Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940

(Laure Verbaere et Donato Longo)

 

(en savoir plus)

Roger Secrétain (1902-1982)


Journaliste, écrivain et homme politique français



SECRETAIN Roger, "L'esprit et le temps: responsabilité de Nietzsche" in Cahiers du Sud, février 1934, p. 153-158.

Des extraits paraissent dans L'homme nouveau en mai 1934.

 

SECRETAIN Roger, "La conscience malheureuse, par B. Fondane", in Cahiers du Sud, août-septembre 1936, p. 646-660.

 

SECRETAIN Roger, Destins du poète, Paris, Rieder, 1937.

Voir le chapitre 2: "Responsabilité de Nietzsche" (p. 27-38).

Voir le compte-rendu signé L'anagnoste dans La Dépêche du 13 juillet 1937: "On signalera notamment son chapitre sur la « responsabilité » de Nietzsche, où il procède d'une manière vigoureuse et concrète. Ce thème, qui a fourni à Paul Bourget la matière de son meilleur roman: Le Disciple, sort des mains de M. Secrétain embelli de vues

originales et fortes".

Voir aussi le compte-rendu de R. d'Etiveaud dans {Les livres dont on parle}, in La Vie Limousine, p. 190-192, qui note:

"C'est devenu un lieu commun que de déplorer le déclassement de valeurs qui caractérise notre époque. Mais si la diatribe est fréquente, à ce sujet, le jugement motivé, tenant compte de toutes les contingences comme des impondérables, est plus rare que jamais. Les époques tumultueuses sont fécondes en prophètes et en vaticinateurs. Elles sont pauvres en esprits synthétiques et clairs, pourvus, à la fois, de l'érudition indispensable, de la puissance de raisonnement, de la sensibilité nécessaire, et, enfin, de ces dons d'expression, de ce style efficace et dynamique sans lequel les méditations les plus fructueuses ne peuvent être communiquées à autrui.

M. Roger Secretain a obtenu le prix Blumenthal en 1936 pour son magistral essai Destins du Poète.

(...)

Les deux premiers chapitres : Le temps de l'inquiétude et Responsabilité de Nietzsche, constituent un admirable inventaire spirituel et moral de notre temps. (...)

Responsabilité de Nietzsche

Où est la crise ? - En nous, dit le moraliste. - Autour de nous, dit le sociologue. Et ils ont raison tous les deux.

L'idée de révolution et de régénération sociale a créé un nouveau romantisme et des poncifs dépassés à chaque instant par la marée montante des événements et des idées.

Force nous est d'inculper nos maîtres: ceux qui nous ont fait ce que nous sommes. Nietzsche mérite de s'asseoir à la première place, au banc des accusés.

C'est lui qui nous a privés de tous nos dieux et qui nous a enlevé tous nos espoirs. Il a répudié la vertu et discrédité la logique. Ce singulier martyr a privé les hommes de leur tranquillité. Il les a brouillés avec la vie sous prétexte de les rendre dignes d'elle.

Il s'est adressé aux forts, mais son message n'en a pas moins atteint les chétifs, à leur grand dommage.

Il les a menés dans un désert dont il avait préalablement chassé tous les mythes. Il les a privés des bienfaits du mensonge qui, naguère, assurait leur équilibre quotidien.

Le rythme de notre époque ? C'est le rythme créateur et dévastateur de Dionysos. Mais le monde, habitué à la morale chrétienne et à ses promesses consolantes, en reste tremblant. Il claque des dents devant le déterminisme. Miné par la critique nietzschéenne génératrice de doute et de révolte, il gémit sur la perte de sa sécurité.

Le vertige destructeur de Nietzsche est le plus parfait symbole de notre temps." (p. 191-192)

 

SECRETAIN Roger, "A Sils-Maria", in Les Nouvelles littéraires, 17 septembre 1938, p. 8.