Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940

(Laure Verbaere et Donato Longo)

 

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Gabriel Monod

(1844-1912)


Historien français, Gabriel Monod a connu Nietzsche personnellement. Il joue un rôle dans l'introduction de Nietzsche en France, notamment parce qu'on suppose qu'il est l'auteur de trois comptes rendus anonymes publiés dans la Revue critique (voir publications 1869-1891).

Lire ses lettres à la Marquise Arconati-Visconti, surnommée la marquise rouge.


MONOD Gabriel, « Le jubilé des Niebelungen. Bayreuth il y a vingt ans », in Cosmopolis, t. 1, n°2, février 1896, p. 471-493.

Raconte le séjour de Nietzsche à Bayreuth en 1876 et donne sa version de la brouille avec Wagner (p. 480-482).

 

MONOD Gabriel, « A travers l’Allemagne », in Cosmopolis, T. 4, n°11, novembre 1896, p. 459-476.

Evoque  et justifie le "prestige" de Bayreuth et "l’incroyable réputation de Nietzsche en France" (p. 476).

 

MONOD Gabriel, « Quelques opinions sur l’œuvre de H. Taine », in Revue Blanche, 15 août 1897, p. 275-279.

Réponse à l'enquête lancée par Léon Bélugou.

Note qu'on ne doit « pas oublier la puissance du talent littéraire à faire vivre et agir les idées. Schopenhauer et Nietzsche ont dû à leur talent littéraire de faire figure de philosophes. » (p. 276)

Pose: "L’action durable des grands écrivains provient plus de l’esprit qui anime leurs œuvres que du détail de leurs doctrines. Ils jettent dans l’air quelques idées qui fructifient et agissent même quand on ne les lit plus ou que du moins on ne croit plus à eux ; ils impriment à l’intelligence humaine une direction qui se fait sentir même chez ceux qui n’ont jamais ouvert un de leurs livres. (…) En un mot, les grands philosophes créent une atmosphère intellectuelle à leur générations et aux générations qui les suivent ou, si vous le préférez, systématisent les tendances intellectuelles de leur temps. Leur système ne leur survit guère dans ce qu’il a de personnel et de spécifique ; mais les tendances intellectuelles dont ils ont été les plus éminents représentants et qu’ils ont contribué à développer se propagent à l’infini. Comment discerner ce qui leur appartient en propre?"

 

MONOD Gabriel,  Portraits et souvenir, Paris, Calmann Lévy, 1897.

Contient quelques pages sur Nietzsche lors de l'évocation du festival de Bayreuth de 1876. Note que "(...) le séjour à Bayreuth fut pour lui l'occasion d'une crise morale" (p. 284). Raconte : "Sans attendre la fin des représentations, malade et troublé, il s'enfuit dans les montagnes. Ceux qui l'ont approché alors, qui ont contemplé ce visage singulier et puissant, aux yeux fulgurants, avec une chevelure de poète et une grosse moustache d'officier de cavalerie, garderont de lui un ineffaçable souvenir" (p. 287).

Au sujet du conflit entre Nietzsche et Wagner, rectifie : "Quelques personnes ont cru que le revirement d'idées [de] Nietzsche (...) était dû à une blessure d'amour propre, parce que Wagner, au milieu de l'agitation de ce mois d'août 1876, n'avait pas montré à son plus éminent disciple tous les égards et toute l'attention que celui-ci attendait. Le divorce entre Nietzsche et Wagner eut des causes plus profondes et plus élevées".

 

MONOD Gabriel, « Souvenirs sur Nietzsche », in La Grande Revue, 1907.