Gabriel Trarieux (1870-1940)


Homme de lettres français


TRARIEUX Gabriel, "Effigies", in La Revue, t. 9, 1er février 1909, p. 314-319.

Série de sonnets, sur Marc Aurèle, Tolstoï, Ibsen, Zola, Renan, Guyau... Sur Nietzsche (p. 315).

 

Tu vécus tes jours brefs en face des monts chastes

Que le soir violent vêt de pourpre et de faste,

Et ta pensée immense et tragique, ô Passant,

Imita leur contour, et leur ombre, et leur sang.

 

Dans l’univers sans Dieu, sans étoile, implacable,

Tu perçus, frémissant, cet invisible câble:

Le Retour Eternel, et, Surhomme indompté,

Tu voulus bien souffrir pendant l’éternité!

 

Front ceint de fleurs parmi les fronts couverts de cendre,

Ta devise, Antéchrist farouche d’un dieu tendre,

Fut: « Soyez durs! ceux qui sont durs sont les seuls forts! »

 

Puis, ayant fait ton œuvre, et vengé Prométhée,

O Titan, comme lui vaincu, d’un siècle athée,

Tu es entré vivant dans l’horreur de la mort...