Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940
(Laure Verbaere et Donato Longo)
A lire: Alphonse Roux et Robert Veyssié, Edouard Schuré: son œuvre et sa pensée, Paris, Perrin, 1914. Etude précédée de la Confession philosophique d'Edouard Schuré.
En 1926, Edouard Schuré publie La genèse de la tragédie (Paris, Perrin), qui n'est pas sans rappeler Die Geburt der Tragödie (1872) de Nietzsche. Les similitudes entre les deux sont évoquées, par exemple, dans un compte-rendu publié dans la Revue de Paris en 1926.
"En me parlant de la mention faite de moi par Malvida de Meysenberg [sic] dans ses Souvenirs sur Nietzsche, vous évoquez la plus belle époque de ma vie — que je vois toujours devant moi comme un éternel présent, consacré dans la dédicace de mes Grands initiés, qui du reste ne furent écrits que plus tard — souvenir d’un somptueux coucher de soleil dans les ténèbres actuelles ! Oui, Malvida de Meysenberg, Nietzsche et ces deux merveilleux hivers passés à Florence... que cela était beau et radieux — et que cela est loin! Alors on pouvait vivre dans le ciel pur de l’art et de la pensée. Aujourd’hui la guerre mondiale a déchaîné tous les démons de la fureur et de la haine." (Lettre d'Edouard Schuré du 7 mars 1915 publiée en 1929)
SCHURE Edouard, Le Drame musical, Paris, Perrin, 1875, 2 tomes.
Reprend les idées que Nietzsche a développé en 1872 dans Die Geburt der Tragödie, plus particulièrement l'opposition entre le dionysien et l'apollinien. Cite explicitement deux fois Nietzsche et ses oeuvres (p. 72 et 99).
SCHURE Edouard, Le drame musical, Paris, Perrin, 1886.
Nouvelle édition dans laquelle Edouard Schuré cite encore Nietzsche dans le tome I (p. 57 et 78).
SCHURE Edouard, "L'individualisme et l'anarchie en littérature : Frédéric Nietzsche et sa philosophie", in Revue des Deux Mondes 130, 15 août 1895, p. 775-805.
Raconte qu'à partir de l'été 1876, "la maladie de l'orgueil qui couvait en lui se développa en proportions gigantesques pour le conduire à un athéisme féroce et jusqu'au suicide intellectuel" (p. 777).
Offre une description détaillée : "En causant avec lui, je fus frappé de la supériorité de son esprit et de l'étrangeté de sa physionomie. Front large, cheveux courts repoussés en brosse, pommettes saillante du Slave. La forte moustache pendante, la coupe hardie du visage lui auraient donné l'air d'un officier de cavalerie, sans un je ne sais quoi de timide et hautain à la fois dans l'abord. La voix musicale, le parler lent, dénotaient son organisation d'artiste ; la démarche prudente et méditative était d'un philosophe. Rien de plus trompeur que le calme apparent de son expression. L'œil fixe trahissait le travail douloureux de la pensée. C'était à la fois l'œil d'un observateur aigu et d'un visionnaire fanatique. Ce double caractère lui donnait quelque chose d'inquiet et d'inquiétant, d'autant plus qu'il semblait toujours rivé sur un point unique. Dans les momens d'effusion, ce regard s'humectait d'une douceur de rêve, mais bientôt il redevenait hostile. Toute la manière d'être de Nietzsche avait cet air distant, ce dédain discret et voilé qui caractérise souvent les aristocrates de la pensée. Mme Salomé, qui juge l'homme avec une singulière pénétration, dit : "Ses yeux semblaient les gardiens de trésors muets. Leur regard était tourné au dedans ; ils reflétaient ses impressions intérieures ; regard toujours tourné au loin vers les régions inexplorées de l'âme humaine. Dans une conversation animée, ces yeux pouvaient avoir des éclairs saisissans, mais dans ses heures sombres, la solitude parlait à travers eux avec une expression lugubre, menaçante et comme de profondeurs inconnues".
Raconte encore : "Pendant les répétitions générales et les trois premières représentations de la tétralogie, Nietzsche parut triste et affaissé. Il souffrait déjà du commencement de ce mal cérébral qui devait l'accabler plus tard, mais il souffrait déjà d'une mélancolie profonde et inexprimée" (p. 782-783).
Adresse quelques compliments mais précise clairement : "Au cours de cette étude j'ai fait ressortir les extraordinaires qualités de Nietzsche, afin que l'on mesure la profondeur de sa chute à la hauteur de son esprit" (p. 805).
Lance : "C'est n'est pas impunément qu'on jette l'anathème aux maîtres auxquels on doit son initiation, et ce n'est pas impunément qu'on maudit ses dieux" avant de conclure sur un ton dramatique : "S'ils ne reculent pas devant ses conclusions, qu'ils apprennent du moins par son exemple où peuvent mener certaines pratiques intellectuelles" (p. 805).
SCHURE Edouard, "Nietzsche en France et la psychologie de l'athée", in Revue bleue tome 14, n˚1O, 8 septembre 1900, p. 289-295.
SCHURE Edouard, "Wagner intime d'après les souvenirs d'un disciple", in Revue bleue, tome 17, n˚21, 24 mai 1902, p. 647-651.
Sur les raisons de la querelle entre Wagner et Nietzsche (p. 650).
SCHURE Edouard, « Le théâtre de Gabriel d'Annunzio », in Revue bleue, tome II, n˚1, 2 juillet 1904, p. 1-5.
Texte d'une conférence faite sous les auspices de la Revue bleue le 22 juin 1904. Evoque les emprunts de D'Annunzio à Nietzsche (p. 2 et 4).
SCHURE Edouard, « Le théâtre de Gabriel d'Annunzio (suite et fin) », in Revue bleue, tome II, n˚2, 9 juillet 1904, p. 33-38.
Suite. Souligne à nouveau ce que D'Annunzio doit à Nietzsche (p. 35-36).
SCHURE Edouard, Précurseurs et révoltés, Paris, 1904.
Contient : « Nietzsche et le surhomme » et « Frédéric Nietzsche et sa philosophie ». (p. 127-182)
Réédition en 1913.
L'ouvrage en est à sa 15ème édition en 1926.
SCHURE Edouard, Précurseurs et révoltés, Paris, Perrin, 1913.
Réédition. Première édition en 1904.
SCHURE Edouard, "Le germanisme de Gobineau", in Revue bleue, 53, n°22, 13-20 novembre 1915, p. 554-560.
SCHURE Edouard, "Préface" in Emilie Sirieyx de Villiers, La faillite du surhomme et la psychologie de Nietzsche, Paris, Nilson, 1921, p. 9-35.
La préface a paru sous le titre "La faillite du surhomme" dans la Revue mondiale, vol. 134, n°5, 1er mars 1920, p. 29-39.