"En France, (…) l’influence de Nietzsche est sensible chez nombre d’écrivains, tout particulièrement chez M. Maurice Barrès, qui, d’ailleurs, - je le tiens de lui-même, - n’a connu le philosophe allemand qu’indirectement, de seconde main, si l’on peut dire. Il n’avait pas lu une seule ligne de Nietzsche quand parut l’Homme libre. Ce roman ne se rattache donc pas historiquement à Nietzsche. Mais il n’en appartient pas moins à la même lignée philosophique." (Maurice Muret, 1902)
Voir aussi Léon Delfour, "Nietzsche et Barrès", in L'Univers, 18 avril 1908, p. 2-3.
En 1930, Maurice Barrès décrit sa lecture de Nietzsche en 1901: "Jeudi, 29 août 1901. —Je suis en train de lire Nietzsche ; il outrage mon état d'esprit (...)"
BARRES Maurice, "La querelle des nationalistes et des cosmopolites", in Le Figaro, 4 juillet 1892, p. 1.
Note: "Depuis trois mois, Nietsche, philosophe allemand qui n'a pas encore été traduit, peut compter sur les parfaites sympathies de la jeunesse qui lui ont été acquises dès qu'on a eu prononcé son nom".
Souligne : "(...) il se publie en Belgique un magazine : La Société nouvelle, [...] qui est bien le plus intéressant avec Nietzsche, Kropotkine, Emerson, Whitman, Gustave Kahn, Brouez, etc, de tous les recueils imprimés en langue française."
BARRES Maurice, "Enquête franco-allemande. I. Réponses françaises. M. Maurice Barrès", in Mercure de France, tome 14, n˚64, avril 1895, p. 7-8.
"Jamais l'échange des idées n'a été interrompu entre la France et l'Allemagne, qui l'une et l'autre ont su tirer de cette collaboration un bénéfice admirable. (...) N'est-ce pas chez nous que la pensée allemande reprenait contact avec la réalité?". Barrès cite Heine et poursuit : "Schopenhauer et, me dit-on, Nietzsche ont trouvé chez nous leurs ressources d'expressions" (p. 7-8).
BARRES Maurice (Préface) in Jean Lorrain, La petite classe, 1895.
Cite les femmes éprises de "Nietsche et Mallarmé“ (p. II).
BARRES Maurice, "Enquête sur l'influence allemande. M. Maurice Barrès", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 300-303. [13]
"Les grands Allemands, Goethe, Heine et (si vous voulez) Nietzsche, ont eu besoin de se soumettre à l'influence française" (p. 301).
BARRES Maurice, Les amitiés françaises. Notes sur l'acquisition par un petit Lorrain des sentiments qui donnent un prix à une vie, Paris, Félix Juven, 1903.
Nombreuses rééditions (1908, 1911, 1918, 1919, 1924, 1927) d'après le site Maurras.
Note: "[...] tout Wagner et tout Nietzsche et leur solide administration, qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse? Ce n'est pas la question de savoir où est la supériorité. Tout mon cœur est parti dans ma sixième année par la route de Mirecourt, avec les zouaves et les turcos qui grelottaient et qui mendiaient et de qui, trente jours avant, j'étais si sûr qu'ils allaient à la gloire" (p. 24).
BARRES Maurice, De Hegel aux cantines du Nord, Paris, Sansot, 1904.
Voir la note 6 (Max Stirner) rédigée par le secrétaire de Maurice Barrès, Eugène Nolent: "Précurseur du « Sur homme » il [Stirner] appelle son livre « le livre qu'on quitte monarque .» Mais l'individualisme doit chercher ailleurs que chez Stirner, l'expression raisonnable de sa doctrine; Nietzsche en Allemagne, un « Homme libre » et « l'Ennemi des lois en France », en sont, avec moins d'outrance, des expositions plus parfaites" (p. 85).
En 1915, ce rapprochement entre Nietzsche et Barrès est rappelé dans la presse, pour protester contre l'article de Barrès, "Nous élargirons notre Nationalisme".
BARRES Maurice, "Les Affinités Franco-Espagnoles", in L'Echo de Paris, 8 janvier 1915, p. 1.
Rappelle que contrairement à d'autres, il a résisté au "germanisme": "Il y a vingt ans, alors que mes camarades s'en allaient chez les Nietzsche et les Ibsen et prétendaient recevoir la lumière à travers les brouillards germaniques, je trouvais mes inspirations à Venise, à Tolède, à Cordoue. Parsifal, qui ne m'avait pas parlé dans une atmosphère de bière et de charcuterie sur la colline de Bayreuth, me fut révélé au Montserrat, en Catalogne, comme un épisode essentiel de la Reconquête."
BARRES Maurice, "Nous élargirons notre Nationalisme", in L'Echo de Paris, 20 avril 1915, p. 1.
Soutient: "Il est clair que certains ouvriers français, en adoptant le Marxisme, certains amateurs en se livrant aux rêves wagnériens, d'autres curieux en applaudissant les délires de Nietzsche ont trahi la cause de la France. Ils n’ont pas servi leur patrie. On devait prévoir qu’ils préparaient un milieu où l’on verrait plus aisément apparaître ce dont nous fûmes les témoins en août, Unser Gott, le Méphisto d’Outre-Rhin, Satan surgissant au milieu de ses bataillons barbares et disant : « Tu m’as livré ton âme. Je viens prendre possession de toi ». N’y avait-il pas droit? Il croyait bien avoir détourné les Français de leur source primitive (...)"
BARRES Maurice, "Nous élargirons notre nationalisme", in La Patience, 22 avril 1915, p. 8-10.
Reprise de l'article dans L'Echo de Paris du 20 avril: "Il est clair que certains ouvriers français, en adoptant le Marxisme, certains amateurs en se livrant aux rêves wagnériens, d'autres curieux en applaudissant les délires de Nietzsche ont trahi la cause de la France. Ils n’ont pas servi leur patrie. On devait prévoir qu’ils préparaient un milieu où l’on verrait plus aisément apparaître ce dont nous fûmes les témoins en août, Unser Gott, le Méphisto d’Outre-Rhin, Satan surgissant au milieu de ses bataillons barbares et disant : « Tu m’as livré ton âme. Je viens prendre possession de toi ». N’y avait-il pas droit? Il croyait bien avoir détourné les Français de leur source primitive (...)" (p. 10).
BARRES Maurice, L'âme française et la guerre, 4 L'amitié des tranchées, Paris, Emile-Paul Frères, 1916.
"Il est clair que certains ouvriers français, en adoptant le Marxisme, certains amateurs, en se livrant aux rêves wagnériens, d'autres curieux, en applaudissant les délires de Nietzsche, ont trahi la cause de la France. Ils n'ont pas servi leur Patrie" (p. 252).
A propos de l'engagement patriotique de Barrès pendant la guerre, lire par exemple Paul Souday: "On se souvient aussi de la phrase fantastique sur les admirateurs de Wagner et de Nietzsche qui ont « trahi la cause de la France ». (...) Barrès n'était certes pas de la première espèce alors pourquoi cette absurde et inutile xénophobie littéraire? Toute âme un peu bien située est patriote; mais en quoi le patriotisme est-il intéressé à nier des génies universellement humains, quoique nés hors de nos frontières? C'est le particularisme égotiste de Barrès qui l'égare." in Les livres du temps, deuxième série, Paris, Emile-Paul frères, 1930, p. 193-194.
BARRES Maurice, Autour de Jeanne d'Arc, Paris, Champion, 1916.
Note que "l'Allemagne s'enfonce dans une conception inhumaine et antichrétienne, dont Nietzsche est le plus récent prophète" (p. 58). Mêle Goethe, Hegelianisme, Marxisme, Wagnérisme, les doctrines de l'état-major et de Nietzsche (p. 59).
BARRES Maurice, Les diverses familles spirituelles de la France, Paris, Emile-Paul Frères, 1917.
Raconte comment un jeune instituteur change quand se déclare la guerre (p. 128-130).
BARRES Maurice, "Les Fils de Noé", in L'Echo de France, 2 avril 1919, p. 1. [L.V.]
A propos de Victor Hugo: "Ce n’est pas le lieu d’ouvrir un débat sur la valeur pratique des doctrines que le poète élaborait en n’écoutant que son âme. On ne pourrait s’en expliquer en quatre lignes. La tourmente où viennent de se perdre les fils de Tolstoï, ce Hugo du Nord, nous montre les limites d’une philosophie sociale qui, pour améliorer le dessus, lui substitue le dessous. Les Misérables et la Légende ne peuvent pas donner des lois à la société; elles peuvent
donner des conseils aux âmes éternellement tentées de s’endormir dans un terre à terre grossier. C’est bien qu’il y ait des chefs-d’œuvre qui se dressent pour nous dire de n’être pas inhumains, et j’ai horreur du « Soyons durs » de Nietzsche."
BARRES Maurice, "Nietzsche, Wagner et les dieux du Nord", in L'Echo de Paris, 8 novembre 1920, p. 1. [L.V.]
BARRES Maurice, "Quelles limites poser au Germanisme intellectuel?", in La Revue universelle, 15 janvier 1922, p. 146-167. [L.V.]
Note que ce serait "appauvrir l’Occident que de dénier toute valeur à des éléments de vie intellectuelle sous prétexte qu’ils comportent une part de danger. Ce danger, il faut se prémunir contre lui en s’efforçant d’ « isoler » les éléments utiles des éléments nocifs (1)." (p. 160)
Dans la note, indique qu'il vient de lire la biographie de Nietzsche par Daniel Halévy; se moque de Nietzsche puis conclut: "C'est un malheur qu'on nous ait raconté la vie de Frédéric Nietzsche, un malheur pour lui, un bonheur pour nous. Sa vie enlève toute autorité à son œuvre. Il faudrait que nous n’eussions de lui que ses chaussures au bas du volcan d’Empédocle et que l’on pût croire que son Dionysos l’a saisi à plein bras pour le jeter dans la fournaise. Nul mystère, hélas ! Si nous l’avons perdu, c’est d’un mal humain, trop humain. Le support physiologique de son œuvre est taré. Ce petit accident ne diminue pas le prestige de ses rythmes, ni son pathétique intérieur, mais il ruine sa prétention de dicter les tables de la nouvelle loi. Mettre au volant cet excité, confier la révision de toute la machine et la direction du char de l’humanité à un malheureux qui fait de la paralysie générale? J'aime mieux rester dans mon ornière. Un superbe poète lyrique, ce Nietzsche, et un excitateur de l’esprit! Mais pour ma part, j’avais trouvé ses thèses dans Stendhal, dans Renan et dans mon cœur d’enfant excédé par les grossièretés de l’internat et du quartier Latin. Seulement, ce que nous savons, il nous le dit avec une allure ! Il a du diable au corps ! C’est bien, mais il en a trop. Le diable a fini par en faire sa proie. Il portait le diable sur ses épaules, comme saint Christophe le Christ, ou comme jadis dans nos campagnes lorraines s’en allait le montreur de loup, portant la bête à califourchon sur son dos. A la fin toute son humanité avait disparu, et l’on ne vit plus qu’un gigantesque Lucifer fou d’orgueil. Un Lucifer, comme dans la Bible, ou un Odin, comme dans l’Edda? Entre la Bible et l'Edda, on hésite toujours, chez les Allemands." (p. 161).
BARRES Maurice, "Mes Cahiers (suite)", in Revue hebdomadaire, n°22, 31 mai 1930, p. 525-557. [L.V.]
Maurice Barrès décrit sa lecture de Nietzsche: "Jeudi, 29 août 1901. —Je suis en train de lire Nietzsche ; il outrage mon état d'esprit (...)". (p. 540-541)