Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940
(Laure Verbaere et Donato Longo)
Prêtre, il sort des ordres en 1897 et entreprend une série de conférences anticléricales. Il fonde le journal La Raison en 1901 puis devient directeur de l'Action avec Henry Bérenger. Il s'en sépare en 1904.
Voir son essai, La Volonté de vivre. Aussi: Traces orales.
CHARBONNEL Victor, "La renaissance du paganisme", in Akademos, tome 1, 15 janvier 1909, p. 26-33.
Recherche les causes de la renaissance du paganisme qu'il constate. Evoque le rôle du positivisme et de Renan et ajoute : "Enfin, la philosophie de Nietzsche a singulièrement contribué à systématiser les tendances que les oeuvres précédentes avaient flattées et entretenues ; elle a répandu, plus que toute autre, le mépris des morales anciennes." (p. 28) Constate que certains ont objecté à Nietzsche : "Admettons que vos prémisses soient justes et que vous ayez raison de faire table rase des morales anciennes! Ne comprenez-vous point que votre système n'est qu'un encouragement à l'orgueil des médiocres, autorisés par vous à se croire capables d'atteindre à l'idéal du surhomme?..." (p. 29) Remarque pour sa part : "A supposer que la lecture des écrits du philosophe allemand fasse naître chez quelques impuissants des illusions grandioses qui les mèneront aux déceptions les plus cruelles, faudra-t-il s'en plaindre à l'excès?... Tôt ou tard, mécaniquement, le triage s'opérera entre les dégénérés et les forts." (p. 29)
Loue Nietzsche "d'avoir sapé, en même temps que le morne pessimisme de Schopenhauer, la Raison pratique de Kant, ce docteur officiel de l'Eglise laïques, dont l'influence est encore prépondérante dans l'Enseignement où trop d'esprits, soi-disant affranchis de tout préjugé, adhèrent à cet étroit dogmatisme." (p. 30)
Considère qu'en somme, "ce qui importe, c'est bien moins d'assurer le pâturage au troupeau confus, que de mettre en lumière les fronts olympiens!" S'en félicite en remarquant : "Et seuls protesteront les utopistes pour qui la fraternité attendrie est un besoin et l'égalité absolue, un dogme! Seuls se récrieront ceux qui se plaisent à être éternellement dupes ou qui se sentent comprimés dans les lisières de leur incurable médiocrité!" (p. 31)