Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)
Gustave Belot est un ancien élève de l'Ecole normale de la promotion 1878, en même temps que Bergson. Il est professeur de philosophie au lycée Louis-le-Grand (1908).
BELOT Gustave, « Les principes de la morale positiviste et la conscience contemporaine », in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 56, n˚12, décembre 1903, p. 561-591.
Oppose nommément Comte et Nietzsche (p. 565, 566 et 576). Remarque d'abord : « Autant Nietzsche, l'immoraliste à la mode, a d'aversion pour tout dogmatisme, de défiance à l'égard de ses propres enthousiasme, au point d'arriver à se renier de peur de se fixer, autant Comte, le moraliste trop négligé, poursuit avec sérénité la ligne absolument droite de ses déductions et se complaît dans l'immutabilité de ses décisions imperturbables. » Se demande, « à tout prendre », pourquoi la volonté de Nietzsche serait plus digne de ce nom que celle de Comte (p. 565). Estime : « L'individualisme d'un Stirner ou d'un Nietzsche pour éviter l'asservissement de l'homme aboutit à l'anomie individuelle et à l'anarchie sociale. » (p. 566) Oppose l'attention accordée à l'individualité chez Comte et chez Nietzsche (p. 576).
BELOT Gustave, « En quête d'une morale positive », in Revue de métaphysique et de morale, tome XIV, n˚2, mars 1906, p. 165-195.
Pose la question : « Comment la conscience individuelle jugeant d'une manière autonome, peut-elle légitimement prononcer, sans consulter la conscience collective existante, et même finalement contre elle? » (p. 186) Constate que le relativisme exclut de trouver une solution dogmatique à ce problème et conclut : « Mais le relativisme nous permet aussi d'approximer la solution, en nous souvenant que toute vérité offre un double aspect, et que les antinomies ne résultent ordinairement que de ce qu'on sépare et de ce qu'on réalise par abstraction des conditions ou des éléments qui sont unis dans le réel. Si, à la limite, l'autonomie du jugement nous plonge dans l'immoralisme nietzschéen, si, à la limite, une sociologie réaliste et mécaniste nous réduit à une négation inverse de toute conscience et de toute morale, n'est-ce pas parce qu'on a indûment séparé la rationalité et la socialité, parce qu'on a conçu une volonté autonome sans finalité. » Là, ajoute une note : « C'est bien la doctrine de Nietzsche. Justifier une cause, c'est du dogmatisme, de « l'esprit de lourdeur ». « C'est la bonne guerre qui a justifié toute cause. » Elle ne se justifie que par la joie absolue qu'elle donne au sage. Il faut « désapprendre le pour, le à cause de. » Zarathoustra, trad. fr., p. 356, 297, 453. » (p. 187)
BELOT Gustave, « Esquisse d'une morale positive », in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 61, n˚4, avril 1906, p. 378-390.
Dans le cours de sa réflexion, écarte le cas de Nietzsche d'une phrase : « L'individualisme de la sensibilité (hédonisme) ou de la volonté (Nietzsche) se placent en dehors des conditions de la réalité et ne sont que des moyens d'analyse ou des chimères poétiques. » (p. 386-387)
BELOT Gustave, Etudes de morale positive, Paris, Alcan,
1907.
Introduction: « Presque partout, là du moins où, non contente des formules traditionnelles et des dogmes du catéchisme, elle aspire à se comprendre et à se réfléchir elle-même, dans les livres
des purs philosophes ou dans l'enseignement des professeurs, c'est d'ordinaire à une doctrine métaphysique qu'elle s'arrête.
Mais on peut dire que la pensée contemporaine et presque la conscience publique elle-même sont aujourd'hui en quête d'une morale positive, et qu'un effort s'y produit dans ce sens, comparable, et
sans doute connexe, au travail de laïcisation qui se poursuit, surtout en France, depuis quelques décades. Les entreprises mêmes qui au premier abord semblent purement destructives, comme
l'immoralisme d'un Nietzsche, et qui reflètent en partie, en partie stimulent la conscience commune, ne sont peut-être en réalité que les symptômes les plus
aigus et les plus révolutionnaires de ce besoin moral. Car une morale plus positive, nous le verrons, sera une morale plus autonome, et l'immoralisme n'est guère au fond qu'une affirmation à la
fois intempérante et indéterminée d'autonomie. » (p. 1-2) Présences de Nietzsche tout au cours de l'ouvrage.
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BELOT Gustave, "La guerre et l'enseignement secondaire", in Revue bleue, 53, 1915, p. 174-179.
Sur la manière dont Nietzsche fut reçu dans l'enseignement secondaire comme un rêveur. Malheureusement, l'expérience a montré que ce n'était pas seulement de vaines formules (p. 175). Extrait de la conférences prononcée le 26 mars 1915, sous la présidence d'Ernest Lavisse
BELOT Gustave, "La guerre et l'enseignement secondaire", in La guerre et la vie de demain, conférences de l'Alliance d'hygiène sociale 1914-1916, Paris, Alcan, 1916, p. 259-304.
Texte de la conférences prononcée le 26 mars 1915, sous la présidence d'Ernest Lavisse. Sur la manière dont Nietzsche fut reçu dans l'enseignement secondaire comme un rêveur. Malheureusement, l'expérience a montré que ce n'était pas seulement de vaines formules (p. 292)