Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940
(Laure Verbaere et Donato Longo)
Nommé maître de conférence à l'Ecole normale supérieure en 1886, il est secrétaire puis directeur de la Revue des Deux Mondes à partir de 1893. Il est essentiellement l'auteur d'ouvrages de critique littéraire et particulièrement de neuf volumes d'Etudes critiques sur l'histoire de la littérature française ; cf. par exemple Victor Giraud, "L'évolution de Brunetière", in Revue des Deux Mondes, tome XXXVIII, 15 mars 1937, p. 446-457.
A lire: Gilles Boulard, "Idéal classique et Affaire Dreyfus: l'invariant anti-individualiste de F. Brunetière", in Mots, 1998.
Ferdinand Brunetière, notices sur les auteurs de la Revue des Deux Mondes, in Flaubert, Revue critique et génétique, 9, 2013.
Voir aussi: Traces orales
BRUNETIERE Ferdinand, L'évolution de la poésie lyrique en France au XIXe siècle, Paris, Hachette, 1894, 2 vol. in-16.
Contient des leçons professées à la Sorbonne. Au cours de la quinzième leçon consacrée au symbolisme, le 13 mai 1893, étudie Le Cas Wagner de Frédéric Nietzsche (p. 240-242).
Se défend de parler de l'Or du Rhin ou de la Valkirie en reconnaissant qu'il en est incapable. Ajoute : "Mais, en dehors de toute préoccupation d'ordre proprement musical, quand j'interroge, quand je consulte, quand je cherche autour de moi les raisons de la popularité de Wagner, je ne puis pas ne pas être frappé de ce que j'entends dire ou de ce que je lis" (p. 240).
Suit un extrait du Cas Wagner : "(...) l'art de Wagner est malade. (...) Wagner est une névrose (...) Wagner est l'artiste moderne par excellence, le Cagliostro de la modernité. En son art se trouve mélangé de la manière la plus séductrice, ce qui est aujourd'hui nécessaire au monde entier, - les trois stimulants des épuisés, la Brutalité, l'Artifice et la Candeur (l'idiotie)" (p. 240-241).
Brunetière commente : "C'est le philosophe à la mode, c'est Frédéric Nietzsche, - névropathe lui-même, Wagnérien forcené jadis, - qui s'exprime ainsi dans sa curieuse brochure : le Cas Wagner (...)" (p. 241). Qualifie Nietzsche d'"ancien admirateur, - ou, si j'ose dire, d'un renégat du wagnérisme" (p. 241). ([13])
Ibid., 2ème édition, 1895.
Ibid., 3ème édition, 1899.
BRUNETIERE Ferdinand, La renaissance de l'idéalisme, Paris, Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1896.
Texte d'une conférence faite le dimanche 2 février 1896 au Kursaal-Cirque de Besançon.
A propos de la musique, cite Le Cas Wagner de Nietzsche (p. 64).
BRUNETIERE Ferdinand, "Après le procès", in Revue des Deux Mondes, tome 146, 15 mars 1898, p. 428-446.
Au moment de définir l'"intellectuel", Brunetière prévient : "Je ne parle pas des romantiques attardés, disciples de Renan, de Flaubert, et de Nietzsche (...)" (p. 442). Sous prétexte de "méthode scientifique", d'"aristocratie de l'intelligence", de "respect de la vérité", l'intellectuel est en fait un individualiste, "(...) et le véritable intellectuel ne sait rien faire comme personne. C'est le "superhomme", de Nietzsche, ou encore "l'ennemi des lois", qui n'est point fair pour elles, mais pour se mettre au-dessus d'elles" (p. 445).
BRUNETIERE Ferdinand, Cinq lettres sur Ernest Renan, Paris, Perrin, 1904.
Admet que la théorie du surhomme est d'origine nietzschéenne mais souligne que nul « avant Nietzsche n'a donné de la théorie du surhomme une expression plus complète, plus cynique, (...), plus ingénue que Renan particulièrement dans ses Dialogues philosophiques. » (p. 72)
Cette référence est citée d'après la thèse de Maurice Gasnier, La destinée posthume de Renan de 1892 à 1923. Essai sur une réception idéologique, Brest, 1988, p. 202.