Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940

(Laure Verbaere et Donato Longo)

 

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Jean Cocteau (1889-1963)


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Dans la revue Le Mot du 1er juin 1915, Jean Cocteau publie deux dessins avec une citation de Nietzsche:

 

COCTEAU Jean, Le Coq et l'Arlequin, Paris, Editions de la sirène, 1918.

Evoque les jugements de Nietzsche sur Wagner et sur Carmen. Note: "Relisons LE CAS WAGNER de Nietzsche. Jamais des choses plus légères et plus profondes n'ont été dites. Quand Nietzsche loue Carmen, il loue la franchise que notre génération cherche au musichall. Il est regrettable qu'il oppose à Wagner une œuvre artiste et inférieure à l'œuvre de Wagner sur le plan artiste" (p. 29). Et: "Nietzsche redoutait certains « et » : Goethe et Schiller par exemple, ou Schiller et Goethe, pire encore. Que dirait-il de voir répandu le culte Nietzsche et Wagner... Wagner et Nietzsche plutôt!" (p. 30)

Voir le compte-rendu de Paul Souday dans Le Temps du 4 mai 1919.

 

cocteau wagner et Nietzsche

COCTEAU Jean, Le Secret professionnel, Paris, Stock, 1922. [L.V.]

Note: "A côté du livre de Mme de La Fayette, le monde des meilleurs romans devient du demi-monde.

De même, dans l’ordre intellectuel : Ecce Homo de Nietzsche donne l'air bête à tout livre dont on l’approche.

Cependant, pour qui sait lire, les naïvetés qu’il renferme sont la preuve d’une aristocratie de solitude. Rien de plus naïf que les princes. Tout les étonne.

Nietzsche écrit dans Ecce Homo: « La France qui possède des psychologues comme Mme Gyp, Guy de Maupassant, Jules Lemaître ».

Jules Lemaître était très bon pour moi. Un jour que je lui citais la phrase et que je m’étonnais de cette nomenclature hétéroclite: « Mais, mon enfant, me dit-il, Nietzsche parle de ce qu’on trouve à la gare de Sils-Maria ». Ce joli mot éclaire les dangers de la solitude.

Je ne me compare à aucun des princes de la terre et je ne cite ces grands noms qu’à titre d’exemple. Mais la solitude est la solitude." (p. 14)

Et: "Ce que l’homme appelle génie, comporte rarement l’intelligence. Or, selon moi, l’intelligence ne gâte rien. Stendhal, Nietzsche sont le type de génies intelligents. Certes, Zarathoustra est souvent un vieux guide, devenu phraseur à force de solitude dans les Alpes. Son diamant n’en raie pas moins toute chose. Nietzsche dénonçait, voyait tout, prévoyait tout. Il sentait venir le pessimisme dyonisien. Nous y sommes". (p. 34)

Et: "Ainsi, lorsque je me dis parisien, au lieu de surparisien, ne s’agit-il pas de boulevard, de coulisses, de camelot, ni de camelote. Simplement, je me localise. J’y trouve une chance, comme le vrai nègre trouve une chance d’être nègre, le vrai juif d’être juif, le vrai allemand d’être allemand. J’ajoute que deux vrais allemands (malgré ce qu’ils disent) Nietzsche et Heine, mirent Paris au-dessus de toute capitale. Il y a de quoi me tourner la tête cinq minutes". (p. 35-36)