Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940
(Laure Verbaere et Donato Longo)
Jean Moréas est le pseudonyme de Jean Papadiamontopoulos, poète grec d'expression française. Après des études de droit en Allemagne, il s'installe en France 1878 et se mêle au milieu des poètes décadents. En 1886, il participe à la création de la revue le Symboliste et publie dans le Figaro de septembre 1891 un « Manifeste du symbolisme ». En 1891, il fonde l'Ecole romane.
MOREAS Jean, "Le Pour et le Contre", in Gazette de France, 6 février 1905, p. 1.
Pensées autour de Nietzsche. Précise d'emblée: "Nietzsche est un médecin dont il faut se garder. Cependant, ne rejetons pas entièrement ses drogues ; prenons-en pendant qu’elles guérissent encore."
MOREAS Jean, "Le Pour et le Contre", in Gazette de France, 3 avril 1905, p. 1-2.
Réflexions sur Nietzsche, L'origine de la tragédie (p. 1)
MOREAS Jean, "Nietzsche et la poésie", in Revue littéraire de Paris et de Champagne, t. 1, n°34, janvier 1906, pages 1-3.
Extrait de Jean Moréas, Paysages et sentiments, noté à paraître (Sansot, Paris).
MOREAS Jean, Paysages et sentiments, Paris, Sansot, 1906.
Contient "Nietzsche et la poésie".
MOREAS Jean, "Une physiologie de l'Art (Notes et extraits)", in Gazette de France, 30 juillet 1906, p. 1-2.
Extraits de Nietzsche, La volonté de puissance, tome 2, avec des remarques.
Introduction: "Ce fut une mode à Paris de raffoler de Nietzsche ; et l’on me dit que, depuis un instant, la mode est de le trouver insupportable. Je veux faire à ma mode, en vous parlant de lui. D’ailleurs Nietzsche est substantifique avec son air bourru. Et il est aussi comme cette gentille Bettina, l’amoureuse de Goethe : il aime mieux danser que marcher, et il aime mieux voler que danser. Il n’est pas toujours léger, cependant. Enfin, tout cela est plein de curiosité, et très amusant. Si j’avais une édition des ouvrages de Nietzsche, en petits volumes portatifs, j’en mettrais un ou deux dans ma poche, lorsque je vais me promener dans la vallée de Versailles, ou sur les chemins de traverse, entre Berny et Antony. Je les feuilletterais, doucement, assis sur une pierre, devant un enclos de poiriers, ou bien sous la banne de l’auberge, en écoutant tomber la pluie." (p. 1)
MOREAS Jean, "Voltaire et la Tragédie", in Les Cahiers de l'Université Populaire, t. 2, n°23, novembre 1907, p. 1025-1032.
Nietzsche outrait à peine lorsqu'il écrivait : « Voltaire fut le dernier des grands poètes dramatiques qui entrava par la mesure grecque son âme aux mille formes, née même pour les plus grands orages tragiques, — il pouvait ce qu'aucun Allemand ne pouvait encore, parce que la nature du Français est beaucoup plus pareille de la grecque que la nature de l'Allemand; - de même qu'il fut aussi le dernier grand écrivain qui, dans le maniement de la langue de la prose, eut l'oreille d'un Grec, la conscience d'artiste d'un Grec, la simplicité et l'agrément d'un Grec..» (p. 1031-1032)
Conclut: "C'est encore Nietsche (sic) qui fait observer que si Sophocle est parvenu à tant de noblesse, de grâce et de mesure, c'est qu'il ne craignait pas de mettre de l'eau dans son vin.
Oui, Nietzsche a raison : que celui qui le peut fasse de même, comme homme et comme artiste !" (p. 1032)
MOREAS Jean, Esquisses et souvenirs, Paris, Société du Mercure de France, 1908.
Contient " Nietzsche et la poésie ". (p. 111-115) déjà publié en 1906.
MOREAS Jean, "Autour de la Tragédie", in Vers et prose, tome 14, juin-août 1908, p. 5-12.
S'intéressant au retour de la tragédie en tant que genre difficile, étudie plusieurs livres et particulièrement "le travail de Nietzsche sur l'Origine de la tragédie", "peut-être un chaos d'idées et d'images ; mais un chaos débrouillable, et même susceptible de nous tirer après tout d'une certaine confusion." (p. 9) Rappelle que Nietzsche "jugea plus tard sévèrement ce livre de jeunesse" (p. 9) et qu'il regrettait de ne pas avoir rompu franchement avec les idées chères à Schopenhauer (p. 11). Conclut : "Mais le plus amer regret de Nietzsche fut d'avoir été par moment, dans son livre de l'Origine de la tragédie, le jouet des fantasmagories modernes ; par exemple, de cette musique wagnérienne, qu'il commença par admirer et qu'il finit par attaquer dans un écrit d'une cruauté terriblement clairvoyante." (p. 11)
MOREAS Jean, Variations sur la vie et les livres, Paris, Société du Mercure de France, 1910.
Contient un passage intitulé " Sur Nietzsche ". (p. 176)