Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940

(Laure Verbaere et Donato Longo)

 

(en savoir plus)

André Gide (1869-1951)


André Paul Guillaume Gide est né le 22 novembre 1869 à Paris et mort le 19 février 1951 à Paris. Lauréat du Prix Nobel en Littérature en 1947, Gide fut un très célèbre romancier français et n’a guère besoin de notes biographiques. Fortement influencé par Nietzsche dès le début du XXe siècle, il écrivit un roman sur des thèmes nietzschéens en 1902, L’immoraliste (Paris, Mercure de France). Il continua ses réflexions sur Nietzsche et le nietzschéisme tout au long de sa vie.

 


Voir Notes sur Gide et Nietzsche de Daniel Simond, avec une intéressante lettre de Gide à la fin.

André Gide, "Lettres à E. R. Curtius à propos de la Nietzsche-Gesellschaft (février 1922)", in H. et J.D. Dieckmann (éd.) Deutsch-französische Gespräche 1920-1950: la correspondance d'E.R. Curtius avec A. Gide, Ch. Du Bos, et V. Larbaud, Frankfurt am Main, V. Klostermann GmbH, 1980.

Lire Peter Schnyder, "Gide lecteur de Nietzsche", in Travaux de littérature offerts en hommage à Noémi Hepp publiés par l'ADIREL, Paris, Les Belles Lettres, 1990, 203-228. Aussi dans Pré-textes. André Gide et la tentation de la critique, Paris, L'Harmattan, 2001.

Patrick Pollard,"L'arrière-plan des Nourritures terrestres: sources et parentés orientales", in David H. WalkerCatharine Savage Brosman (éd.), Retour aux "Nourritures terrestres", actes du Colloque de Sheffield, 20-22 mars 1997, Rodopi, 1997, p. 27-45.

Thomas Reisen, L'Immoraliste d'André Gide : édition génétique et critique, thèse de Langue et littérature françaises, Université de Caen Normandie, 2001, sous la direction d'Alain Goulet.

Philippe Sabot, "Gide disciple de Nietzsche! L’Immoraliste en 1902", in Frédéric Worms (dir.), Le moment 1900 en philosophie, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2004, p. 315-330.

Duncan Large, "Nietzsche entre Gide et Valéry" (Conférence à l'AIEF, 2016), in Cahiers de l'Association internationale des études françaises, 69, pp. 153-168.

André Gide, Ernst Robert Curtius, Correspondance (1920-1950), Paris, Garnier, 2019 (sous la direction de Peter Schnyder et Juliette Solvès.

Pour un relevé très complet des présences de Nietzsche dans l’œuvre de Gide, consulter: George Pistorius, André Gide und Deutschland: eine internationale Bibliographie, Heidelberg, Carl Winter, Universitätsverlag, 1990.

GIDE André, "Cinquième lettre à Anglèle", in L'Ermitage, 2, décembre 1898, p. 424-427.

Nietzsche cité dans lettre au sujet de Maeterlinck (p. 427).

 

GIDE André, "Lettre à Angèle (VI)", in L'Ermitage, vol I, n˚1, janvier 1899, p. 55-66.

En 1903, Raoul Narsy s'inscrit en faux contre l'analyse de Gide dans cette lettre.

 

GIDE André, "Lettre à Angèle (XII)", in L'Ermitage, volume 20, n˚1, janvier 1900, p. 60-65. 

A propos de Max Stirner, L'Unique et sa Propriété, Gide repousse toute tentative d'assimilation de Stirner à Nietzsche.

 

GIDE André, Lettres à Angèle, Paris, Société du Mercure de France, 1900.

Réunion des lettres publiées dans L'Ermitage.

 

 

GIDE André, L'immoraliste, Paris, Mercure de France, 1902.

Roman.

Rééditions en 1925, 1927 et 1935.


 

GIDE André, "Enquête sur l'influence allemande. M. André Gide", in Mercure de France, 1902, tome 44, n˚155, p. 335-336.

"Jeune encore, il est vrai que je fus fort requis par l'Allemagne, mais, après tout, ce que Goethe, Heine, Schopenhauer, Nietzsche, m'ont appris de meilleur, c'est peut-être leur admiration pour la France" (p. 335).

 

GIDE André, Prétextes, Paris, Mercure de France, 1903.

Ibid., 1921

Ibid., 1929.

 

GIDE André, « Une lettre de M. André Gide », {Echos}, in Mercure de France, tome 48, n˚166, octobre 1903, p. 286.

Dans l'article de Franz Blei sur Nietzsche en France, se plaint d'avoir été retraduit en français d'après une traduction russe et corrige.

 

GIDE André, "Dostoievski d'après sa correspondance", in La Grande revue, 25 mai 1908, p.  289-315.

Citation de Nietzsche en exergue et parallèles entre Dostoïevski et Nietzsche.

Article repris dans André Gide, Dostoievski, Paris, Plon, 1923

Un extrait est publié dans Paris-Midi, 27 avril 1911, p. 2.

 

GIDE André, "Journal sans dates", in Nouvelle Revue française, tome 2, n°11, 1er janvier 1910, p. 407-415.

A propos de l'article de Pierre Lasserre sur Daniel HalévyLa vie de Frédéric Nietzsche (p. 407-410). Gide recopie de longs extraits et s'indigne que Lasserre n'ait rien compris ou plutôt fasse semblant de ne rien comprendre à Nietzsche.

 

GIDE André, "L'Amateur de M. Remy de Gourmont", in Nouvelle revue française, tome 3, n°16, 1er avril 1910, p. 425-437.

Reproche aux personnages de Remy de Gourmont d'être "des âmes sans paysage" et ajoute: "La pensée n'est jamais chose palpitante et souffrante. Nietzsche, lorsqu'il ampute, s'ensanglante toujours les doigts; on dirait que Gourmont n'opère que sur planches anatomiques; c'est pourquoi « non dolent, poete ». Il n'est pas tant cruel qu'abstrait." (p. 431)

 

GIDE André, "Charles-Louis Philippe", in La Grande Revue, n°23, 10 décembre 1910, p. 449-467.

Texte d'une conférence donnée au Salon d'automne le 5 novembre 1910.

Texte publié en 1911: Charles-Louis Philippe, Paris, Figuière, 1911.

Sur les relations avec Nietzsche. Charles-Louis Philippe est mort le 21 décembre 1909.

 

GIDE André, Charles-Louis Philippe, Paris, Figuière, 1911.

Texte d'une conférence donnée au Salon d'automne le 5 novembre 1910, publiée dans La Grande Revue, 10 décembre 1910.

Sur les relations avec Nietzsche. Charles-Louis Philippe est mort le 21 décembre 1909.

 

GIDE André, Les caves du Vatican, Paris, NRF, 1914.

Roman.

 

GIDE André, "Réflexions sur l'Allemagne", in Nouvelle Revue française, 1er juin 1919, p.35-38. [L.V.]

Evoque et désapprouve les attaques contre Nietzsche pendant la guerre.
"(...) Comme si notre cause, pour paraître bonne, avait besoin d'être fardée ! Comme si la vérité n'était pas plus encourageante, plus probante, plus bienfaisante que tous les mensonges ! Mais pour peu qu'elle paraisse gênante, on la contourne ; et ce faisant on se l'aliène, tandis qu'elle venait à nous comme une amie qu'il eût suffi de mieux comprendre.
Et comment ne comprenez-vous pas, vous qui voulez rejeter tout de l'Allemagne, qu'en rejetant tout de l'Allemagne vous travaillez à son unité ? Quoi ! nous avions un Goethe en otage, et vous le leur rendez !
Quoi ! Nietzsche s'engage dans notre légion étrangère, et c'est sur lui que vous tirez ! Quoi ! vous escamotez les textes où Wagner marque son admiration pour la France ; vous trouvez plus avantageux de prouver qu'il nous insultait !
Nous n'avons nul besoin, dites-vous, des applaudissements d'outre-Rhin. Comment ne comprenez-vous pas qu'il ne s'agit pas de ce que ceux-ci nous apportent, mais bien de ce que ceux-ci leur enlèvent. Et cela n'est pas peu de chose, si c'est l'élite du pays" (p. 36).
Cela n'est pas peu de chose, — tandis que le meilleur de la pensée de la France, que toute la pensée de la France travaille et lutte avec la France, — que le meilleur de la pensée allemande s'élève contre la Prusse qui mène l'Allemagne au combat.
Nous avons dans notre jeu les atouts les plus admirables, mais nous ne savons pas nous en servir.
Rien ne peut être plus démoralisant pour la jeunesse allemande pensante (et tout de même il y en a) que de ne pas sentir Goethe avec soi — (ou Leibniz, ou Nietzsche). — On se rend mal compte en France, où nos grands écrivains sont si nombreux et où nous les honorons si mal, de ce que peut être Goethe pour l'Allemagne. Rien ne peut lui faire plus de plaisir, à l'Allemagne, qu'une thèse comme celle de M. B... qui déjà découvre dans le Faust l'invitation à la guerre actuelle. Ce qu'il y a de rassurant pour nous dans cette thèse, c'est qu'elle est absurde. Ce qui peut, au contraire, désoler la jeune Allemagne pensante, c'est de sentir que cette guerre monstrueuse où on l'entraîne, Goethe ne l'aurait pas approuvée, non plus qu'aucun des écrivains d'hier qu'elle admire. Il est sans doute flatteur, capiteux même, de se dire et de s'entendre sans cesse répéter que le peuple dont on fait partie est désigné pour gouverner la terre ; mais si ce sophisme est par avance dénoncé par les plus sages de ce peuple même, est-il adroit de notre part de traiter ces sages de brigands, d'imposteurs ou de fous ?
L'écrasement de l'Allemagne ! J'admire si quelque esprit sérieux peut le souhaiter, fût-ce sans y croire.
Mais diviser l'Allemagne, mais morceler sa masse énorme, c'est, je crois, le projet qui rallie les plus
raisonnables, c'est-à-dire les plus Français d'entre nous. Il n'importe pas de l'empêcher d'exister (au contraire : il importe, et même pour nous, qu'elle existe), il importe de l'empêcher de nuire, c'est-à-dire de nous manger... Diviser l'Allemagne ; et pour la diviser, la première chose à faire, c'est de ne pas mettre tous les Allemands dans le même sac (et si vous affirmez qu'au fond tous se valent, faites attention qu'alors c'est que vous croyez le départ entre eux impossible, et qu'ils n'accepteront pas, eux, si vraiment ils sont si semblables, cette division que vous voudriez leur imposer). Combien ne sont-ils pas plus habiles ceux qui, dès aujourd'hui, démêlant parmi l'Allemagne moderne l'idée prussienne comme un virus empoisonneur, excitent contre cet élément prussien l'Allemagne même et, au lieu de chercher dans Goethe des armes contre nous, lisent ceci par exemple (l'a-t-on déjà cité ? je ne sais) dans ses Mémoires:
« Au milieu de ces objets, si propres à développer le sentiment de l'art (il visite Dresde), je fus attristé plus
d'une fois par les traces récentes du bombardement. Une des rues principales n'était qu'un amas de décombres
et dans chaque autre rue on voyait des maisons écroulées. La tour massive de l'église de la Croix était crevassée ; et quand, du haut de la coupole de l'église de Notre-Dame, je contemplais ces ruines, le sacristain me disait avec une fureur concentrée : « C'est le Prussien qui a fait cela. »
Goethe et Nietzsche (et à de moindres degrés plusieurs autres) sont nos otages. Je tiens que la dépréciation
des otages est une des plus grandes maladresses à quoi excelle notre pays."
Cette publication suscite quelques réactions, notamment celle de Paul Souday dans Paris-Midi.

 

GIDE André, "Journal", in Nouvelle Revue française, 1er juillet 1919, p. 284-286.

Dans son Journal de 1919, Nietzsche reste ce qu’il était en 1902, c’est-à-dire le prophète d’une « grande réforme morale ». Son « déséquilibre » psychologique, dit Gide, n’était que le drame intérieur de cette réforme: « c’est précisément dans la folie de Nietzsche que je vois le brevet de son authentique grandeur » (p. 286). [D.L]

 

GIDE André, Dostoïevski, Paris, Plon, 1923.

 

GIDE André, Les Faux-monnayeurs, Paris, Gallimard, 1925.

Roman.

 

GIDE André, "Journal", in Nouvelle Revue française, 1er juin 1932, p. 985-1004.

 

GIDE André, "Journal", in Nouvelle Revue française, 1er août 1932, p. 161-172.

 

GIDE André, "Journal", in Nouvelle Revue française, 1er décembre 1937, p. 881-894.