Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940
(Laure Verbaere et Donato Longo)
MILLIOUD Maurice, "La formation de l'idéal", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 66, n°8, août 1908, p. 138-159.
Se demandant, ce que se passe en nous quand un idéal se forme et ce qui se passe quand il est formé, prend un exemple d'ordre littéraire : "Qu'est-ce donc qu'on faisait passer dans l'idéal romantique? Tout un ensemble de tendances, tumultueuses et comprimées, qui, de cette façon se traduisaient et, en se traduisant, se dépensaient et s'apaisaient. (...) Ce qui entre dans l'idéal en détermine la formation, ce sont les tendances refoulées, non celles qui se développent librement." Remarque : "C'est en pleine période d'industrialisme, de civilisation commerciale et de solidarisation croissante des intérêts matériels que Nietzsche a proclamé son ivresse de la solitude, son culte de la personnalité, son mépris de celui qui marche avec la caravane humaine." (p. 152)
MILLIOUD, "La propagation des idées", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 69, n°6, juin 1910, p. 580-600.
S'interrogeant sur ce qui fait la supériorité d'une idée sur une autre, évoque la possibilité "que ce qui nous paraît supérieur ce sont les idées de nos supérieurs" et remarque avant de poursuivre son raisonnement: "Nous aurions Nietzsche tout entier contre cette doctrine. Nietzsche, à la vérité, n'aurait pas eu tort d'apporter quelques preuves. Ses appréciations nous le découvrent et le font admirer plutôt qu'elles n'éclairent l'histoire. Il n'a rien compris à la formulation des hiérarchies sociales. Rendons-lui pourtant cette justice d'avouer que, des maîtres aux serviteurs, les idées scientifiques, politiques, esthétiques, morales, religieuses, diffèrent parfois entièrement." (p. 593)