Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940
(Laure Verbaere et Donato Longo)
CHIAPELLI Alessandro, "Naturalisme, humanisme et philosophie des valeurs", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 67, n°3, mars 1909, p. 225-255.
Constate que le pragmatisme, qui "tire sa force de la critique du naturalisme", "enlève aussi tout crédit à ce qui fait le fond de la culture moderne, à la recherche scientifique (...)." (p. 239-240)
Compare : "De même que Nietzsche a renversé le tableau des valeurs morales, le pragmatisme retourne le système des valeurs de la connaissance en substituant au concept, qui devient pour lui un pur expédient, l'intuition, de façon à aboutir à un radicalisme empirique." (p. 240)
CHIAPELLI Alessandro, "Les tendances vives de la philosophie contemporaine", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 69, n°3, mars 1910, p. 217-248.
Constate une "résurrection" de la philosophie et note : "En Allemagne, du matérialisme naturaliste, en passant par le néo-criticisme kantien, sont sorties peu à peu de nouvelles formes d'idéalisme objectif qui aujourd'hui se rattachent au mouvement Fichte-Hegel, ou bien par Schopenhauer et le spiritualisme de Lotze et de Fechner et en se conformant surtout à l'esprit impérialiste de notre époque et à la doctrine nietzschéenne du Wille zur Macht, elles prennent avec Wundt et Paulsen un sens volontariste." (p. 230)
Constate depuis une dizaine d'année un "renversement des anciennes valeurs" et le retour à un idéalisme qui n'a rien à voir avec l'idéalisme romantique qui était surtout intellectualiste (p. 243). Estime que "le Wille zur Macht de Nietzsche" est une des manifestations de l' "avènement du volontarisme" (p. 244) ou encore d'un "nouvel irrationalisme" qui correspond à la fois à "une négation des idéalités éthiques traditionnelles", à "une apothéose des instincts impulsifs de l'individu et de la collectivité" et à "une raisonnable protestation contre tant d'éléments importants de l'expérience artistique, éthique et religieuse que nous devons à l'intellectualisme et au positivisme scientifique." (p. 245)