du Centre du 26 novembre.
Contre Charles Maurras qui utilise "les répugnants blasphèmes du Prussien Nietzsche".
Un passant, "Nietzche. Wagner. Carmen", in L'intermédiaire des chercheurs et des curieux, t. 62, n°1275, 30 novembre 1910, p. 808.
En réponse à une question posée dans le n°1271 (20 octobre 1910), signale une "gaffe" de Nietzsche. Il a vanté une phrase de Bizet qui est en fait de Wagner lui-même. Détails. Véracité à vérifier...
Information reprise dans Comoedia du 17 décembre 1910.
GOFFIN Arnold, "Le Crépuscule d'une idole: Nietzsche, nietzschéisme, nietzschéens, par M. V. de Pallarès", {Les livres}, in Durendal, 17e année, 1910, p. 696-697.
Compte-rendu du livre de Victor de Pallarès. Commence ainsi: "« Idole » est le mot juste, car Nietzsche a été et est encore, d’ailleurs, l’objet d’un véritable culte, de la part même de gens qui, étant données les aspirations démocratiques qu’ils nourrissent, auraient dû éprouver la répulsion la plus vive pour sa pensée violemment aristocratique. Mais, voilà, il se présentait en même temps comme le « tombeur » des vieilles morales, de toutes les puissances religieuses ou métaphysiques du passé, les religions, les philosophies, le préjugé de la vérité... C’était une force de destruction dont on trouvait expédient de se servir, quitte à lui nier toute valeur, lorsque, après avoir démoli, elle voudrait reconstruire" (p. 696).
LICHTENBERGER Henri, "Friedrich Nietzsche : Also sprach Zarathustra, erklärt und gewürdigt von Hans Weichelt", {Comptes rendus critiques}, in Revue Germanique, tome 6, n°5, novembre-décembre 1910, p. 634-635.
Précise que Hans Weichelt ne propose pas une lecture objective mais un témoignage personnel. Ajoute aussitôt qu'il est donc hors de propos de la critiquer comme une interprétation qui aurait une valeur normative (p. 634). Résume en expliquant que Weichelt voit dans Zarathoustra une oeuvre bizarre, scandaleuse et édifiante. Constate qu'il s'en prend aux commentateurs de Nietzsche qui s'efforcent "d'effacer toutes les contradictions que renferme son oeuvre, contre les exégètes hardis qui le travestissent en prophète religieux, en chrétien, voire même en socialiste." (p. 635) Acquiesce tout en se demandant si cette manière de voir n'a pas conduit l'auteur à "simplifier parfois un peu trop les problèmes qu'il traite" et particulièrement le problème du Surhomme. Conclut cependant en reconnaissant que le livre de Weichelt "se lit aisément, qu'il est écrit avec bonne foi, sans parti pris d'enthousiasme ou de dénigrement et pourra faciliter à certains lecteurs l'intelligence d'une oeuvre pour laquelle un commentaire est, sinon indispensable, du moins vraiment utile sur bien des points."
Le diable boîteux, "Chi lo sa?", {Echos}, in Gil Blas, 5 décembre 1910, p. 1.
Une anecdote sur le service dans l'artillerie de Nietzsche.
Anonyme, "Recommandé à nos lecteurs: Avec Nietzsche à l'assaut du christianisme", in L'Echo du Centre, 13 décembre 1910, p. 1.
Annonce (répétée dans plusieurs unes). Le 24 décembre, un encart indique que ce livre "intéressant" est disponible dans les bureaux du journal.
LICHTENBERGER Henri, "Daniel Halévy. - La vie de Frédéric Nietzsche", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n°10, 15 décembre 1910, p. 417-418.
Commence par remarquer qu'il existe "parmi les biographes qui ont décrit l'évolution de la vie intérieure de Nietzsche deux tendances principales" : "Les uns voient dans cette existence surtout une tragédie inouïe qui aboutit à une sombre catastrophe. Ils soulignent ce que la personnalité du grand penseur a d'exceptionnel, d'anormal, « de romantique ». (...) Les autres sont frappés davantage par ce que la pensée de Nietzsche a de typique, de représentatif, de « classique ». (...) Sa vie leur apparaît comme le développement régulier d'un génie qui atteint sa hauteur et réalise pour l'essentiel son oeuvre mais qui doit lutter désespérément contre la maladie et l'incompréhension, qui triomphe de tous les obstacles et se dresse finalement, victorieux, ayant dit aux hommes le mot qu'il avait à leur dire, mais qui est terrassé aussi par le mal implacable et s'abîme dans le gouffre de la folie avant d'avoir pu achever Zarathustra et rédiger la Volonté de Puissance." (p. 417-418)
Remarque que Daniel Halévy est "beaucoup trop objectif pour soutenir de façon exclusive l'une ou l'autre de ces thèses." Il constate que Daniel Halévy s'est efforcé "d'être impartial et de tenir compte de tous les documents" mais remarque : "Il est aisé néanmoins d'apercevoir la tendance générale de sa critique. Parmi les témoignages que nous possédons sur Nietzsche, on remarque sans peine qu'il accorde une importance spéciale à ceux de Mme Lou Andréas-Salomé et d'Overbeck. Il est non moins visible qu'il n'accepte qu'avec beaucoup de réserves celui de Mme Förster-Nietzsche qui, comme on le sait, a toujours combattu avec énergie la conception d'un Nietzsche « romantique ». Et je crois qu'on retirera d'une lecture attentive de son livre l'impression nette que le Nietzsche qu'il décrit est plutôt « romantique » que « classique ». " (p. 418)
En se gardant de donner son point de vue personnel, Henri Lichtenberger en déduit : "Le récit de M. H. ne sera sans doute pas accepté sans réserves par ceux qui estiment que Nietzsche fut quand même un victorieux et saluent en lui le poète et le philosophe classique du nihilisme européen."
Finalement, il conclut avec une bienveillance teintée de condescendance : "(...) tout le monde sera d'accord pour rendre hommage au talent très séduisant de l'auteur. Ce livre, qui suppose des lectures étendues, est écrit sans nul pédantisme et se lit comme un roman. Plein de vie et de couleur, inspiré par un sentiment sincère de sympathie et de pitié pour le génie du grand penseur, écrit avec mesure et sobriété, sans phrases ni déclamation, il doit être rangé au nombre des productions les plus brillantes de l'immense littérature nietzschéenne de ces dernières années."
LICHTENBERGER Henri, "V. de Pallarès. - Le Crépuscule d'une idole. Nietzsche, Nietzschéisme, Nietzschéens", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n°10, 15 décembre 1910, p. 419.
Constate que Nietzsche n'est pour Victor de Pallarès qu' "une idole exotique grossièrement taillée", peut-être "le vrai prophète" mais certainement "une médiocre et vilaine idole, indigne de satisfaire un esprit tant soit peu délicat." Selon Pallarès, Nietzsche ne devrait donc sa gloire qu'à "l'inestimable complaisance avec laquelle il se laisse débiter en un petit nombre de formules portatives, à l'usage des gens pressés et des snobs des deux sexes." Lichtenberger conclut sans plus de discussion : "Si, après avoir été tant de fois déjà « tombée » par M. de Pallarès et par combien d'autres avant lui, l' « idole » conserve toujours encore des fidèles, on en conclura, chacun selon son tempérament, ou que la sottise humaine est incommensurable, ou que peut-être Nietzsche possède tout de même des mérites que l'analyse de M. de P. n'a pas fait ressortir."
LICHTENBERGER Henri, "Dietrich Heinrich Kerler. - Nietzsche und die Vergeltungsidee. Zur Strafrechtsreform", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n°10, 15 décembre 1910, p. 419.
Souligne que l'auteur se range parmi les criminalistes modernes qui nient à la punition tout caractère expiatoire ou morale. Note qu'il s'appuie sur les analyses de Nietzsche pour montrer que la punition n'est qu'une "satisfaction donnée à l'instinct de vengeance." Conclut en remarquant qu'il s'agit d'une "brochure très lucide" et d'un "témoignage intéressant de l'influence exercée par Nietzsche dans un domaine de la pensée où ses idées n'ont pendant longtemps rencontré que l'hostilité ou le mépris."
LE GUERN H., "L'Action Française. "Avec Nietzsche à l'assaut du Christianisme"", in L'Ouest-Eclair (Rennes), 16 décembre 1910, p. 1.
Commentaire du livre de Jules Pierre.
MESSET H., "Friedrich Nietzsche: Ecce Homo, trad. par Ed. Coenraads, avec un Essai sur Nietzsche, par Is Querido", {Lettres néerlandaises", in Mercure de France, t. 88, n°324, 16 décembre 1910, p. 165-166.
Note: "Il y avait longtemps que Nietzsche était connu, admiré et critiqué en France, que le public néerlandais ignorait encore jusqu a son nom. Heureusement, depuis quelques années, cette déplorable igno rance commence à se dissiper. On s’est mis à le traduire, des pages choisies d’abord, timidement lancées, puis des ouvrages entiers. Le succès ne se lit pas attendre; déjà Nietzsche est à la mode chez nous, et tout porte à croire que le jour n'est pas trop éloigné où nous n’au rons plus à vous envier une traduction complète de son œuvre" (p. 165). Comparaison avec Multatuli (p. 166).
CRITON, "Une brochure catholique contre l'Action Française", in L'Action Française, 17 décembre 1910, p. 5.
Précisions et protestation à propos de Jules Pierre, Avec Nietzsche à l'assaut du christianisme.
LE GUERN H., "L'Action Française. "Avec Nietzsche à l'assaut du Christianisme II", in L'Ouest-Eclair (Rennes), 17 décembre 1910, p. 1.
Suite du commentaire du livre de Jules Pierre.
Le Masque de Verre, "Nietzsche, Wagner, Bizet", {Echos}, in Comoedia, 17 décembre 1910, p. 1.
Un lecteur signale une erreur de Nietzsche. Source dans L'intermédiaire des chercheurs et des curieux du 30 novemre 1910.
SARCEY Yvonne, {Les Lettres de la Cousine}, in Annales politiques et littéraires, n°1434, 18 décembre 1910, p. 21-22.
Post-scriptum à propos de la conférence de Jules Bois sur "Le Nietzschéisme Féminin et Mme Daniel Lesueur" au Cercle d'Auteuil.
Signale: "M. Jules Bois a fait une conférence, longuement applaudie, sur Daniel Lesueur et le féminisme, tel que son oeuvre le représente. M. Jules Bois, après avoir dit tout le bien qu'il pensait du brillant écrivain, a développé cette idée très goûtée de ce jeune public, qu'il ne faut prendre de Nietzsche que ses admirables leçons d'énergie et garder au coeur l'idéal, la foi d'un au delà qui l'embellisse et le rende meilleur" (p. 22).
PIERRE Jules, "L'Action Française. "Avec Nietzsche à l'assaut du Christianisme"", in L'Ouest-Eclair (Rennes), 19 décembre 1910, p. 1.
Corrige une erreur dans les articles d'H. Le Guern sur son livre (L'Echo du Centre, 16 et 17 décembre 1910)
Anonyme, "Les Cercles des Annales", in Annales politiques et littéraires, n°1435, 25 décembre 1910, p. 637.
A propos de la conférence de Jules Bois sur "Le Nietzschéisme Féminin et Mme Daniel Lesueur" au Cercle d'Auteuil.
LAURET René, "Nietzsche et la culture française", in Les Marches de l'Est, tome 2, 1910, p. 510-519.
Anonyme, "Philosophische Stroemungen der Gegenwart, par Ludwig Stein", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°1, supplément de janvier 1910, p. 6-8.
Enumère brièvement le contenu des dix chapitres qui composent la première partie de l'ouvrage. Détaille: "Chap. VIII: Les individualistes: Stirner (le "Don Quichotte de l'individualisme") et Nietzsche." (p. 7) Constate le peu d'influence que la philosophie allemande exerce dans le pays même et estime que le livre de Louis Stein en est la démonstration : "Quel aveu humiliant en effet, que d'être obligé de traiter sérieusement, de consacrer un chapitre entier à un marchand d'orviétan pseudophilosophique tel que M. H. S. Chamberlain, et de constater qu'il a tant de prise sur l'opinion publique que des philosophes autorisés ont fini par les prendre au sérieux." (p. 8)
Anonyme, "Jean Marie Guyaus Moral-und Religions-philosophie, par Mme Elisabeth Zitron", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°1, supplément de janvier 1910, p. 15.
Critique la comparaison menée et finalement conteste l'opposition symétrique entre Nietzsche et Guyau que constate Alfred Fouillée.
Anonyme, "Revue des idées", {Revues et périodiques}, in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°1, supplément de janvier 1910, p. 20-23.
Compte-rendu d'un article de Georges Batault, sur "L'idée d'évolution et le concept de durée". Note: "Selon l'auteur, la "réintégration du principe de durée dans la philosophie et les sciences" est due, non seulement à Bergson, mais aussi à Nietzsche." (p. 21)
SAINT-POINT Valentine de, "Une Mort (II)", in Nouvelle Revue, t. XIII, 1er janvier 1910, p. 25-54.
Roman. Le début a paru le 15 décembre 1909 et la suite paraît dans les numéros suivants.
Siegfried emprunte dans la bibliothèque d'Unique un livre de Nietzsche qu'elle a lu et annoté. Description des annotations laissées (p. 39-40).
PREVOST Marcel, "La fiancée trop difficile", {Les Chroniques de femina}, in Femina, n°215, 1er janvier 1910, p. 5.
Répond à la lettre d'une lectrice qui s'inquiète d'épouser un homme qu'elle aime mais qui n'est pas très intelligent.
Note d'abord qu'elle a peut-être tort puis suppose que ce soit bien le cas: "J'admets comme prouvée l'inintelligence de notre pauvre fiancé. Qu'allons-nous en conclure ? Faudra-t-il l'évincer comme indigne parce qu'il méconnaît le surhomme de Nietzsche, et ne prétend qu'à la gloire d'être un brave homme de mari, une bonne pâte d'époux affectueux et dévoué ?
Ecoutez bien, Mademoiselle. Il me semble que si j'étais femme, l'infériorité intellectuelle d'un fiancé ne me rebuterait point, à condition
que je l'aime. — Que dis-je ? elle pourrait même m'intéresser. Le rôle, d'une épousé supérieure à son époux n'est pas injouable, soyez en convaincue".
MONTFORT Eugène de, "Charles-Louis Philippe", in Les Marges, 5, janvier 1910.
REYNOLD Gonzague de, "Le Besoin de l'ordre", in Voile latine, janvier 1910.
CLOUARD Henri, "La "Cocarde" de Barrès", in Revue critique des idées et des livres, 10 janvier 1910, p. 332-358.
Suite. Note qu'"une impression de nationalisme très nette se dégage" de la série « Vie intellectuelle » de Charles Maurras (dans La Cocarde). Ajoute que Maurras, "quand il l'eut achevée, put se rendre ce témoignage non seulement d'y avoir « associé pas mal de réflexion à beaucoup de passion », mais surtout d'y avoir fait sentir la nécessité des traditions, non sans avoir respecté toutefois un légitime internationalisme." Cite Maurras: "Justement, en raison du mépris que nous inspirait à Paris le métèque arrogant et vil, nous nous appliquions à relever ce qui paraissait d'éminent parmi les races étrangères et, par exemple, nous avons suivi d'assez près le développement de Frédéric Nietzsche" (p. 354).
Voir Charles Maurras, "La Vie intellectuelle", in La Cocarde, 7 mars 1895, p. 2.
ROLAND-GOSSELIN D., "L'étude des Morales païennes", in Revue de la jeunesse, 10 janvier 1910, p. 299-304.
Signe "O. P. Professeur d'Histoire de la Philosophie".
Débute en justifiant: "Morales païennes: l’expression serait défectueuse et insuffisante si on voulait la restreindre à désigner les vieilles morales du paganisme. Je l’entends au contraire, pour l’instant, aussi bien de la morale d’un Kant ou d’un Nietzsche que de celle de Socrate ou du Stoïcisme. C’est en effet de toutes les doctrines morales étrangères à l’Évangile, que la Revue de la Jeunesse voudrait tour à tour entretenir ses lecteurs, - pour leur plus grand bien, - et de toutes que j’ai, présentement, l’intention de leur dire qu'elles sont très utiles à connaître, à certaines conditions" (p. 299).
Sur la morale de Nietzsche. Conclut: "Ces quelques réflexions suffiront, je crois, à faire comprendre de nos lecteurs, la raison d’être d’études suivies sur les différentes morales « païennes », et l’esprit dans lequel elles demandent à être lues. Dans ce même esprit, d’ailleurs, on s’efforcera de les écrire, — soucieux de donner l’exemple d’une critique probe et féconde" (p. 304).
Article cité dans la Revue Montalembert: organe de la Réunion des étudiants (1910).
LICHTENBERGER Henri, "W. Ostwald, Grosse Maenner", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome I, n°1, 15 janvier 1910, p. 41-43.
Signale que l'ouvrage est consacré "à l'attirant problème de la genèse des grands hommes" et résume: "M. O. voit essentiellement dans la culture une amélioration du coefficient de rendement du travail humain et dans le génie un " transformateur " d'énergie qui travaille avec un coefficient économique particulièrement satisfaisant." (p. 41) Estime: "J'ai l'impression que la génération présente qui a beaucoup pratiqué Nietzsche n'est pas très disposée à se contenter d'une solution aussi simple et aussi optimiste." (p. 41)
VANDEREM Fernand, "Discours pour la Réception de Mme Daniel Lesueur", in Femina, n°216, 15 janvier 1910, p. 16.
L'auteur imagine que Daniel Lesueur a été reçue à l'Académie française et réagit au discours qu'elle a prononcé.
Mentionne la faveur populaire de Daniel Lesueur:
"Vous avez toujours eu le privilège, Madame, de passionner l'opinion. Dès que paraît un de vos ouvrages, les interviews partent toutes seules et les enquêtes éclatent sous vos pas. Renouvelez-vous le roman d'aventures? Aussitôt, d'elle-même, toute la littérature
s'empresse de fournir son avis sur ce renouvellement. Introduisez-vous la philosophie de Nietzsche en un de vos livres ? Ce sont immédiatement dans les gazettes cent questionnaires spontanés sur cette doctrine. Proclamez-vous le « droit à la force » ? Il n'en faut pas plus pour que ce droit fasse jaillir d'emblée, dans tous les journaux, les commentaires les plus animés".
Note qu'elle a trouvé une doctrine qui lui convient, "un système conforme à la fois et à votre besoin d'action et à votre fine pitié humaine : j'ai nommé, Madame, le nietzschéisme". Ajoute qu'elle s'y est rigoureusement et passionnément tenue:
"Bien plus, à peine étudiée, vous avez éprouvé l'impérieux devoir de la communiquer à vos concitoyens. Et ce fut, coup sûr coup, ces deux belles leçons de vaillance morale, ces deux poignants et substantiels romans : Nietzschéenne, Le Droit à la Force.
Que vous vous soyez entièrement assimilé la totalité de la philosophie de Nietzsche, voilà ce que je ne me hasarderais pas à affirmer, Madame. Nietzsche est un auteur difficile, obscur, épars, voire même contradictoire. Mais l'essentiel de ses idées si souvent calomniées ou dénaturées : suprématie légitime des forts, mépris de la faiblesse, surmenage de la volonté, — rien de tout cela ne vous a échappée et vous avez su ingénieusement le faire revivre en vos récents livres.".
Anonyme, "Au conseil municipal", in Le Midi socialiste, 20 janvier 1910, p. 3.
Contient: "Où Nietzsche va se nicher". Se moque que dans la discussion, M. Juppont cite Nietzsche (voir le texte ).
GOURMONT Remy de, "Le Maître d'école", {Causeries}, in La Dépêche, 24 janvier 1910, p. 1.
Les enfants ont besoin d'une morale simple, pas de Nietzsche.
SAUVEBOIS Gaston, "Essai sur une espèce", in Les Rubriques nouvelles, 25 janvier 1910, p. 16-18.
Sur l'arriviste, variante de l'individualisme, du nietzschéisme...
APOLLINAIRE Guillaume, "Le thé poétique de la duchesse", in Paris-Journal, 29 janvier 1910.
Anecdotes sur la vie dans les salons : "M. Schuré - qui avait perdu son lorgnon - discutait violemment avec un jeune homme à propos de l'article que M. Meyerson a publié contre Nietzsche dans Paris-Journal."
Collectif, "Pédagogie", in L'Inspection primaire. Bulletin du Cours Turgot, n°1, janvier-février 1910, p. 7-19.
Sujets de dissertation et sujets de devoirs en lien indirect ou direct (p. 8) avec les idées de Nietzsche.
Proposition de correction d'Adolphe Espiard (professeur de philosophie) dans le numéro de mai-juin 1910.
ALBERT Henri, "Julius Meier-Graefe: Spanische Reise", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 83, n°303, 1er février 1910, p. 546-547.
Le livre est, selon Albert, presque entièrement écrit en style télégraphique : "Si l'on voulait critiquer ce style, on lui appliquerait ce que Nietzsche dit du langage des officiers allemands. Une succession de clichés, déroulée sur un ton cassant." (p. 547)
PARODI Dominique, "Les grandes tendances de la philosophie contemporaine en France" , in Revue du Mois, n°50, 10 février 1910, p. 141-162.
Leçon d'ouverture d'un cours à l'Ecole des Hautes Etudes sociales en 1909/1910.
Constate l'absence de philosophie officielle, la prépondérance d'un courant anti-intellectualiste, la posibilité d'une réaction contre ce courant. Désigne une philosophie française qui est autonome, les influences étrangères n'ayant agi que sur la forme. Conclut: "La notion d'évolution universelle, l'idée de vie chez un Guyau, introduisaient des éléments d'instabilité jusque dans nos certitudes et dans notre science, jusque dans la constitution même de notre raison. L'influence d'un Schopenhauer et plus tard d'un Nietzsche devaient manifester avec éclat ces conséquences: mettre le vouloir-vivre ou le vouloir-grandir à la racine de l'être, c'est réduire l'intelligence à n'être plus qu'un instrument de la vie, supportée et débordée par quelque chose de beaucoup plus profond qu'elle. (...) Il en résulte bien que la valeur des idées résidera moins dans leur vérité intrinsèque, qui s'évanouit, que dans leur utilité; elles ne seront plus qu'un épisode secondaire, sinon un accident, au cours de l'évolution, et, encore une fois, un simple instrument de vie.
Ce sont ces ferments d'anti-intellectualisme que nous allons voir maintenant se développer, et converger, bien que venant de sources si diverses, non pas sans doute vers une commune doctrine, mais au moins vers un esprit semblable lequel sans doute ne se manifeste pas chez tous les penseurs contemporains en France, ni chez tous sous la même forme, ni au même degré, mais qui pourtant nous a paru constituer comme la note distinctive et comme la nuance propre de l'heure présente en philosophie" (p. 162).
ROUZAUD Henri, "Revue des revues", in Revue critique des idées et des livres, tome 8, 10 février 1910, p. 290-297.
Compte-rendu de Gonzague de Reynold, "Le Besoin de l'ordre", dans la Voile latine. Rouzaud remarque : "Quand, parmi les maîtres "les plus immédiatement utiles", M. de Reynold nomme Maurice Barrès, nous ne pouvons que l'encourager et le féliciter; mais nous ne le suivons plus lorsqu'il recommande Nietzsche; assurément Nietzsche n'est plus l'anarchisme démocratique, mais c'est une nouvelle forme d'anarchisme. Il ne faut pas confondre la Force brute, indisciplinée, avec l'Autorité qui agit en vue d'un but précis, le bien public." (p. 295-296)
BORDEAUX Henry, "La peur de vivre", in La Paix sociale, 17 février et 20 février 1910, p. 2.
Publication en feuilleton du roman déjà publié en 1902, couronné par l'Académie française et très souvent réédité (centième édition en 1914). Dans la préface, Henry Bordeaux constate qu'il est "dans les affaires, en politique, dans le monde, un peu partout, des hommes et même des femmes qui déploient de quelque manière leur force et leur courage. Ce ne sont pas nécessairement des bandits. Mais, tous, ils ne veulent obtenir de la vie que des joies ou tout au moins des sensations violentes, et prétendent la rejeter ensuite comme une orange exprimée. Ce sont des individualistes forcenés qui ne veulent garder aucune mesure dans la jouissance et ne voient dans l'univers qu'un héritage personnel à dilapider. Je les connais bien, pour avoir regardé souvent dans leur direction avec la fièvre du désir. Jamais on n'a repoussé avec autant d'insolence la possibilité d'une vie future, et jamais certains d'entre nous ne se sont précipités avec de si vaines ardeurs au-devant de tous les dangers de destruction, comme s'il fallait brûler cette vie unique pour trouver en elle quelque flamme divine. On la roule dans le tourbillon de la mort pour accumuler sa puissance en quelques secondes menacées.
Le romantisme, en proclamant le droit à la passion, le droit au bonheur, le droit à la liberté, encourageait ce développement de la force individuelle. Aujourd'hui un nouveau romantisme l'exalte, et ce sont principalement les femmes qui le prêchent. Leur avènement dans la littérature contemporaine qu'elles ont envahie n'est qu'un symptôme d'un féminisme plus général. Moins apte que l'homme à saisir l'ensemble complexe des vies sociale et morale, la femme nouvelle épuise d'un coup ses revendications, et va d'un bond au bout de la route où conduisent la confiance dans son pouvoir et cette vue bornée de l'univers qui se réduit à soi-même. Enfin l'individualisme
a trouvé son philosophe dans un poète, Nietzsche, d'ailleurs mal interprété, qui accorde au surhomme tous les droits, et comment ne pas se croire un surhomme, surtout si l'on est une femme moderne?"
Dans l'édition de 1914 (Paris, Fontemoing et Cie), cet extrait se situe p. 34-35.
Anonyme, "Librairie de L'"Humanité"", in L'Humanité, 26 février 1910, p. 4.
Plusieurs volumes de Nietzsche font partie de cette librairie.
BURY Robert de, {Les Journaux}, in Mercure de France, t. 84, n°305, 1er mars 1910, p. 151-156.
Signale moqueur un article moqueur de Gaston Picard sur Emile Faguet dans La Rénovation morale. Cite à propos de En lisant Nietzsche: "Si Nietzsche est obscur, M. Faguet l'est davantage" (p. 154-155).
CHIAPELLI Alessandro, "Les tendances vives de la philosophie contemporaine", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 69, n°3, mars 1910, p. 217-248.
Constate une "résurrection" de la philosophie et note : "En Allemagne, du matérialisme naturaliste, en passant par le néo-criticisme kantien, sont sorties peu à peu de nouvelles formes d'idéalisme objectif qui aujourd'hui se rattachent au mouvement Fichte-Hegel, ou bien par Schopenhauer et le spiritualisme de Lotze et de Fechner et en se conformant surtout à l'esprit impérialiste de notre époque et à la doctrine nietzschéenne du Wille zur Macht, elles prennent avec Wundt et Paulsen un sens volontariste." (p. 230)
Constate depuis une dizaine d'année un "renversement des anciennes valeurs" et le retour à un idéalisme qui n'a rien à voir avec l'idéalisme romantique qui était surtout intellectualiste (p. 243). Estime que "le Wille zur Macht de Nietzsche" est une des manifestations de l' "avènement du volontarisme" (p. 244) ou encore d'un "nouvel irrationalisme" qui correspond à la fois à "une négation des idéalités éthiques traditionnelles", à "une apothéose des instincts impulsifs de l'individu et de la collectivité" et à "une raisonnable protestation contre tant d'éléments importants de l'expérience artistique, éthique et religieuse que nous devons à l'intellectualisme et au positivisme scientifique." (p. 245)
DUGAS L., "L. Prat. - Contes pour les métaphysiciens", {IV. Variétés}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 69, n°3, mars 1910, p. 324-326.
Sans citer le nom de Nietzsche, expose les idées de l'auteur en utilisant quelques expressions liées à l'oeuvre de Nietzsche "bête de proie" (p. 325), "sous-homme" (p. 325 et p. 326), "surhomme". (p. 326)
GUY-GRAND Georges, "Le procès de la démocratie", in Revue de métaphysique et de morale, t. XVIII, n°2, mars 1910, p. 242-261.
A propos de Georges Sorel, Réflexions sur la violence, parallèles avec Nietzsche. Aussi avec Renan, Jules Lachelier...
LALANDE André, "La théorie des valeurs", {Revue critique}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 69, n°3, mars 1910, p. 304-311.
Constate en préambule : "La notion de valeur, d'abord utilisée par la science économique, a pris récemment une extension considérable dans le domaine de la philosophie. Les paradoxes littéraires de Nietzsche, d'une part, de l'autre les analyses psychologiques de Meinong, d'Ehrenfels, de Kreibig, de Münsterberg ont popularisé ce concept, et l'ont substitué dans l'usage aux concepts usuels dont se servaient les sciences normatives : bien et mal, droit et devoir, règle et fin." (p. 304)
WEBER Louis, "« Devoirs », par B. Jacob", {Etudes critiques}, in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°2, mars 1910, p. 221-228.
Constate qu'on a été jusqu'à identifier tempérance et moralité: "C'est ce que faisait les sophistes Calliclès et Thrasymaque, afin de les repousser l'une et l'autre, et la même négation se retrouve de nos jours chez Nietzsche." (p. 222)
BOURDEAU Jean, "Les courants de la philosophie contemporaine", in Journal des Débats politiques et littéraires, 22 mars 1910, p. 1.
A propos du livre de Ludwig Stein, Philosophische Stroemungen der Gegenwart.
Anonyme, "Rivista di Filosofia neo-scolastica (janvier 1910)", {Revue analytique des revues}, in Revue thomiste, n°2, mars-avril 1910, p. 285-286.
Compte-rendu de l'article d'E. Palhoriès: "Nietzsche et la morale de la force", p. 30-51 (p. 285).
Compte-rendu de la suite dans le numéro de mai-juin 1910.
FAGUET Emile, "Fontenelle", in Revue des Deux Mondes, vol. 56, 1er avril 1910, p. 541-549.
Sur Fontenelle et surtout sur l'admiration de Nietzsche pour Fontenelle.
GIDE André, "L'Amateur de M. Remy de Gourmont", in Nouvelle revue française, tome 3, n°16, 1er avril 1910, p. 425-437.
Reproche aux personnages de Remy de Gourmont d'être "des âmes sans paysage" et ajoute: "La pensée n'est jamais chose palpitante et souffrante. Nietzsche, lorsqu'il ampute, s'ensanglante toujours les doigts; on dirait que Gourmont n'opère que sur planches anatomiques; c'est pourquoi « non dolent, poete ». Il n'est pas tant cruel qu'abstrait." (p. 431)
ROSNY J. -H., "Le Pauvre Bougre", in Le Journal, 2 avril 1910, p. 3.
Conte. Héroïne a lu Nietzsche, contre la pitié.
TINAYRE Marcelle, "L'Amour et la Pitié", in Le Journal, 3 avril 1910, p. 1.
Remarque: "Les temps sont durs pour les faibles, les inquiets, les vaincus, et surtout pour les malades. La société fait beaucoup pour eux : elle leur offre des hôpitaux, des dispensaires, des sanatoria. Mais les femmes modernes ne leur offrent plus d'amour. Elles les plaignent, elles les soignent. Elles ne les épousent plus - du moins dans les livres.
Les jeunes filles, les jeunes femmes qu'on rencontre aujourd'hui dans les livres sont vives et hardies; elles supportent malaisément Ies entraves et ne savent pas sucrer les tisanes. Elles préfèrent conduire une auto, voire même un aéroplane, et lire Nietzsche.
Ces charmantes personnes sont en train de devenir, à leur tour, des poncifs littéraires dont on rira bien dans cinquante ans. Mais parce qu'une variété féminine, comme une espèce florale, est à la mode, cela n'implique pas la disparition de toutes les autres variétés... Je suis persuadée que la sentimentale existe, mais elle cache sa fleur bleue."
FELIX-FAURE GOYAU Lucie, "Les fées sont-elles mortes?", in Le Matin, 7 avril 1910, p. 1.
Evoque Nietzsche et Wagner et les "incorrigibles nietzschéennes".
DUMONT-WILDEN Louis, "La littérature française en Belgique et les influences étrangères", in Revue bleue, n°15, 9 avril 1910, p. 460-466.
Texte d'une conférence donnée à Bruxelles, Liège, Anvers et Mons, sous les auspices de la Société "Les Amis de la Littérature", sous ce titre: Les influences étrangères dans la littérature belge.
Remarque : "(...) c'est de France, "en transit" que nous est venu Nietzsche." (p. 464)
LEBEY André, "Contre le Socialisme", in Le Socialiste, 10 avril 1910, p. 1-2.
Sur rôle du romantisme et de Nietzsche: "Qui nierait, en dépit de ses erreurs, de ses écarts et de ses fautes, son utilité, qui contesterait le foyer fécond qu’il entretint au cœur du dix-neuvième siècle, qui, parmi ses détracteurs, ne finirait pas par avouer que son mirage même aida l'humanité à faire un pas de plus?" (p. 1)
Anonyme, "Rivista di Filosofia neo-scolastica", {Revue analytique des revues}, in Revue thomiste, n°3, mai-juin 1910, p. 429-430.
Compte-rendu de la suite de l'article d'E. Palhoriès: "Nietzsche et la morale de la force", dans le numéro de février 1910 (p. 430).
Compte-rendu de la première partie dans le numéro de mars-avril 1910.
Anonyme, "Kants kritischer Idealismus als Grundlage von Erkenntnistheorie und Ethik, par le Dr. Oscar Ewald", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°3, supplément de mai 1910, p. 14-15.
Remarque que cet ouvrage "constitue en quelque sorte la suite et le couronnement de trois études publiées précédemment par le même auteur et intitulées: La doctrine de Nietzsche en ses conceptions fondamentales, Richard Avenarius comme fondateur de l'Empiriocriticisme et la Méthodologie de Kant." Ajoute: "Il est à remarquer que les travaux sur Nietzsche et sur Avenarius sont surtout négatifs. M. Ewald a choisi ces auteurs pour montrer où conduit le mépris de la théorie de la connaissance, en tant que discipline indépendante, et comment dès lors "le contenu solide de la réalité" s'évapore en un positivisme extrême." (p. 14)
Anonyme, "L'individualismo nelle dottrine morali del XIX secolo, par G. Vidari", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°3, supplément de mai 1910, p. 27.
Distingue trois types d'individualisme issu de l'instinct: esthétique et religieux avec Novalis, Jacobi, Schleiermacher, Coleridge, Carlyle, Emerson, de la volonté de puissance avec Stirner, Kierkegaard, Nietzsche et, enfin, de l'amour et de la philanthropie avec Guyau, Kropotkine, Tolstoï.
Anonyme, "Schopenhauer als Verbilder, par le comte Hermann Keyserling", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°3, supplément de mai 1910, p. 22.
Reproche à l'auteur d'avoir limité "l'action de Schopenhauer à celle qu'il a exercée sur les artistes." Ajoute: "A défaut d'influence directe, n'en a-t-il pas eu une très profonde à travers ses grands disciples Tolstoï et Nietzsche?"
MONTFORT Eugène de, "Mélanges. Gide contre Gourmont", in Les Marges, tome 5, mai 1910, p. 158-165.
Suite à l'article d'André Gide, "L'Amateur de M. Remy de Gourmont", Montfort analyse les causes profondes de l'opposition entre Gide et Gourmont. Il dénonce "le soi-disant immoraliste, le soi-disant nietzschéen", qui est en réalité "un homme à qui le scepticisme fait horreur", "un chrétien aigu. Et sa révolte devant Gourmont, c'est la clameur du protestant, du puritain à Bible contre Voltaire." (p. 163)
Anonyme, "Pascal et M. Maurice Barrès", in L'Univers, 25 mai 1910, p. 4.
A l'occasion d'une nouvelle édition de Maurice Barrès, L'Ennemi des lois.
Signale la proximité entre Barrès et Pascal, contre Nietzsche.
Suite et fin de l'article dans le numéro du 26 mai.
NORMAND François, "L'Utilité actuelle de Carlyle!", in Revue critique des idées et des livres, avril-juin 1910, p. 241-265.
Note le mérite d'Henri Albert de défendre, comme Charles Maurras, l'intelligence française: "L'oeuvre d'un Henri Albert ou d'un Edmond Barthélémy, par le seul souci qu'elle indique de restaurer chez nous l'habitude de la pensée, serait déjà singulièrement précieuse, quand même les hommes qu'ils ont choisis pour leur étude ne seraient pas, comme ils le sont en effet, deux des
grands esprits du dernier siècle.
M. Henri Albert a déjà sa récompense, — à laquelle, je le crains, ne laisse point de se mêler quelque amertume. C'est une chose inévitable et douloureuse qu'en se vulgarisant la pensée d'un philosophe en vienne à inspirer le vulgaire. Pourtant, et quelques réserves que nous fassions sur les thèses de Nietzsche, l'âpre hauteur de son lyrisme suscita naguère en nous trop d'enthousiasme pour qu'il nous soit permis d'oublier l'attentat de ceux dont l'incompétence universelle illustra l'aristocratisme de Nietzsche avec des goujateries de commis voyageur" (p. 242).
Suite sur Carlyle avec de nombreux parallèles avec Nietzsche.
BOUGLE Célestin, "E. de Roberty. - Sociologie de l'action", in L'Année sociologique 1906-1909, tome XI, 1910, p. 46-47.
Note qu'Eugène de Roberty prend position contre les tendances pragmatistes en vogue ; qu'il voit l'origine de ces tendances "non seulement chez Kant (primat de la raison pratique) ou chez Nietzsche (exaltation de la volonté), mais chez Comte (synthèse subjective: suprématie du fait moral) et chez Marx (domination du fait économique)." (p. 46-47)
MAURY Lucien, "De l'Allemagne", in Revue bleue, n°24, 11 juin 1910, p. 761-765.
Après un rapide tour d'horizon des derniers écrivains allemands, Maury conclut que la littérature allemande n'est guère séduisante. Ajoute: "sans doute ce n'est point là toute la littérature allemande (...); peut-être n'a-t-on rien dit de cette littérature, si l'on en exclut Nietzsche.... Il demeure toutefois évident que la poésie allemande a perdu le goût des triomphes éclatants et des victoires mondiales." (p. 764)
MILLIOUD, "La propagation des idées", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 69, n°6, juin 1910, p. 580-600.
S'interrogeant sur ce qui fait la supériorité d'une idée sur une autre, évoque la possibilité "que ce qui nous paraît supérieur ce sont les idées de nos supérieurs" et remarque avant de poursuivre son raisonnement: "Nous aurions Nietzsche tout entier contre cette doctrine. Nietzsche, à la vérité, n'aurait pas eu tort d'apporter quelques preuves. Ses appréciations nous le découvrent et le font admirer plutôt qu'elles n'éclairent l'histoire. Il n'a rien compris à la formulation des hiérarchies sociales. Rendons-lui pourtant cette justice d'avouer que, des maîtres aux serviteurs, les idées scientifiques, politiques, esthétiques, morales, religieuses, diffèrent parfois entièrement." (p. 593)
ROSA Andriès de, "Petite histoire du naturisme", in Le Centaure, 5 juin 1910.
Anonyme, "Critique des Conditions de l'Action, par M. Maurice Pradines", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n° 4, supplément de juillet 1910, p. 1-3.
Résume la conclusion de l'ouvrage: "Rien ne peut donc être commandé à tous ni pour toujours. Chaque homme se dirigera par des maximes particulières, s'il est sensé, s'il veut vivre sa vie, comme il est naturel et raisonnable" (p. 274)." (p. 3). Se demande: "N'est-ce pas la suppression de la morale, si, avec tout le monde, on entend par là un système de préceptes universels?" Répond: "Nullement. M. Pradines ne se donne pas pour un "immoraliste". Il nie la valeur objective des lois scientifiques, mais non leur valeur pratique ou pragmatique : ce sont des à peu près qui réussissent. De même il nie toute nécessité pratique objective, toute vérité morale. Mais il admet l'existence de préceptes éprouvés dont l'expérience a montré qu'ils rendent la vie possible et surtout la vie en commun." (p. 3)
DROMARD Dr., "La sincérité du savant", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°7, juillet 1910, p. 21-43.
Imagine que le philosophe idéal cherche la vérité l'esprit libre, le coeur affranchi, sans se soucier de ce qu'on pense ailleurs et sans dessein préconçu et conteste qu'un tel philosophe puisse jamais exister même si certains feignent une probité parfaite (p. 26-27). Remarque: "Nietzsche parle en plus d'un endroit de ces penseurs qui font mine d'arriver à leurs opinions par le développement spontané d'une dialectique froide, pure, divinement insouciante", tandis qu'au fond "une thèse anticipée, une suggestion, le plus souvent un souhait du coeur, abstrait et passé au crible, est défendu par eux, appuyé de motifs laborieusement cherchés." Ajoute aussitôt: "Il faut reconnaître que lui aussi tombe merveilleusement sous le reproche qu'il applique aux autres, et nul philosophe d'ailleurs ne saurait se flatter d'échapper d'une manière complète à l'écueil des tendances partiales." (p. 27)
FONSEGRIVE, "Recherches sur la théorie des valeurs", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°7, juillet 1910, p. 44-75.
Suite et fin (voir le début dans le numéro de juin). Estime que c'est "la valeur la plus haute que d'être soumis aux lois de valeur. De là la valeur incomparable de la puissance morale (...)" Remarque que la puissance morale prend une valeur plus grande devant le danger, "pourvu qu'elle en triomphe" et ajoute: " (...) il y a donc une valeur à vivre dangereusement, ainsi que le dit Nietzsche. Cependant, si le danger était tel que la puissance se trouve vaincue, son effort dans l'entreprise ne pourrait compenser sa faillite dans le succès; le courage est une valeur ainsi que la hardiesse, la présomption est une non-valeur, et de même la folle témérité. Nietzsche n'a pas tout à fait tort, mais ils n'avaient pas tort non plus les moralistes qui rappelaient: Qui amat periculum in ipso peribit, celui qui aime le danger y périra. Car la valeur de la puissance morale dépend aussi de ses résultats, et non seulement de sa propre attitude comme cause mais aussi de ses effets, de sa production, de son rendement effectif." (p. 51-52)
Dans la suite de son raisonnement, imagine une distinction entre la valeur des attitudes en elles-mêmes et la valeur des actes qui paraissent dérivés de ces attitudes et remarque qu'ainsi, il serait possible que "l'attitude d'héroïsme préconisée par Nietzsche ait une beauté morale sans que les précautions de la prudence soient interdites." (p. 53)
Reconnaît que "toute nouvelle morale apporte une table nouvelle des valeurs" et cite les cas de Jésus et de Platon (p. 59-60). Ajoute encore: "Spinoza, le paganisme renaissant, Nietzsche renversent de nouveau les valeurs chrétiennes; ils condamnent l'humilité, la résignation, le repentir, la continence, l'abnégation, la mortification, ils reconnaissent comme valeurs l'orgueil, la révolte, la constance, la jouissance, l'affirmation de soi-même, l'expansion vitale. Au lieu de l'amour on proclame la haine féconde." (p. 60)
Au sujet de la valeur de la religion, remarque: "Qu'on estime que la force et la vie intense, comme naturellement chacun de nous se trouve porté à le faire, et la plupart des valeurs chrétiennes: humilité, repentir, mortification, deviendront des non-valeurs. Spinoza l'a admirablement montré et Nietzsche n'a eu qu'à reprendre ses démonstrations." (p. 73)
DORNIS Jean, "A propos de M. Gabriele d'Annunzio", {Revue des livres}, in Annales politiques et littéraires, n°1410, 3 juillet 1910, p. 4-6.
Les doctrines individualistes et païennes se sont répandues "dans le grand public, sous le vocable du philosophe allemand Nietzsche. Il s'agit, pour l'homme, de devenir un surhomme et de développer son initiative sans le respect d'aucune loi, sans nulle restriction dans le sens d'une initiative tous les jours plus impérieuse.
Il est sans doute dangereux pour la société et pour la morale, que le premier venu se prenne pour un surhomme et s'attribue les droits que lui confère cette découverte. Mais cela a été, au contraire, un, singulier bénéfice pour les belles-lettres italiennes en particulier, pour la littérature contemporaine en général, que M. Gabriele d'Annunzio n'ait résisté ni aux excès de sa sensibilité, ni aux frénésies
de son imagination. Ses modèles ont été visiblement ces condottieri du moyen âge et de la Renaissance qui, au mépris complet de la vie et de la mort, du juste et de l'injuste, vécurent des existences d'une splendeur et d'une violence dont nos admirations demeurent un peu effrayées" (p. 5).
GOURMONT Jean de, {Littérature}, in Mercure de France, t. 86, n°314, 16 juillet 1910, p. 321--325.
Compte-rendu de Louis Maigron, Le Romantisme et les Moeurs. (p. 321-323)
Note: "M. Maigron note encore à la fin de son volume qu'il y a actuellement une reprise des idées romantiques « singulièrement favorisée par l'influence de Nietzsche »; il faudrait dire par l'influence de Nietzsche déformé par les écrivains du boulevard qui ne l'ont pas lu; et s'ils l'ont lu ne l'ont pas compris. Si Nietzsche, dans sa doctrine, s'élève au-dessus du bien et du mal, s'il prêche les vertus qui disent « oui » à la vie, il méprise la faiblesse, et la passion est une faiblesse. Il dit que l'homme est quelque chose qui doit être surmonté. Mais, M. Gaston Deschamps ne comprendra jamais, lui qui traite Nietzsche d' « arriviste » (on ne saura jamais pourquoi) qu'un nietzschéen ou une nietzschéenne n'est pas celui qui s'abandonne à toutes les impulsions de ses désirs, mais celui qui sait dominer sa sensibilité et maîtriser ses instincts et ses passions". (p. 323)
ALBERT Henri, {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 86, n°315, 1 août 1910, p. 548-552.
Compte-rendu d'Henri Guilbeaux, "La jeune poésie française", publié dans Das literarische Echo du 1er juillet 1910. "Pour conclure, il affirme que « Verlaine, Nietzsche et avant tout Whitman sont, pour le lyrisme du présent et de l'avenir, les grands stimulateurs »." (p. 551)
HOVELAQUE Emile, "L'Enseignement des Langues Vivantes dans le deuxième Cycle", in Les Langues Modernes, n°8, août 1910, p. 375-391.
Inspecteur général de l'Instruction publique.
Cet article a déjà été publié dans la Revue universitaire (mai et juin 1910).
Proclame d'emblée: "Ce n'est pas à la pure littérature seule que doit se borner votre enseignement. Vous ne devez pas en séparer les faits d'histoire et de civilisation qu'elle exprime et qui l'éclairent." (p. 375)
Précise: "Vous montrerez à vos élèves comment nos voisins se voient et nous voient; vous opposerez à l'idéal allemand que toutes leurs études poursuivies sous votre direction auront collaboré à définir l'idéal français qui, par contraste, se sera précisé dans leur esprit. Ils jugeront avec plus de justesse l'un et l'autre, et la comparaison qu'ils établiront entre les deux ne sera plus faite de dénigrement aveugle ou d'aveugle admiration. En 1ère, vous leur lirez telles pages de Barrès tirées des Bastions de l'Est, — Au Service de l"Allemagne, ou Colette Baudoche, — et ils prendront, au contact de ces pages délicates, une conscience plus fine de l'âme
française, atteindront une appréciation plus profonde de notre culture.
En Philosophie, vous leur ferez connaître telle page de la « Campagne de France », de Schopenhauer, de Nietzsche, à côté de telles autres de Fichte ou de Strauss; et ils verront qu'outre-Rhin, à côté de l'exaltation de l'esprit national et des dénigrements, il y a aussi la reconnaissance et l'influence de nos supériorités : vous montrerez que, depuis la descente du premier barbare teutonique dans l'Italie, jusqu'à Winckelmann, jusqu'au Voyage en Italie de Gœthe, jusqu'à la révélation du monde méditerranéen à Nietzsche, toujours le Germain a subi la fascination de ces civilisations dont les prestiges l'attirent et le repoussent tour à tour, tantôt lui inspirent le dédain et tantôt l'admiration.
Il n'est pas à craindre, comme certains esprits timorés l'ont pensé, que l'on défrancise nos enfants en les saturant ainsi d'une culture
étrangère. Tout au contraire, ils y puiseront de nouveaux motifs d'aimer leur terre natale." (p. 379)
MAUGE F., "La fonction de la philosophie dans la science positive", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°8, août 1910, p. 113-142.
Considère comme admis qu'une collaboration entre la philosophie et la science est nécessaire qui suppose une entente pour un but commun. Note à ce sujet: "Si l'on peut admettre l'existence d'une philosophie se développant, comme la morale de Nietzsche par exemple, sur un plan complètement différent de celui de la science, par contre, la philosophie scientifique aura forcément le même objectif que la science elle-même: c'est-à-dire l'explication et la systématisation de l'expérience." (p. 113)
PARODI D., "M. Pradines. - L'erreur morale établie par l'histoire de l'évolution des systèmes", {II. Théorie de la connaissance}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°8, août 1910, p. 198-204.
Expose la théorie de la connaissance développée par Maurice Pradines, "théorie pragmatiste (...) tout imprégnée de bergsonisme." (p. 200) Parodi résume: "Le vrai n'est qu'une hypothèse sur le réel: c'est le réel conditionné. (...) Tout notre savoir, comme le découvre de plus en plus la pensée contemporaine chez un Renouvier, un Boutroux, un Bergson, un Nietzsche, un Poincaré, n'est qu'une série d'hypothèses commodes, destinées à nous rendre utilisable une nature en elle-même mouvante, contingente et indéterminée." (p. 200)
Termine en faisant l'éloge de la partie historique de l'ouvrage, soulignant notamment les "aperçus ingénieux et nouveaux" sur Bergson et Nietzsche. (p. 204)
M.A., "A propos des « Réfléxions d'un Philistins sur la Métaphysique »", in La Grande Revue, n°15, 10 août 1910, p. 648-649.
Lettre adressée à la revue suite à l'article de Le Dantec. Soutient que ce n'est pas "la part de vérité , que peut contenir l'oeuvre de Platon ou de Nietzsche, qui en fait la force; pas même sa part de beauté. La philosophie n'est-elle pas une manifestation sui generis? Et la valeur d'une philosophie ne réside-t-elle pas, en grande partie, dans l'intensité de la pensée qui en est à l'origine, dans la qualité de l'expression, qui lui communique une force peu commune de contagion, de durée?" (p. 649).
VIOLLIS Jean, "Le Gabelou", in Le Petit Parisien, 12 août 1910, p. 2-3.
Conte. Avec un personnage "nietzschéen", sans pitié.
LE BONHOMME CHRYSALE, "La Discipline", {Notes de la semaine}, in Annales politiques et littéraires, n°1416, 14 août 1910, p. 1.
Note ce qui oppose le peuple allemand et le peuple français. Ajoute: "Sur le terrain de l'imagination et des arts, ils fusionnent volontiers. Nos pièces de théâtre sont applaudies, nos romans goûtés au delà des Vosges; nous adorons la musique de Schumann, de Wagner; Goethe n'a pas eu de plus pieux admirateurs que chez nous; Kant, Shopenhauer et Nietzsche comptent, en France, de fervents disciples... De chaque côté de la frontière, les idées cheminent, et beaucoup de ces idées suivent des courbes parallèles. Quelle est donc (en dehors du souvenir de leurs querelles, de leurs rancunes et de leurs devoirs patriotiques) la cause de division des deux peuples?"
FOUILLEE Alfred, "Une lettre de M. Alfred Fouillée", {Echos}, in Mercure de France, t. 86, n°316, 16 août 1910, p. 747.
Signale une méprise de Marcel Coulon dans "Les Assises de Remy de Gourmont".
Précise: "Un être qui agit sous l’idée de sa maîtrise individuelle n’agira jamais comme un être qui ne conçoit même pas le contraire de ce à quoi il est poussé par ses instincts aveugles. L’idée exerce donc une pression intérieure, directrice, novatrice et parfois, en un certains sens, créatrice. Nietzsche lui-même m’a concédé ce point, qu’il a déclaré capital. Et j’attends toujours qu’on me réfute."
Anonyme, "Diritto e filosofia, par Michele Barillari", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°5, supplément de septembre 1910, p. 27.
Note que l'auteur étudie la pensée de Nietzsche qu'il classe parmi les philosophies du droit dans lesquelles "le droit est considéré comme dérivant de la recherche de l'utile social".
GUY-GRAND Georges, "Le procès de la démocratie", in Revue de métaphysique et de morale, t. XVIII, n°5, septembre 1910, p. 694-710.
Suite et fin. Sur l'individualisme: idées et rôle de Nietzsche.
Anonyme, "Etoiles et pensées", in L'Eclaireur de l'Ain, 18 septembre 1910, p. 1.
Poème "d'après Nietsche".
FISCHER Max-Alex, "L'Intervention de M. Tahon-Lejeune", in L'Humanité, 21 septembre 1910, p. 3.
L'héroïne porte sous son bras les Considérations inactuelles de Nietzsche et les Méditations métaphysiques de René Descartes.
OUTIS, "Les manuels scolaires: les manuels de morale", in Revue critique des idées et des livres, t. X, n°59, 25 septembre 1910, p. 481-496.
Suite (voir le numéros du 25 août et 10 septembre), encore à suivre. Cite et critique le manuel de Jules Payot, recteur d'Aix, qui "introduit Littré, Spencer, Pascal et Nietzsche dans l'hôpital de ses pensées" (p. 489-490).
MURET Maurice, "M. Carl Spitteler", in Revue de Paris, t. 5, septembre-octobre 1910, p. 613-632.
Développe les point communs entre Nietzsche et Carl Spitteler (p. 614-620).
LIONNET Jean, {Les livres}, in Revue hebdomadaire, t. 10, octobre 1910, p. 243-268.
Compte-rendu de Le Livre des Visions et et Instructions de la Bienheureuse Angèle de Foligno, traduit par Ernest Hello.
Signale que certains passages peuvent déconcerter:
"Je prends un exemple, le plus stupéfiant. Angèle de Foligno raconte comme une chose toute naturelle: « Ce fut alors que Dieu voulut m'enlever ma mère, qui m'était, pour aller à lui, d'un grand empêchement. Mon mari et mes fils moururent aussi en peu de temps. Et parce que, étant entrée dans la route, j'avais prié Dieu qu'il me débarrassât d'eux tous, leur mort me fut une grande consolation. » Et le bon Hello se croit tenu de mettre une note où il insinue: « Il est bien entendu que ces sentiments exceptionnels tiennent à la voie exceptionnelle par où était conduite Angèle de Foligno. »
Non, de tels sentiments ne sont pas admissibles, même à titre exceptionnel (1). Ne faisons pas du nietzschéisme mystique. Morale des maîtres, morale des esclaves; morale des saints, morale du commun des fidèles: ces deux distinctions se valent et elles sont aussi périlleuses l'une que l'autre. Proclamons au contraire bien haut que les vertus surnaturelles ne dispensent jamais des naturelles (...)" (p. 248-249).
La note 1 précise: " Le texte est pire encore dans la traduction publiée chez Périsse, et l'on n'y trouve point certain membre de phrase sur lequel Helio se fondait pour atténuer l'odieux de ce qui précède" (p. 248).
Une traduction de 1850 donne: "Dans le même temps il plut à Dieu de m'enlever ma mère qui était un grand empêchement à ma perfection. Tous mes autres parents moururent aussi les uns après les autres, dans un assez court espace de temps. Du reste, j'avais demandé moi-même cette grâce au Seigneur ; c'est pourquoi ces pertes ne me furent que médiocrement sensibles. Après avoir répandu quelques larmes, je me sentis inondée de consolation, à la pensée que mon cœur serait désormais dans le cœur de Dieu et ma volonté dans la sienne".
PERES J., "A. Covotti. - La vita e il pensiero di A. Schopenhauer", {III. Histoire de la philosophie}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°10, octobre 1910, p. 430-433.
Remarque en préambule: "Une étude sur Schopenhauer vient à son heure pour replacer en pleine lumière ce penseur de premier ordre, si tant est que la vogue récente de Nietzsche qui lui doit d'ailleurs les principaux leitmotiv de sa philosophie, l'eût momentanément éclipsé. Ce sont là d'ailleurs contingences dont M. C. ne témoigne nul souci, fidèle en cela à l'esprit du maître." (p. 430)
SEGOND J., "Giovanni Vidari. - L'individualismo nelle dottrine morali del secolo XIX.", {III. Histoire de la philosophie}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°10, octobre 1910, p. 425-430.
Distingue dans l'évolution de la norme morale trois périodes: de 1810 à 1830, après 1830 et enfin: "dans la seconde moitié du siècle, un nouveau moment de réaction, scientifique et démocratique cette fois, mais qui détermine une nouvelle renaissance de l'idéalisme, avec Renouvier (contre le déterminisme), avec Spencer (contre le darwinisme), avec Nietzsche (en faveur de l'aristocratie)." (p. 428) S'intéresse au quatrième chapitre consacré à "l'action large et profonde exercée par les doctrines individualistes dans tous les domaines de la vie" et remarque: "C'est surtout dans le domaine de la littérature et de l'art que l'auteur poursuit cette action, rattachant par exemple l'art de Wagner à la philosophie de Schopenhauer et à celle de Feuerbach, le drame d'Ibsen à celle de Sören Kierkegaard, le drame de Sudermann à l'immoralisme nietzschéen." (p. 428) Evoque le "monisme dynamiste de Guyau et Nietzsche" et discute les mérites des doctrines immoralistes au point de vue éthico-social et éthico-personnel (p. 429).
Anonyme, "Carl Spitteler", {Au jour le jour}, in Journal des Débats politiques et littéraires, 2 octobre 1910, p. 1.
A propos de l'article de Maurice Muret dans la Revue de Paris. Cite: "La critique française a décerné au philosophe Frédéric Nietzsche ses lettres de grande naturalisation helléno-latine".
FERCHAT Joseph, "M. Henry Bordeaux", in Les Etudes, 5 octobre 1910.
Référence citée d'après la reproduction dans La Croix, 14 octobre 1910, p. 4.
Déplore que dans la génération actuelle, Nietzsche ait fait école et que "les petits surhommes pullulent". Estime que dans son roman, La Croisée des chemins, Henry Bordeaux caractérise et dénonce l'état d'âme de la jeunesse sous l'influence de Nietzsche.
BERTH Edouard, "La Réforme et la critique positive", in Revue critique des idées et des livres, t. XI, 10 octobre 1910, p. 44-60.
Commence en citant Nietzsche et se réfère à Nietzsche tout au long de son raisonnement.
PIAT Claudius, {Chronique philosophique}, in Revue pratique d'apologétique, t. 11, n°122, 15 octobre 1910, p. 134-154.
A propos du livre de Pierre Mendousse, L'âme de l'adolescent, Paris, Alcan, 1909. Deuxième édition en 1911. Dédié à Frédéric Rauh.
Cite: L'adolescent "est presque mûr pour les doctrines individualistes : de seize à vingt ans, il n'est pas nécessaire de bien comprendre les idées de Stirner, de Nietzsche ou de M. Barrès pour les adopter avec enthousiasme" (p. 151) Note de bas de page qui indique une mauvaise page.
Anonyme, "David-Friedrich Strauss. La Vie et l'Oeuvre, par Albert Lévy", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVIII, n°6, supplément de novembre 1910, p. 4-6.
Note que l'auteur n'est pas étonné que Nietzsche ait cru voir en Strauss "le Philistin de la culture". Conclut: "Cette appréciation est injuste; celle de M. Lévy reste incomplète: pour lui Strauss est un contemplatif égaré dans le siècle, et qui, de son propre aveu, s'il était né en d'autres temps, aurait trouvé son repos entre les murailles d'un cloître." (p. 6)
FOUILLEE Alfred, "La Science sociale contemporaine", in Revue internationale de sociologie, n°11, novembre 1910, p. 713-719.
Introduction de son livre du même titre à paraître.
Parallèle entre Nietzsche et Guyau, notamment à partir des annotations de Nietzsche sur les livres de Guyau de sa bibliothèque (communiquées par Elisabeth Förster-Nietzsche)
FAGUET Emile, "Sur-Racinien", in Le Gaulois, 20 novembre 1910, p. 1.
SARCEY Yvonne, {Les Lettres de la Cousine}, in Annales politiques et littéraires, n°1430, 20 novembre 1910, p. 504.
Commence: "Je suis très frappée d'un fait que je vais vous dire... Jamais, peut-être, à aucune époque, il ne s'est trouvé tant de femmes d'esprit, tant de femmes de talent, tant d'intellectuelles..,, ou, si vous trouvez le mot disgracieux, tant d'intelligences. Et, cependant, je crois que jamais les femmes n'ont mis plus de maladresse à diriger cette barque si fragile : leur vie.
Elles raisonnent sur tout, sauf sur les choses raisonnables; s'il le fallait, elles dirigeraient leur pays, mais le gouvernement de l'office ou de la cuisine leur est un épouvantail; elles débrouillent sans peine les quintessences de la psychologie de Nietzsche, mais l'âme de l'enfant, du petit enfant qu'elles ont mis au monde, échappe à leur compréhension...
Il semble que la faculté qu'elles ont acquise de s'assimiler les plus rudes problèmes métaphysiques leur enlève cette autre faculté toute simple, toute bonne, de s'adapter aux circonstances plus ou moins obligeantes de leur propre destinée. Elles ont des yeux de lynx pour l'humanité, et sont chez elles, dans leur propre foyer, de pauvres aveugles".
JANKELEVITCH Dr. S., "Ludwig Schiemann. - Gobineau's Rassenwerk", {II. Histoire de la philosophie}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°12, décembre 1910, p. 665-668.
Constate que "le gobinisme ne compte en France que quelques sympathies rares et isolées et un seul adepte et continuateur, M. Vacher de Lapouge" alors qu' "il a inspiré et inspire encore de nos jours en Allemagne une foule de sociologues, d'historiens, d'anthropologistes, d'ethnographes." (p. 667) Ajoute aussitôt : "Nietzsche, qui était pourtant loin d'être nationaliste, a certainement emprunté à Gobineau l'opposition entre «maîtres» et «esclaves»." (p. 667-668)
LAHY Jean-Maurice, "Le rôle de l'individu dans la formation de la morale", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°12, décembre 1910, p. 581-599.
Probable allusion à Nietzsche quand il remarque: "Celui qui inventerait de toutes pièces un système de conduite, sans lien avec ce qui existe, serait tenu pour un fou ou un original, qui attirerait à peine quelques adeptes. Les moralistes qui semblent avoir le plus innové n'ont fait, en général, que synthétiser des aspirations diffuses à leur époque ; et s'ils ont réussi à modifier les anciennes règles morales c'est qu'ils les perfectionnaient sans les nier." (p. 594)
Soutient que la possibilité de répandre une morale et de l'imposer intact à tous est très réduite car "non seulement les idées vont de proche en proche et lentement, mais encore elles se modifient au contact des divers milieux où elles pénètrent"; cite plusieurs exemples, dont celui de Nietzsche: Dans d'autres cas une théorie individualiste, loin d'agréger ses adeptes en un groupe cohérent, les recueille dans des milieux épars, d'où ils ne cherchent pas à s'unir. Les idées morales de Nietzsche, par exemple, répandues dans le monde entier par l'imprimerie, ont rallié un grand nombre d'admirateurs, sans jamais constituer une secte nietzschéenne. Il est même certain que la plupart des fidèles de Nietzsche n'appliquent pas sa morale et ont fait un choix parmi ses idées. C'est que le philosophe allemand n'a voulu écrire que pour une aristocratie intellectuelle, sans s'inquiéter des tendances morales générales." (p. 598)
LALO Charles, "Critique des méthodes de l'esthétique", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°12, décembre 1910, p. 600-624.
Se demande "si la méthode, qui s'adresse à la réflexion, n'est pas beaucoup moins suggestive, pour les artistes ou les amateurs d'art, que l'intuition irrationnelle et les élévations vers les mystères" (p. 606) et remarque: "Nietzsche a raconté, en vrai mystique, comment Zarathustra lui fut inspiré, par une série de révélations brusques, et «sans jamais choisir», où il sentait «son esprit lui-même se faire métaphore.» C'est pourtant lui qui nous donnera sur ce point la juste mesure." (p. 607) Expose le point de vue de Nietzsche en citant des passages de la première partie de Humain trop humain. (p. 607-608)
PRADINES Maurice, "Rationalisme et pragmatisme. A M. Parodi", {Correspondance}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 70, n°12, décembre, 1910, p. 671-673.
Rappelle qu'il a lui même adressées des objections au pragmatisme et remarque: "Vous me rangez à la suite de Renouvier, de Nietzsche, de MM. Boutroux et Bergson, que j'ai combattus tout autant que les purs idéalistes et dont je me sépare beaucoup plus, je crois que Descartes ou de Kant. Et, comme c'est leur pensée beaucoup plus que la mienne que vous critiquez, j'ai souvent envie de souscrire à ces critiques, dont plusieurs se trouvaient déjà formulées dans mon ouvrages." (p. 671)
GUITRY Sacha, "Exactement", in L'Excelsior, 3 décembre 1910, p. 2.
Conte.
"D'abord, il avait lu Nietzsche, naturellement.
Il l'avait lu, non, il ne l'avait pas lu... il avait essayé de le lire. Mais, comme il voulait comprendre et qu'il ne comprenait pas très bien, il s'était procuré une belle édition de Montaigne.
— J'aime mieux commencer par un Français, avait-il dit."
GIDE André, "Charles-Louis Philippe", in La Grande Revue, n°23, 10 décembre 1910, p. 449-467.
Texte d'une conférence donnée au Salon d'automne le 5 novembre 1910.
Texte publié en 1911: Charles-Louis Philippe, Paris, Figuière, 1911.
Sur les relations avec Nietzsche. Charles-Louis Philippe est mort le 21 décembre 1909.
LICHTENBERGER Henri, "Anthologie de la littérature allemande des Origines au XXe siècle par Ludovic Roustan", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n°10, 15 décembre 1910, p. 410.
Signale qu'il s'agit d'un manuel littéraire et d'un recueil de pages choisies des principaux écrivains. S'étonne de certains choix, de l'absence de Novalis puis s'exclame : "Et surtout : je ne puis comprendre l'exclusion de Nietzsche! Un fragment de Zarathustra me paraît aussi indispensable pour l'époque contemporaine qu'un fragment de Faust pour la période classique."
MIRTEL Héra, "Deux victoires", in Le Soleil, 15 décembre 1910, p. 3.
A propos de deux grands succès au théâtre et en librairie de Marie-Claire de Marguerite Audoux (aussi Prix de La Vie heureuse) et de Les Affranchis de Marie Lenéru. Note que la critique a insisté sur l'influence de Nietzsche.
Femme de lettres féministe française.
RESCLAUZE DE BERMON Mme, "Le lien", in Le Sémaphore de Marseille à partir du 17 décembre 1910, p. 4.
A déjà paru: voir "Le lien", in L'Eclair, 18 mars 1909, p. 2.
APOLLINAIRE Guillaume, {La vie artistique}, in L'Intransigeant, 23 décembre 1910, p. 2.
A propos d'une exposition des dernières oeuvres du peintre Jean Deville : "un peintre varié, plein d'énergie et dont on connaît aussi des bois très remarquables, portraits de Nietzsche, de Moréas."
GILBERT Pierre, "Notes de lecture. L'homme-enfant", in Revue critique des idées et des livres, t. XI, n°65, 25 décembre 1910, p. 720-737.
Contre Emile Faguet et spécialement son article: "L'Antiromantisme" (Les Marches de l'Est)
Concède que Nietzsche n'est "pas des nôtres"; confrontation entre le romantisme et la civilisation française, effets sur la santé intellectuelle de la France.
MIOMANDRE Francis de, "L'Ingénu", in L'Excelsior, 27 décembre 1910, p. 10.
Roman publié en feuilletons. Personnage "nietzschéen".
ROY Henri, "A propos du programme naval", in Armée et marine, n°139, 31 décembre 1910, p. 2.
Sous-entend une nouvelle génération qui demande Nietzsche comme livre d'étrennes: évoque un temps "où il y avait encore des enfants et où ils acceptaient qu'on leur donnât, pour leurs étrennes, d'autres livres que la philosophie de Nietzsche ou les oeuvres complètes de M. Maurice Rostand".